jeudi 27 octobre 2011

ba-da-bing (2)

tout de suite, la suite de ce feuilleton passionnant :
Ah oui, c'est vrai : je terminai ma dernière note par un suspens inouï : ça n'allait pas tarder à tourner à plein régime. Bon dieu, quelle phrase !! quelle accroche !! Digne de la fin d'un épisode de la première saison de 24, insoutenable quoi.
Oui donc je parlais de la collaboration entre Friese-Greene et Hollis et laissais entendre que le génie entre eux n'allait pas tarder à entrer par la grande porte. Si le talent de Talk Talk était indéniable ( il en faut je trouve pour pondre un titre aussi accrocheur que such a shame), on n'aurait peut-être pas parier un kopeck sur le génie de ce groupe.
41R0XAVNT3L._SS500_.jpgEt pourtant... Quand sort en 86 l'album the colour of spring, il n'est question que de cela. Voyons le d'abord  comme un album de transition : l'abandon pur et simple de la ritournelle électro pop au profit d'une véritable instrumentation organique, du commencement d'une recherche, d'une expérimentation digne d'un Robert Wyatt, d'un largage d'amarre pour dériver là où bon lui semble en en ayant rien à foutre de ce que pensent les autres. Transition encore dans la façon d'aborder la pop, l'écriture des chansons, la production : Le groupe ne pense pas en single comme l'espérait la maison de disque de l'époque (EMI qui n'a d'ailleurs jamais rien compris au groupe, n'y voyant qu'une vache à lait de plus alors qu'ils avaient de l'or en barre sous la main) mais en terme d'album d'où des morceaux longs (6 morceaux sur les 8 font plus de 5 mns), complexes, faisant appel à certains musiciens de renom comme Steve Winwood, accentuant le décalage entre leur image de groupe propret et ce qu'ils sont réellement. Ajoutez à cela le rôle grandissant de Tim Friese-Greene qui non seulement produit l'album, joue tout ce qui est orgues, piano, variophone mais co-écrit également tous les morceaux, devient le véritable alter-ego de Hollis, celui qui le comprend et qui va influer sur le destin du groupe. Cest aussi le moment où Talk Talk décide d'arrêter de donner des concerts, où le groupe ne se consacrera plus qu'au travail studio mettant EMI dans l'embarras : comment faire de la pub, récupérer du fric sur un groupe qui ne se produit plus sur scène ? Tout cela donne un album magnifique, débarrassé du superflu, trouvant le succès accidentellement. Album de transition avant le naufrage (disons plutôt le suicide) commercial que sera spirit of eden. Pourtant pour qui connaît cet album, il montre bien, sur plusieurs morceaux, la direction que prendra le groupe 2 ans plus tard : april 5th ou chameleon days réduisent l'instrumentation  à sa plus simple expression (voix, orgues, un dobro), tout en ambiance, en grâce fragile. Si le succès est au rendez-vous avec life's what you make it ou encore living in another world c'est par le plus pur des hasards car l'écriture de Hollis/Greene se fout royalement des canons de la pop et ses inspirations n'ont rien à voir avec l'époque et les groupes qu'il côtoit comme Frankie Goes To Hollywood, Kajagoogoo, lui se situerait plutôt du côté des auteurs classiques comme Debussy ou le jazz de Gillespie. La production de cet album délaisse aussi complétement les canons de l'époque: pour eux les synthés sont morts, vive les véritables instruments !! Rien ne pourrait être pire pour eux que de coller au son de leur époque, Talk Talk ne veut plus être associé aux années 80 et s'emploie (remarquablement d'ailleurs) à devenir intemporel. En utilisant d'un côté des intruments classiques comme le piano ou la guitare acoustique mais en utilisant d'autres instruments plus surprenants pour leur époque : un mellotron, un variaphone, des choeurs d'enfant ou le Ambrosia Choir. Avec tous ces handicaps Talk Talk arrive à vendre plus de 2 millions d'albums à travers le monde et offre à ses auditeurs un album d'une richesse incroyable tant au niveau mélodique, que du son. Leur premier chef-d'oeuvre était sorti et deux autres allaient suivre...

3 commentaires:

  1. Salaud, tu m'as devancé!

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  2. l'avantage Mr AnonymEsther, c'est que je les ai déjà faites les notes. Deux ans, c'est suffisamment long pour que personne ne se souvienne d'elles :)

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  3. M'en fous, je vais quand même faire un truc sur le Mark Hollis, et sur le nouveau Tom Waits.

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