l'avant-dernier épisode de ce feuilleton arrive à grand pas. Mark Hollis va-t-il gagner contre les méchants ? Talk Talk se sortira-t-il de ce mauvais pas ? Toutes ces interrogations trouveront une réponse ci-dessous. Alors...chut.....lisez et tremblez :
Comme vous avez pu le remarquer, j'utilise pour pseudo myrrhman.
Mais, vous demanderez vous à juste titre, d'où vient ce nom sublime ?
Ce nom, marque de mon bon goût absolu, vient du premier morceau de
laughing stock de Talk Talk. Album que je porte très haut dans mon
estime, aussi haut que le spirit of eden bien sur. Or donc nous y voilà :
il va falloir que je termine ma chronique sur Talk talk avec cet album
merveilleux qu'est laughing stock. Comment vais-je pouvoir m'y prendre
pour rendre justice à cette pierre angulaire qu'est devenu cet album ?
Je
crois que je vais faire comme pour ma précédente note et parler de
l'histoire plutôt tragique qui entoure cet album devenu légendaire.
Allez, en gros, on prend les mêmes, à savoir Hollis, Phil Brown
(producteur), Friese-Greene et Apsden (manager), les mêmes lieux
(Wessex, à Londres), 7 mois d'obscurité, on fait mijoter tout ce beau
monde ensemble et on obtient des dépressions, des mariages détruits et
des abandons et à l'occasion un album unique. La communion entre
Friese-Greene et Hollis est à son paroxysme, seuls eux savent exactement
le son qu'ils veulent produire, les notes qu'ils jouent, les musiciens
extérieurs commencent à les énerver, ne sachant pas exactement ce qu'ils
devaient faire. TalkTalk pendant ces sessions ne se résumait plus qu' à
Hollis et Friese-Greene jouant quasiment tous les instruments. Voici ce
qu'en dit Friese-Greene : "Si vous voulez résumez TT, les premières
minutes de Laughing stock expose ce vers quoi nous tendions.
Mark et moi commencions à nous impatienter avec les [musiciens]
extérieurs, c'était démoralisant. Alors soit on l'écrivait, soit on le
jouait nous-même parce qu'on ne pouvait pas se tromper. On a joué sur
des tas d'instruments qui ne nous étaient pas familiers, jouant dans la
mauvaise clé, commençant au mauvais moment mais à tous les coups,
c'était les meilleures prises. Cet album s'est construit sur des choses
impossibles à reproduire." L'album laissera des traces indélébiles sur
tous les participants : Paul Webb n'a plus joué de basse avant plusieurs
années, Phil Brown et Lee Harris ont du suivre une psychothérapie de
plus d'un an. Le pire dans cette histoire a été la relation entre
Friese-Greene et Hollis: la fusion tout au long de l'enregistrement
puisà la fin de celui-ci chacun est parti de son côté en se serrant la
main et plus rien, fin de Talk Talk. Les deux ne se sont quasiment plus
revus depuis cette poignée de mains. Conscients l'un comme l'autre
d'être parvenus au bout d'un processus créatif de longue haleine, hors
du commun, de n'avoir plus rien à faire ensemble par la suite. La fin du
groupe au plus haut de sa création.
Voici
ce que j'en disais sur X-silence il y a 4 ans : Ceux qui connaissent
Talk Talk par l'entremise de "It's My Life" ou "Such A Shame" vous
diront que c'est de la bouse. Infâme. Ils n'ont pas tort.
Ceux qui
les connaissent par "Spirit Of Eden" et "Laughing Stock" vous diront que
c'est peut-être l'un des plus grands groupes qui fût en activité au
début des années 90. Sublime. Ils ont tout à fait raison.
Comme tous
les grands albums, celui-ci ne comporte que 6 titres, fait à peine plus
de 40 minutes et se trouve être une véritable pierre angulaire du rock
des années 90. Sans "Laughing Stock", pas de Labradford, ni de Bark
Psychosis et encore moins de Sigur Ros ou de Mogwaï.
Il s'agit d'un
album de six titres, ou plutôt six pièces. Toutes en état d'apesenteur,
tantôt mélancoliques, tantôt flippantes voir rageuses.
Etat des lieux donc:
"Myrrhman", 15 secondes de silence, apparition inopinée d'un bruit de
batterie et démarrage de la chanson, l'impression d'entrer dans le
disque par accident. Fin du morceau comme le début, 15 silencieuses
secondes.
"Ascencion Day", l'ascencion la rage aux dents, toutes
guitares dehors, bordel construit par couches successives jusqu'au cut
final. N'aurait pas dépareillé sur Spiderland.
"After The Flood", ou
l'état de grâce permanent pendant 10 minutes, piano d'une délicatesse
infinie, batterie sortie tout droit de Can, bande passée à l'envers,
bruits étranges, variophone bloqué sur une seule note lors du solo. Au
concours de la chanson la plus délicatement barrée, on pourrait la
trouver en bonne position.
"Tapehead", ou le négatif de "Ascension
Day". La descente sans rappel ni torche au fin fond de la faille de San
Andrea. Le flip absolu durant 7 minutes, la claustrophobie mise en
musique.
"New Grass", ou le concept de la bulle de savon. La
légèreté, l'apesanteur doublée d'une mélancolie tenace soulignée par un
côté jazz.
"Runeii" signe la fin de l'album et par là même la fin du
groupe. Il s'agit aussi du morceau le plus dépouillé de cet album, une
voix une guitare et le silence, envahissant, omniprésent. Mark Hollis
termine en murmurant et la guitare fait de même. La grâce absolue et la
plus belle fin pour un album devenu une référence incontournable dans
l'histoire du rock.
Je le pense toujours et pour moi Talk Talk est
synonyme de groupe à part dans le rock. La plupart des groupes mettent
tout dans leur premier album : leur génie, leur rage, et déclinent
ensuite à force de vouloir ou non reproduire ca qui a fait leur génie.
Talk Talk lui a fait l'inverse : un parcours complétement atypique qui
les fait aller du sous-groupe de merde qu'ils étaient début 80 à la
référence absolue à la fin de leur parcours. Tout ça du à la volonté de
deux fous qui ont fait la musique comme eux l'entendaient en se foutant
complétement des canons de la mode, en mettant leur obsession au premier
plan quitte à ne rien vendre par la suite. Car laughing stock a réussi à
faire pire en terme de ventes que spirit of eden, ce qui n'est pas un
mince exploit.
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