vendredi 28 octobre 2011

ba-da-boum

l'avant-dernier épisode de ce feuilleton arrive à grand pas. Mark Hollis va-t-il gagner contre les méchants ? Talk Talk se sortira-t-il de ce mauvais pas ?  Toutes ces interrogations trouveront une réponse ci-dessous. Alors...chut.....lisez et tremblez :


Comme vous avez pu le remarquer, j'utilise pour pseudo myrrhman. Mais, vous demanderez vous à juste titre, d'où vient ce nom sublime ?  Ce nom, marque de mon bon goût absolu, vient du premier morceau de laughing stock de Talk Talk. Album que je porte très haut dans mon estime, aussi haut que le spirit of eden bien sur. Or donc nous y voilà : il va falloir que je termine ma chronique sur Talk talk avec cet album merveilleux qu'est laughing stock. Comment vais-je pouvoir m'y prendre pour rendre justice à cette pierre angulaire qu'est devenu cet album ?
Je crois que je vais faire comme pour ma précédente note et parler de l'histoire plutôt tragique qui entoure cet album devenu légendaire. Allez, en gros, on prend les mêmes, à savoir Hollis, Phil Brown (producteur), Friese-Greene et Apsden (manager), les mêmes lieux (Wessex, à Londres), 7 mois d'obscurité, on fait mijoter tout ce beau monde ensemble et on obtient des dépressions, des mariages détruits et des abandons et à l'occasion un album unique. La communion entre Friese-Greene et Hollis est à son paroxysme, seuls eux savent exactement le son qu'ils veulent produire, les notes qu'ils jouent, les musiciens extérieurs commencent à les énerver, ne sachant pas exactement ce qu'ils devaient faire. TalkTalk pendant ces sessions ne se résumait plus qu' à Hollis et Friese-Greene jouant quasiment tous les instruments. Voici ce qu'en dit Friese-Greene : "Si vous voulez résumez TT, les premières minutes de Laughing stock expose ce vers quoi nous tendions. Mark et moi commencions à nous impatienter avec les [musiciens] extérieurs, c'était démoralisant. Alors soit on l'écrivait, soit on le jouait nous-même parce qu'on ne pouvait pas se tromper. On a joué sur des tas d'instruments qui ne nous étaient pas familiers, jouant dans la mauvaise clé, commençant au mauvais moment mais à tous les coups, c'était les meilleures prises. Cet album s'est construit sur des choses impossibles à reproduire." L'album laissera des traces indélébiles sur tous les participants : Paul Webb n'a plus joué de basse avant plusieurs années, Phil Brown et Lee Harris ont du suivre une psychothérapie de plus d'un an. Le pire dans cette histoire a été la relation entre Friese-Greene et Hollis: la fusion tout au long de l'enregistrement puisà la fin de celui-ci chacun est parti de son côté en se serrant la main et plus rien, fin de Talk Talk. Les deux ne se sont quasiment plus revus depuis cette poignée de mains. Conscients l'un comme l'autre d'être  parvenus au bout d'un processus créatif de longue haleine, hors du commun, de n'avoir plus rien à faire ensemble par la suite. La fin du groupe au plus haut de sa création.416VZEBA00L._SS500_.jpg
Voici ce que j'en disais sur X-silence il y a 4 ans : Ceux qui connaissent Talk Talk par l'entremise de "It's My Life" ou "Such A Shame" vous diront que c'est de la bouse. Infâme. Ils n'ont pas tort.
Ceux qui les connaissent par "Spirit Of Eden" et "Laughing Stock" vous diront que c'est peut-être l'un des plus grands groupes qui fût en activité au début des années 90. Sublime. Ils ont tout à fait raison.
Comme tous les grands albums, celui-ci ne comporte que 6 titres, fait à peine plus de 40 minutes et se trouve être une véritable pierre angulaire du rock des années 90. Sans "Laughing Stock", pas de Labradford, ni de Bark Psychosis et encore moins de Sigur Ros ou de Mogwaï.
Il s'agit d'un album de six titres, ou plutôt six pièces. Toutes en état d'apesenteur, tantôt mélancoliques, tantôt flippantes voir rageuses.
Etat des lieux donc:
"Myrrhman", 15 secondes de silence, apparition inopinée d'un bruit de batterie et démarrage de la chanson, l'impression d'entrer dans le disque par accident. Fin du morceau comme le début, 15 silencieuses secondes.
"Ascencion Day", l'ascencion la rage aux dents, toutes guitares dehors, bordel construit par couches successives jusqu'au cut final. N'aurait pas dépareillé sur Spiderland.
"After The Flood", ou l'état de grâce permanent pendant 10 minutes, piano d'une délicatesse infinie, batterie sortie tout droit de Can, bande passée à l'envers, bruits étranges, variophone bloqué sur une seule note lors du solo. Au concours de la chanson la plus délicatement barrée, on pourrait la trouver en bonne position.
"Tapehead", ou le négatif de "Ascension Day". La descente sans rappel ni torche au fin fond de la faille de San Andrea. Le flip absolu durant 7 minutes, la claustrophobie mise en musique.
"New Grass", ou le concept de la bulle de savon. La légèreté, l'apesanteur doublée d'une mélancolie tenace soulignée par un côté jazz.
"Runeii" signe la fin de l'album et par là même la fin du groupe. Il s'agit aussi du morceau le plus dépouillé de cet album, une voix une guitare et le silence, envahissant, omniprésent. Mark Hollis termine en murmurant et la guitare fait de même. La grâce absolue et la plus belle fin pour un album devenu une référence incontournable dans l'histoire du rock.
Je le pense toujours et pour moi Talk Talk est synonyme de groupe à part dans le rock. La plupart des groupes mettent tout dans leur premier album : leur génie, leur rage, et déclinent ensuite à force de vouloir ou non reproduire ca qui a fait leur génie. Talk Talk lui a fait l'inverse : un parcours complétement atypique qui les fait aller du sous-groupe de merde qu'ils étaient début 80 à la référence absolue à la fin de leur parcours. Tout ça du à la volonté de deux fous qui ont fait la musique comme eux l'entendaient en se foutant complétement des canons de la mode, en mettant leur obsession au premier plan quitte à ne rien vendre par la suite. Car laughing stock a réussi à faire pire en terme de ventes que spirit of eden, ce qui n'est pas un mince exploit.

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