jeudi 29 décembre 2011

dépôt de bilan : ze first part

Faire ou pas faire, là est la question.
De quoi me direz-vous ?
Le marronnier de fin d'année, le truc qu'on trouve entre la bûche, les cadeaux et la dinde aux marrons. Vous savez : le récapitulatif  de fin d'année quoi. La liste des meilleurs souvenirs, où chacun est persuadé de détenir LA vérité sur ce grand crû qu'était 2011.
Je sais pertinemment que vous l'attendez toutes et tous. Mon classement. Je le sais parce que je suis omniscient. Je détiens le savoir, la vérité. Sur tout. Notamment sur la matière musicale. Mon savoir à ce propos est incommensurable.
Néanmoins, une question d'ordre éthique ma traverse l'esprit :  le bas peuple a-t-il besoin de mes judicieux conseils éclairés pour trouver une nouvelle voie, pour comprendre qu'il se trompe ? Comme disait mon maître à penser, un certain Charles, le bas peuple est un veau. Donc non.
Bon allez, je déconne.J'arrête mon délire mégalomaniaco-mystique pour revenir sur le plancher des vaches.
Enfin presque.
Disons que cette année, faire une liste du meilleur au moins mauvais aurait tendance à me briser les bonbons façon puzzle. Disons que je parlerais plus de disques m'ayant marqué dans toutes les catégories confondues. Du moins celles que j'écoute régulièrement.
Commençons par ce qui fait mon identité : les musiques extrêmes (mais pas trop hein) et bizarres (ça en revanche...)
Cette année rien qu'en métal et autres bizarreries, ce fut une année féconde. Ce que je retiendrai donc :
- Blut Aus Nord : 777 sect(s) et the desanctification ou comment Vindsval, bas normand extrémiste mal élevé jusque là, apprend à se tenir en société sans roter/vomir à la gueule des gens qui l'entourent. Exploit qui lui permettra d'avoir un article sur le très influent mais pas spécialement logique webzine pitchfork (qui va coller en 41ème position l'album de Liturgy  dans les albums de l'année sans en faire mention dans le top metal, allez comprendre quoi que ce soit vous)
- Septic Mind : the true call. La découverte de l'année me concernant en matière de funeral doom. Trois morceaux intenses, barrés, psychédéliques ou comment apprendre le funeral en braquant les dealers de Bardo Pond.
-Corrupted : garten der unbewusstheit. Fukushima n'était pas un accident mais une T.S pratiquée par des mecs qui venaient d'écouter le dernier Corrupted en boucle. Provoque donc des dommages irréversibles. Avant l'écoute retirer tout ce qui peut être tranchant de la pièce ainsi que tout ce qui peut s'apparenter à du cordage.
-Earth : angels of darkness, demons of light. Ou la relecture fun et enjouée sur un rythme particulièrement endiablé de Tinariwen. Enfin je crois.
-Esoteric : paragon of dissonance. Double album charmant de 93 minutes à propos des oiseaux, de la nature, du renouveau du printemps nouvellement renouvelé chaque année. Un disque qui scrute au fond des yeux l'éclosion de chaque fleur, l'arrivée de chaque bourgeon. Un message de paix, d'amour et d'espoir. Même commentaire final que Earth.
Altar Of Plagues : mammal. Le premier qui cite le mama de Genesis à propos d'Altar Of  Plagues se prend l'intégral de Mae en pleine gueule. Si on vire le troisième morceau, gonflant et sans intérêt, c'est du solide voir du bon sordide. Mention spéciale pour neptune is dead, impressionnant.
Comatose Vigil : fiumus, non sumus. Ahhhhhhhhh..... le funeral c'est sympa. Le russe plus particulièrement tiens. Après Septic Mind, quoi de mieux pour purifier l'atmosphère de toutes ces drogues dangereuses pour l'organisme qu'un petit fiumus de derrière les fagots. Hein ?? Rien.
A retenir également entre autres douceurs: le double live de Negura Bunget, focul viu, le doom of the occult de Necros Christos, le doomsday de Sect, le outer isolation de Vektor et dans une moindre mesure the destroyers of all de  Ulcerate et in nomine odium de Haemoth.

Maintenant passons au bizarre audible (en gros l'ambient) :

-Daniel Thomas Freeman : the beauty of doubting yourself. Ou comment ne pas se payer de séances chez le psy voir se les faire payer sans débourser quoi que ce soit. Sortir un disque comme psychothérapie n'est pas d'une grande honnêteté monsieur Freeman. Je trouve même le procédé particulièrement lamentable. Je ne vous félicite pas.
-Anthony Paul Kerby & Thomas Weiss : distant shadows. Oui Sting, je vais te rendre ton cd new age tantrisme et onanisme. Ok. Par contre n'oublie pas de me refiler le Thomas Weiss, please. Merci.
-Yellow 6 : merry 6mas : drifting for the horizon. Labradford vient de sortir un nouvel album. C'est magnifique. Mais par contre il serait bien qu'ils arrêtent de prendre leurs auditeurs pour des cons en se faisant appeler Yellow 6. C'est drôle une fois mais à la longue c'en devient fatigant.
A retenir également : the drawing of the line de Emuul et le Alva Noto + Sakamoto : summvs.
Allez, ça suffit pour ce jour. Demain j'essaierai de caser tout le reste.

mardi 27 décembre 2011

Psychic TV

En préambule, j'aime Genesis P Orridge, Peter Christopherson, John Balance et David Tibet. Voilà.
Mais là faut pas déconner non plus. Je ne jetterai point l'opprobre sur Balance et Christopherson vu qu'ils ne sont plus de ce monde depuis quelques temps mais par contre Orridge, faudrait voir à te ressaisir. Ton dernier effort que j'ai pu écouter ça sent l'ankylose, le pâté, la gérontophilie, au choix. Toi et ton groupe, Psychic TV, va falloir songer au retrait hein.
Se fixer des challenges, faire des défis, je dis pas, ça a un côté émulation, ça peut tirer vers le haut, c'est pas mal comme idée. Bref, ça peut être sympa. Mais là, passer après Th'Faith Healers pour reprendre le mother sky de Can c'est tout de même limite suicidaire. 16 minutes quer ça dure. 16 minutes, ça peut être long, très long. Voir très très long. Dis moi Gene, tu n'as jamais songé à faire consulter un rhumatologue à ton bassiste ? Parce qu'à l'écoute de mother sky on a l'impression qu'il a les phalanges quelque peu ankylosées. Et tes potes t'es allé les recruter où ??  Ce sont d'anciennes recrues de Yes, Genesis, Metamorfosi ??? tu es allé chercher la crème de la crème du rock progressif des années 70 ?? Dis moi ??  Sans rire, à l'écoute de mother sky, on a l'impression que tu as pris tous les tics inaudibles des années 70 ( soli de guitares à rallonge notamment, batteur balèze mais fatigué qui tient à le faire savoir), des musiciens sur le retour, que tu as enregistré ça dans ta cave en  prise directe et que tu t'es dit : moi je suis Genesis P-Orridge, je suis une légende et je vous emmerde.
Mais OUIIIIIIIIIIIIIIIIII, tu nous emmerdes. C'est pas peu rien de le dire.
Sa reprise de mother sky sent la naphtaline, la pose rebelle ridicule. Exit la folie, la dangerosité, l'urgence du morceau. Tout ce que Th' Faith Healer parvenait à concentrer sur 4 minutes d'une grande intensité, tout se trouve donc délayé, dilué, évaporé. Ne reste rien ou pas grand chose. Dans le meilleur des cas ça ressemble à du mauvais Rolling Stones. Dans le pire, à une pâle copie sans saveur.
Bon ok. Nous sommes le lendemain de Noël, c'est pas franchement christmas spirit là. Mais faut pas déconner non plus. C'est pas parce qu'on est une légende du rock underground qu'on se doit de faire n'importe quoi en toute impunité.
Regardez, moi. Je suis une légende du net, chaque semaine il sort une thèse sur mes écrits. Je suis un maître à penser pour nombre d'auditeurs avisés, de lecteurs fidèles, un guide spirituel. Est-ce une raison pour écrire n'importe quoi ?? Non.
En aucun cas je ne profite de mon statut d'idole. Chaque jour que je fais, je reste simple, modeste. J'évite à tout prix ce que mes amis appellent le syndrome GPO. Ca m'évite de péter plus haut que je n'ai le fondement. Grâce à cela je suis moi .
C'est ce que je fais de mieux.
                                

dimanche 25 décembre 2011

la saloperie de Noël

Bon les aminches, nous sommes le 25 décembre et en plus nous sommes un dimanche. N'est ce point formidable ?
Non ????
Vous n'avez pas tort.
Pour ce jour exceptionnel à plus d'un titre, il fallait frapper fort. Très fort.
C'est  noël, jour des enfants par excellence. J'ai donc décidé de vous gâter.
Ma saloperie du dimanche devrait en toute logique finir dans les annales. Du grand n'importe quoi.
Je vous en ai présenté des merdes depuis au moins deux ans : des belles, des sublimes, des faisandées, des réchauffées, des connues d'autres moins. Mais là je pense que je vais devoir créer une nouvelle catégorie.
Avec Christelle et sa ballade de Walt Disney, on touche au divin. Rien moins que ça. Dès les premières secondes avec cette imitation de Bob Dylan en plein orgasme qui se prendrait pour Donald suivi de cette musique de baltringue, ça envoie valser 99 % des autres saloperies du dimanche existantes.
Puis l'arrivée des choeurs m'a scié les pattes et enfin, j'ai été littéralement achevé quand est arrivé le............................hum..................chant ??? Comment peut on nommer ce truc qui ferait passer l'égorgeur anatidéen Bob Dylan pour un Pavarotti en pleine possession de ses moyens ?
HEIN ??? COMMENT ???
Je me permets de vous poser la question parce que là c'est limite pas humain tout de même. Ce truc ferait passer Daniel Johnston pour un être parfaitement sain d'esprit, filerait presque des envies de meurtre à Mère Térésa. Rien que pour ces raisons totalement justifiées et bien d'autres encore, ce disque est un miracle. Preuve que l'esprit de Noël existe réellement.
Alors dans ce cas, je vous l'assène (lupin) : joyeux noël.
Et bonne chance pour vous virer cette scie de la tête. Parce que je ne vous l'ai peut-être pas encore dit mais malgré le côté atroce/horrible/immonde de la chose, c'est un putain de pot de glue qui vous reste dans le crâne des heures et des heures durant. L'oeuvre du malin si on y réfléchit bien.

samedi 24 décembre 2011

chevaux rouges de la neige

Bienvenue dans le monde du carbone 14 de la musique.
Aujourd'hui nous allons étudier les faussaires. Et plus particulièrement ceux ayant une fascination à peine voilée pour la musique anglaise du début des 90's.
Prenez par exemple le groupe Red Horses Of the Snow. composé de Mark Burgess etChris Hawtin, ils sortent leur premier album, territories, ces jours-ci.
L'album est mignon tout plein, agréable, gentillet. Il ne fait pas de mal à une mouche, les mélodies sont là, le son également. C'est carré, propret, bien dégagé autour des oreilles, rien ne dépasse. Mais, il y a toujours un mais dans ce cas, vaudrait mieux pas que Mark Gardener, Mark Kozelek ou Neil Hastead jettent une oreille sur territories parce qu'il serait totalement justifié qu'ils réclament des droits d'auteurs. Dès les premières notes d'airborne, c'est Ride période smile qui est joyeusement dépouillé. De vrais chacaux ces deux gars : Les voix, les guitares, le refrain, tout le manuel de la musique pop selon Ride y passe. C'en est presque impressionnant. Sur santa irini, c'est Slowdive qui s'y colle. Plus loin, sur siam ou screens,  c'est Kozelek des deux premiers Red House qui y a également droit. Les gars ont potassé à fond leur manuel scolaire de la musique indie pop des années 90 et tiennent à nous le faire savoir.
Mais,curieusement, malgré ce que j'ai l'air d'en dire jusque là, c'est loin voir très loin d'être désagréable. Red Horses Of The Snow a un tel amour pour cette période, pour ces groupes, qu'on le sent finalement sincère. Il n'y a aucune arrière-pensée mercantile, aucune véritable pose. Ces mecs sont raides dingues de Ride et consorts et  le clament haut et fort en sortant une véritable déclaration d'amour musicale. Ce n'est pas original pour un sou mais, une fois qu'on parvient à faire abstraction des influences,  les mélodies sont présentes, les morceaux plutôt pas trop mal construits, simples et accrocheurs. Ce qui sauve les gars de Red Horses à mes oreilles, c'est qu'ils ne brandissent pas leur influences comme des étendards, ils se la jouent au contraire humbles, discrets.Ils savent qu'ils ne vont rien révolutionner mais tiennent à se faire plaisir et à faire plaisir aux auditeurs. Leur démarche paraît sincère, fraîche, comme celle de Ride à leurs débuts. Ce qui est déjà pas mal.
Album en écoute sur leur bandcamp

mercredi 21 décembre 2011

the wanting

2011, année de merde, suite.
Hier il s'agissait de Luke Haines. Un oublié parmi tant d'autres. Aujourd'hui dans les grands oubliés qui n'intéressent pas grand monde : Glenn Jones.
Déjà, pas de bol. Le mec s'appelle Glenn Jones. Comme le chanteur soul/R'nB américain qui sévissait dans les années 80. Black, moustache à l'avenant, l'homonyme a certes de l'allure mais rien à voir avec le Glenn Jones qui nous intéresse ici. Le gars en question est blanc, a un bouc et manie la six cordes comme moi les prises de sang. Pour résumer, il s'agit bien d'un virtuose, voir d'un killer.
Mais que fait-il comme musique ce bon Glenn ??? du Santana, Satriani, Malmsteen ???  Mais pas du tout mes bons messieurs, Glenn Jones fait dans l'american primitivism.
L'a.....quoi???
 L'american primitive guitar.
Vous m'en direz tant.
Petit cours à l'égard des ignorants crasses que vous êtes : l'american primitivism est un genre musical associant fingerpicking et country/blues traditionnel, créé et popularisé (pfffffff c'te blague) par Jonh Fahey.
Ahhh.......... j'en vois qui dressent l'oreille à l'évocation de Fahey.
Glenn Jones s'inscrit dans la descendance directe des Fahey, Basho, Kottke ou plus près de nous (mon dieu) : Sir Richard Bishop, James Blackshaw ou encore Jack Rose pour ne prendre que les plus connus.
The wanting, album sorti en septembre dernier, est une ode à la guitare acoustique et au banjo fait par un virtuose respectueux des traditions. Un blues primitif qui ne révolutionne rien, totalement instrumental mais d'une grande beauté.
Jones, qui fit parti du groupe Cul De Sac, rend autant hommage aux défricheurs comme Fahey qu'aux têtes chercheuses style Jim O Rourke période Gastr Del Sol. The wanting est en équilibre instable et permanent entre expérimentation et accessibilité, virtuosité ( Jones n'est pas un manchot de l'open tuning et tient à le faire savoir) et simplicité.
Le problème (si tant est que c'en soit un) avec cet album c'est qu'il est quasi impossible de sortir  un titre du lot. Je dis bien quasi. The wanting rend un précieux hommage au primitivism sur les dix premiers morceaux, de façon épurée, sans vraiment prendre  trop de risques. On sent peser sur Glenn Jones l'héritage de John  Fahey et consorts, dont il n'arrive pas totalement à se défaire. Puis arrive le onzième et ultime titre. Dix sept minutes intenses, hypnotiques, expérimentales, un dialogue assez hallucinant entre percussions ferroviaires et guitares en mode derviche tourneur, le tout commençant de façon fort traditionnelle, simple, pour mieux perdre l'auditeur en route, the orca grande cement factory at victorville conclut l'album de façon magistrale. L'ajout du batteur permet à Jones de prendre véritablement des risques, de se débarrasser enfin de ses influences trop encombrantes et de divaguer au gré de sa folie. Achevant the wanting sur une drôle d'impression : celle d'avoir écouté deux albums. L'un très beau, relativement sage, respectueux de ses ainés, des traditions,  l'autre complétement barré, en roue libre mais superbe. Reste à voir quelle direction prendra Glenn Jones sur le prochain. En attendant l'album mérite tout de même bien meilleure audience que le relatif anonymat dans lequel il est plongé depuis sa sortie en septembre dernier. Monde de merde.

mardi 20 décembre 2011

chienne de vie

C'est moche le temps hein. Un jour vous sortez un premier album merveilleux avec votre groupe. Vous êtes bardés de références, prêts à bouffer le monde, on vous déroule le tapis rouge. On vous trouve également un groupe à qui vous opposer, qui a sorti dans l'entre fait un album honorable mais pas du même niveau. C'est  de bonne guerre, Beatles/Stones, Blur/Oasis, nombreux sont les exemples dans la musique anglaise.Vous vous la pétez et vous avez de quoi. Vous avez même une grande gueule, vous êtes intransigeant, Mark E Smith fait figure de Michel Drucker face à vous. Il y a vingt ans, tout vous souriait.
2011 : vous sortez un album sous votre véritable patronyme, un de plus.
Mais plus grand monde en a quelque chose à foutre. Vous êtes devenus un anonyme comme tant d'autres. Une gloire passée.
Pourtant vous avez sorti cette année un album plus qu'honorable. Gorgé de guitares acoustiques, de mélodies à foison, un concept-album humble, intelligent. Parfois un peu abscons, expérimental même mais toujours charmant, qui aurait du trouver un écho un peu partout, vous remettre en selle. Pas de bol pour vous, cette année, dans la catégorie anglais(e) irascible, c'est PJ Harvey qui rafle la mise. Vous laissant encore une fois sur la touche. Vous ferez parti, comme tant d'autres, des oubliés de 2011, au profit d'albums dont on ne se souviendra plus dans trois mois (WUF qui déjà ?). On reparlera de vous dans une bonne dizaine d'années comme on évoque avec une pointe de nostalgie, les yeux embrumés, le destin des Sneetches, d'It's Immaterial, de tous ces groupes ayant connu, l'espace d'un court instant, la magie de la gloire.
Voyez-vous, cher Luke Haines, malgré ce bel effort qu'est 9 1/2 psychedelic meditations On British Wrestling Of The 1970's and early's 80, relativement sobre, dans la lignée de ce que vous faites le mieux, une pop classe et relativement épurée, je crois que ce ne sera pas cette année que la gloire reviendra vous visiter. Cette pute est venue en 1993 mais n'a plus donné de nouvelles depuis. Manquerait plus que votre muse, parfois défaillante (21st century man notamment) ne vous lâche complétement. Et là je crois qu'on vous aura perdu une bonne fois pour toutes. La seule chose qu'il manquerait pour finir en beauté ce tableau total loser serait une mort stupide, genre marcher sur ses lacets près d'une autoroute en voulant cueillir des champignons puis se faire écraser. Je sais, c'est con. Mais la vie est ainsi faite.

dimanche 18 décembre 2011

la saloperie du dimanche

La saloperie va consacrer un acteur/chanteur au top de sa forme dans les années 80. Quelque part entre Vivien Savage et Jean-Jacques Lafon il manquait un chaînon.
Un lien.
Quelque chose.
Un truc.
Un je ne sais quoi.
 Ah ??!!!  mais oui : il manquait DANIEL AUTEUIL. 
Cet immense acteur auteur/compositeur trop rare dans le paysage musical français a pourtant pondu un des textes les plus formidables qui soient : t'es pas la femme du boulanger. (Comme quoi le gars a de la suite dans les idées hein. Une trentaine d'années plus tard il réalisera un remake de Pagnol.)
Cette revisitation du mythe de Pagnol façon C. Jerome est un moment rare, exquis, d'une grande subtilité. J'avoue avoir eu un moment l'esquisse d'une érection quand débarque, comme une couille dans le potage, la batterie, belle, aérienne, émouvante.Je me souviens avoir pleuré devant cs paroles si belles, si vraies. Je me souviens....
...je me rappelle (désolé)

vendredi 16 décembre 2011

Yellow 6

Ne jamais faire sa liste des meilleurs albums de l'année  avant que l'année ne soit complétement terminée. On ne sait jamais.
Quand je vois mes @mis faire la leur une quinzaine de jours avant le véritable acte de décès, j'ai peur pour eux. Oui !!! comme faisait Narcy dans les années 70 : myrrhman a peur !!!!!. C'est vrai. Je ne m'en cache pas, j'ai peur. Une peur incommensurable, déraisonnée, que même Jean-Luc Lahaye il  peut pas la comprendre. Lui qui a pourtant si bien su la chanter n'arriverait pas à en saisir l'esprit, l'essence, la substantifique moelle.
Alors ne tergiversons point, ne mégotons point non plus,disons le tout de go : mes @mis sont de gros crétins. Ça m'effraie. Vraiment.
Pourquoi me demanderez-vous ?
Parce que ces triples buses vont passer à côté du nouvel album de Yellow 6. Et ça c'est limite impardonnable. Je ne dis pas que c'est l'album de l'année, ou le truc qui va bouleverser l'ordre établi. Seulement pour les amateurs de drone, d'ambient, de post rock, de Labradford, Windy & Carl ou de Star Of The Lids, drifting for the horizon va vite se révéler indispensable. Dès les premières minutes de long sad #1 en fait. En guise d'introduction, Jon Attwood aka Yellow 6 prolonge et rend hommage de fort belle manière au dernier morceau d'E luxo so de Labradford. Il en reprend la mélodie, l'arrange à sa sauce, l'étire avec un minimum d'arrangements pour parvenir à en faire une douce comptine d'une tristesse insondable, à en tirer des larmes à l'oeil de verre de Le Pen. c'est dire la puissance de la chose. La suite va être du même registre : une pulsation à 0.5 BPM maximum, des guitares égrenant toute leur mélancolie sur des arpèges délicats, quelques notes de piano, des drones subtils et doux  auxquels s'ajoute une réverbération du meilleur effet pour atteindre une musique d'une beauté égale aux meilleurs Labradford. Basée sur la répétition, la lenteur, l'hypnotisme, le peu de chose,  la musique de Yellow 6 finit par envahir la pièce dans laquelle se trouve l'auditeur et  l'envelopper, le happer par de longues plages éthérées. La notion de temps finit par ne plus exister, la pièce dans laquelle vous vous trouvez non plus. Jon Attwood créé, avec le peu d'instruments qu'il a sous la main, un nouveau monde souvent très doux, parfois tendu (this is not a cloud). En somme, il parvient avec rien ou presque à captiver, émouvoir grâce à l'intelligence de ses arrangements et de son talent.
De quoi se retrouver dans les tops de l'année quoi. Seulement personne, hormis mézigue,n'y aura prêté une oreille attentive. Y a des baffes qui se perdent, je vous le dis.
Alors maintenant vous me comprenez quand je vous dis que mes @mis sont de gros abrutis ? Je me demande bien ce qu'ils feraient sans moi tiens. Enfin bon, je me dis qu'ils ne sont pas irrécupérables non plus hein.
La preuve ??
ce sont mes @mis.
Des gens biens en somme. Mais un peu cons.
Comme moi.
Pour ceux qui voudraient se faire une petite idée de ce que donne drifting for the horizon, l'album est en écoute ici sur le bandcamp de Yellow 6.
(on me souffle dans l'oreillette qu'il s'agirait de Gicquel et non Narcy qui aurait dit la France a peur. Mes plus plates excuses envers les intéressés. Le temps ne fait rien à l'affaire....)

lundi 12 décembre 2011

Mi And L'au(ve)

Pour tout vous dire, je comptais mettre ce blog en veilleuse.
Vous l'avez remarqué : je ne poste plus depuis une bonne semaine. Pas la faute au ras-le-bol, ce n'est même pas ça. Seulement depuis que j'ai changé d'affectation, je suis de moins en moins disponible, je n'approche du PC et des nouveautés que de loin  . La faute au boulot en y réfléchissant bien.
Et puis c'est la fin de l'année, plus rien ne sort en cette époque de bilans et autres merdes où chacun établira sa vérité incontestable en matière de brillants albums sortis cette année. Toujours est-il que 2011 n'est pas encore morte qu'on commence déjà à recouvrir le cadavre. Voir même à le massacrer de façon éhontée à bon coup de pelles dans la gueule. Histoire de bien la défigurer. L'auteur de ce massacre se nomme Mi And L'au. Groupe finno-français plus finaud que français (je sais, elle était inévitable). Déjà coupable d'avoir sorti deux albums remarquables (mi and l'au donc en 2005 et good morning jokers en 2009), ils sortent un if beauty is a crime pas piqué des hannetons. Selon le communiqué de presse Mi And L'au aurait abandonné les guitares pour sortir un album synthético-cabaret à faire passer les albums post felt mountain de Goldfrapp pour de doux et subtils essais sur la pop électronique. Ajoutez à cela que le duo se serait déplacé de la France (Paris si je ne me trompe) à l'Espagne, pays de la corrida, du chorizo et de la feria comme chacun sait. Toutes ces informations contribuaient à attiser ma curiosité de façon malsaine. Je me demandais bien ce que pouvait donner ce neo-David Guetta à la sauce finnoise.
Résultat alors :
Vous avez passionnément aimé mi and l'au et good morning joker ? vous adorerez également if beauty is a crime.
Mi And L'au fait du Mi And L'au, point barre.C'est un fait acquis, y a pas à tortiller.
Que ce soit avec ou sans guitares, le groupe fait peu ou prou le même album, creuse son sillon dans son coin, inlassablement, en se foutant royalement du qu'en dira-t-on.
La grosse nouveauté d'if beauty vient donc de l'abandon des guitares. Pas la queue d'une, rien. Peau de balle, que dalle.
Et alors ? ben on n'en a pas grand chose à foutre qu'elles aient été abandonnées sur le bord de la route comme des malpropres.Au contraire. Le groupe se réinvente sans rien changer. Même ambiance de cabaret de fin du monde, même neurasthénie, même beauté mélancolique.L'identité est si forte, l'empreinte si marquée, que s'ils utilisaient des binious ou des didgeridoos pour leur nouvel album, ça ne changerait rien à l'essence du son, à la beauté du truc. Ils sont malheureusement condamnés à ne produire que d'excellents disques. Pas grave me direz-vous, quand la qualité est au rendez-vous (comme le superbe valdren, lointain cousin de transparent, ou encore l'Aphex Twinien sauce mi and l'au one day).
Si  good morning joker tutoyait les sommets, if beauty, de par sa constance dans l'excellence finit par les atteindre. L'album élague, coupe, ratiboise au fur et à mesure qu'il avance, se débarrassant de tout oripeau inutile  pour ne plus conserver que l'essentiel, à savoir le silence. Faisant de leurs albums précédents des monstres d'opulence à la Brian Wilson au niveau arrangements. Warrior, morceau concluant if beauty en est l'exemple le plus éclatant. Flirtant avec l'ambient via Aphex Twin, le morceau finit par inviter les miniatures de Satie puis le silence et enfin s'éteindre en douceur.
A mes oreilles, Mi And L'au franchissent un nouveau palier dans l'excellence. Force est de le constater. Se renouveler autant sans rien changer force même le respect. Moralité : je suis à genoux et ne peux que m'incliner devant tant de beautés. If beauty is a crime tourne donc en boucle depuis quelques jours et devrait continuer à me hanter plus encore que ne l'a fait good morning joker.Pas un mince exploit. Je le rappelle pour mémoire : good morning joker avait terminé dans le trio de tête en 2009. M'est avis que if beauty va finir seul au sommet en 2012. en tous cas il est bien parti. Comme 2012 me direz-vous. Certes.

dimanche 4 décembre 2011

la saloperie du dimanche

Vous pensiez, avec justesse par ailleurs, que j'avais touché le fond avec François Juno la semaine dernière ?
Que je ne pouvais pas faire pire ? Que là on avait atteint une sorte de nirvana, de climax dans ce qu'il y a de pire en "chanson" française. Détrompez-vous. La chanson française a des ressources insoupçonnées.
La preuve avec ce monument : les filles de janzé. Déjà la pochette donne un indice du niveau atteint. Je ne sais pas exactement ce qu'il faut retenir en premier là dedans : le nom du chanteur (un nom qui a du chien ma foi), sa tête ( l'ancêtre de MacLovin de supergrave) ou ce qui en découle : le titre (croire à l'amour,c'te blague tiens) ?
Puis si vous osez mettre la musique, vous comprenez.
Comprenez que le contenant n'est rien ou si peu à côté du contenu. Qu'on touche au sublime dès les premières notes. Que les deux influences principales de Philippe Mordan c'était Taxi Girl et Charlie Oleg. Pour la musique. Ainsi que Barbelivien en pleine descente d'acides pour les paroles.
Si après ça vous avez toujours envie de l'écouter, je ne peux plus rien pour vous. C'est que vous êtes aussi ramassé que moi et je doute que ce soit un compliment.

vendredi 2 décembre 2011

Sigur Ros

Je vous vois venir : "la myrrhe, tu nous fais chier avec ton obsession, ton combat d'arrière-garde à propos de la supériorité du vinyle. Franchement si le son était meilleur que le cd, ça se saurait. Puis quel intérêt à retourner un disque tous les quart d'heure quand avec le cd tu n'as qu'à le faire avaler par ta platine et le recracher une fois consommé ? "
Hein ??
Qu'est ce t'a à répondre à ça ?
Simple : je dirais une chose. Le vinyle : le son n'est pas limpide, parfait, c'est sur. Ca craque parfois mais un cd, même à fond, ne m'a jamais procuré autant de frissons que l'écoute d'un vinyle.
Mouais et tu crois que c'est avec ce genre d'arguments que tu vas nous convaincre ?
Certes non mais il existe en ce bas monde des disques créés seulement pour être écoutés sur vinyle. Qui, une fois transférés sur cd ne me parlent plus, sont d'une froideur, d'une morgue, d'un inintérêt colossal. Le plus bel exemple que je connaisse est le agaetys byrjun de Sigur Ros. D'une platitude effrayante sur cd, morne plaine même, il devient absolument passionnant, mystérieux voir fabuleux sur un support microsilloné. Vous trouviez svefn-g-englar beau ? l'impression d'être plongé dans un monde à part, un peu froid certes mais peuplé d'elfes, de créatures magiques et autres monstres ? Mais vous regardiez ça de loin : mi amusé, mi contemplatif, mi admiratif. Dites vous que ce que vous avez éprouvé comme sensations à l'écoute des premières minutes de svefn-g-englar c'est de la pisse de chat comparé à la version vinyle.  Déjà pour pouvoir en jouir de façon correcte, il faut l'écouter dans une pièce spécialement prévue à cet effet, à un volume sonore un peu au-delà du raisonnable. Le souffle du vinyle commence à vous prendre aux tripes dès la fin de l'intro. Mais rien ne vous prépare psychologiquement aux secondes suivantes, au choc que vous allez vous prendre dans la gueule quand va débarquer ce putain d'orgue.Le son envahit d'un coup, ou plutôt prend d'assaut la pièce, avec le bonhomme qui s'y trouve. Et là, vous comprenez l'artwork car vous vous retrouvez exactement dans la même position. Tel un foetus nageant en plein milieu d'un liquide amniotique. Il n'y a plus de réalité, plus de pièce, plus de pesanteur, plus de jambes pour vous supporter, rien. Pendant huit minutes vous êtes au milieu de nulle part, abasourdi, paumé.
Vous savez quoi : pendant quelques années je ne pouvais plus écouter de vinyles. Platine morte. Je l'ai donc pris pour le réécouter à la médiathèque de la ville la plus proche de mon patelin. Quelle ne fut pas ma déception une fois l'intro de svefn passée. C'était beau certes mais où était passé le souffle ? Qu'en était-il des basses, de la vie ? La chaleur s'en étant allée, ne reste plus que la beauté d'une morgue. Carrelé, froid, sans vie. Aucun intérêt. Voilà à mes oreilles ce qui fera toujours la différence entre le vinyle et tout autre support (que ce soit cd ou mp3) : on se fait peut-être chier à le retourner une fois la face terminée, à en prendre soin plus que de raison, à pester quand on entend un nouveau craquement  mais il y a dans ce support une magie qu'on ne retrouve nulle part ailleurs.Ce n'est pas juste une question de pureté du son, bien au contraire (le cd le bat à plate couture à ce niveau), c'est une question d'âme.

jeudi 1 décembre 2011

melon galia

Melon Galia ça vous dit quelque chose vous ? Ca vous cause ??? Dites moi : vous vous en souvenez de ce groupe vous ? Non parce que là avec une dizaine d'années de retard je découvre. Mieux vaut tard que jamais me direz-vous. Certes mais quand on a la prétention imbécile et illusoire de vouloir découvrir et faire découvrir des disques relativement pointus voir inaudibles parfois, on finit par passer à côté de choses simples. Melon Galia notamment.  Groupe bruxellois à la discographie éphémère (quatre années d'existence, 1998-2002, un seul disque à son actif, les embarras du quotidien) mais à la classe qui traverse la décennie sans problème. Déjà le groupe a tout pour lui : une pochette et un livret illustrés par les excellents Dupuy-Berberian, on peut dire que ça en jette. Et surtout, surtout, ce par quoi je suis arrivé au groupe, la présence du très précieux John Cunningham à la guitare sur trois morceaux, ainsi qu'à la production et celle non moins précieuse (du temps où Bright Eyes était encore fréquentable) de Connor OBerst. Avouez qu'un pédigrée comme celui-là a de quoi allécher n'importe quel être doté d'une paire d'esgourdes opérationnelles. Bon, si on met de côté les voix un peu ordinaires sans être pour autant désagréables, il reste une musique d'une légèreté incroyable. Une pop savamment orchestrée, avec présence non négligeable de saxos, clarinette, violon, trompette, etc....pour enrober, habiller l'album. Le parer d'une douce mélancolie, d'arrangements précieux rappelant à mes oreilles la classe d'un Richard Davies, d'un Peter Milton Walsh ou d'un.... John Cunningham. Par moment le mélange est curieux : les voix ne vont pas avec la musique. L'épaisseur d'un cheveu en est le plus parfait exemple : musique superbe, enlevée, et mélodie vocale à la cinquantième seconde puis au second refrain rappellant curieusement le vice et versa des Inconnus. Ailleurs, les lendemains qui chantent, c'est Katerine qui s'invite. Mais qu'importe. La musique se suffit amplement à elle-même, aérienne, légère, d'une accroche mélodique imparable.
Autant dire qu'en matière de pop/rock à la française, je ne suis pas certain d'avoir écouté l'équivalent des embarras du quotidien ces dix dernières années. Il a la même ambition qu'un Dominique A sans la pesanteur qui lui sied par ailleurs si bien. Un bien bel album qui mériterait vraiment d'être remis en lumière.

dimanche 27 novembre 2011

Septic Mind

Hier j'ai passé ma journée avec Septic Mind.
Je sais bien que ça vous passe au-dessus du cigare mais depuis la première fois où j'ai appuyé sur play (samedi soir donc) jusqu'à ce jour, je n'ai rien écouté d'autre. Enfin si, une pause avec le nouvel album de Field Music. Pas plus. Parce qu'il a fallu que j'y retourne presque aussitôt. Question de survie. De compréhension également.

Ben ouais, je me demande encore, après six ou sept écoutes à la suite, quel cerveau malade a pu accoucher d'une telle monstruosité. Pas dans le sens où c'est affreux, inaudible, atroce. Mais j'en viens plutôt à me demander comment Septic Mind va réussir à gérer l'après the true call. Parce qu'en matière de funeral doom je pensais l'affaire pliée avec le dernier Esoteric, chef-d'oeuvre d'une puissance rare. Mais là, à côté de the true call, le Esoteric est aussi puissant que les dernières déflagrations de Didier Barbelivien.
Comme vous l'avez compris, Septic Mind est un groupe officiant dans le même registre qu'Esoteric ou Comatose Vigil (pour ne citer que deux des meilleurs albums sortis cette année). Ils ont en commun avec Comatose Vigil de venir du pays de la vodka glacée et du communisme et, comme Esoteric, un goût prononcé pour le psychédélisme. The true call, premier (et très long) morceau n'est qu'une application à la lettre de ce que donnerait le funeral doom s'il carburait aux psychotropes. Ils l'enveloppent littéralement, l'engourdissent de façon à ce qu'il puisse à peine bouger, épaississent en sus considérablement l'atmosphère.
Pour vous situer un peu la chose, imaginez l'intro de the kiss des Cure. Ralentissez le tempo, étirez là (l'intro) pendant près de quinze minutes, n'omettez surtout pas d'y ajouter quelques vocaux bien gras, saturés au milieu histoire de bien faire comprendre qu'on est avec un groupe pratiquant le métal. En revanche, le principe premier de the true call est de désarçonner l'auditeur au risque de le perdre. Les premières secondes sont là pour le malmener, au gré de guitares électriques claires et dissonantes, désaccordées si possible. Quand entre en jeu le duo basse/batterie l'intention du groupe devient à peine plus claire : on comprend qu'on est dans un disque à l'atmosphère lourde : le batteur cogne, au ralenti certes, comme un sourd et le bassiste joue fort, très fort même. Quelques choeurs bien glauques viennent également alourdir un peu plus le morceau mais il faut attendre la quinzième minute pour clairement comprendre que nous sommes dans un disque à obédience métallique. La rage explose, comme attendue, mais seulement d'un point de vue vocal. Là où on pouvait s'attendre à un mur de guitares couvrant les vocalises déchirées du hurleur,on se retrouve avec des guitares en retrait, presque en bruit de fond et un morceau qui change de direction tout en creusant son sillon encore plus profondément. Nous sommes clairement dans un disque de funeral doom, ça Septic Mind nous le fait bien comprendre. Le changement vient du jeu de guitare. Passant le relais de Smith des Cure aux frangins Gibbons de Bardo Pond voir même à Gilmour des Floyd. Pendant près de dix minutes the true call  nous fait entrevoir les abimes d'un cerveau drogué et flippé à grand renfort d'effets de réverbération sur les solos spacieux de guitares un tant soit peu torturées. Le morceau continue ainsi à l'infini, du moins le croit-on, puis s'achève de façon assez brutale.

Lorsque débute le second morceau, on se retrouve également paumés. Pendant trois minutes, c'est Ved Buens Ende qui s'invite à la table. La frappe est sèche, rapide,  les guitares tranchantes. Puis au bout de deux minutes la frappe ralentit, le morceau se met en place.  La guitare devient plus lourde, épaisse, moins bavarde. Le funeral reprend ses droits, son schéma classique. Voix sépulcrale, rythme anémique, batterie d'une lourdeur incommensurable. Toujours traité en revanche via le prisme du psychédélisme avec en arrière fond un mur de guitares ressemblant au bourdonnement d'une ruche prenant de plus en plus d'importance au fur et à mesure de la progression du morceau, le destructurant, l'éclatant en mille morceaux. La colonne vertébrale de doomed to sin reste la même quasiment tout le long du morceau, mais tout ce qui en faisait la chair s'éparpille, vole littéralement en éclat. Elle finit tout de même par lâcher voir s'effondrer, épuisée,  pour ne plus finir que par le mur de larsen formé par les guitares.

L'album se clôt sur un planet is sick doomesque en diable et fort peu funeral. Le pouls s'est en effet accéléré, les voix ont repris du poil de la bête, le mur de guitares est bien plus présent que sur les autres morceaux et les guitares claires égrènent leurs arpèges suivant une logique droguée. Planet is sick calme le jeu  au bout de neuf minutes de tarés puis repart plus malade que jamais formant un mur du son des plus impressionnants Envahissant la pièce, bourrée d'infrabasses,de guitares sous acides qui n'en finissent plus de monter au delà de cieux complétement cramés par l'abus de drogues, planet is sick finit par achever le plexus de l'auditeur qui n'en demandait peut-être pas tant.
Toujours est-il que je vais avoir un mal de chien à redescendre, à passer à autre chose. J'attendais saivo de Tenhi comme le messie pour cette année 2011 et le voilà détrôné par un album que je ne connaissais ni Dave ni des dents. Une claque monumentale en somme qui me rappelle celle que je m'étais prise il y a cinq ans avec le pillars de Fleshpress. C'est dire.

la saloperie du dimanche

Cette saloperie n'appellera aucun commentaire de ma part.
Enfin presque : je me demande seulement si je dois remercier ou maudire celui qui m'a filé ce lien.
Julien, si tu me lis, sache que je ne te dis pas merci  Parce que là c'est tout de même limite pas humain hein.


En même temps vu ce que je me réserve pour les deux prochains dimanche, je me dis que François Juno reste tout à fait audible.

jeudi 24 novembre 2011

all apologies

Sous cette subtile référence à in utero de Nirvana se cache en fait une note dans laquelle je ferai mes plus plates excuses pour avoir douté du talent de Daniel Darc. Pourtant ça commençait mal. Son single c'est moi le printemps laissait présager un album dans la veine des deux autres. L'extrait présenté au fou du roi, la taille de mon âme (seul au piano) se fourvoyait dans le ridicule de façon éhontée. C'était donc bardé de préjugés et prêt à refaire fonctionner ma main que je commençais l'écoute de la taille de mon âme.
Et vous savez quoi ? Ben je ne vais pas lui présenter mes complètes excuses. Faut pas déconner non plus. Daniel Darc fait du Daniel Darc et ça reste parfois insupportable. Néanmoins il y a de franches réussites. Si si, je vous jure. Mais il faut les mériter. Parce que la taille de mon âme n'est pas une pute, il suffit pas d'allonger les biffetons pour avoir une passe. Loin de là.
Après s'être fadé les six premiers morceaux, oscillant entre les très mauvais (c'est moi le printemps ou comment faire une chanson avec rien), le mauvais (ana), le moyen (c'était mieux avant morceau compilant tous les tics insupportables de Darc mais avec un recul, un humour salutaires) et le pas mauvais (l'étonnant la taille de mon âme, paroles ridicules certes mais musique superbe, très proche de ce que pouvait faire Jean Bart sur ses premiers albums), l'album décolle après la première variation. A partir de là s'ensuit trois excellents morceaux (l'intime vers l'infini, les très gainsbourien my baby left me et surtout le magnifique seul sous la lune, comme échappé de melody nelson) puis d'autres à peine moins excellents. Le niveau en aucun cas ne faiblit ; au pire c'est très Benjamin Biolaysque ( quelqu'un qui n'a pas besoin de moi) au mieux ben comme je l'ai déjà écrit plus haut, c'est du niveau d'un Gainsbourg en forme. La taille de mon âme s'achève même sur un presque magnifique sois sanctifié, malheureusement bouffé par les tics ridicules inhérents au style Darc à partir de la cinquième minute. Chassez le naturel....
N'empêche : je ne sais pas si c'est le départ de Frédéric Lo qui a boosté Darc mais me concernant il s'agit là d'une des plus grandes surprises de cette année. L'impression que j'ai de la taille de mon âme est celle-ci : Darc a enfin troqué ses habits de rocker/poète maudit pour ceux, plus amples de songwriter, d'artiste de variétoche (dans le sens noble du terme, comme Daho peut être un artiste de variétés) acceptant son âge, ses faiblesses, s'acceptant enfin, nu, sans oripeaux. La mue est magnifique, pas complétement terminée mais donne envie de découvrir ce qu'il adviendra de Darc dans quelques années. Pas un mince exploit ma foi.
Après ce miracle, reste plus qu'à attendre de pied ferme le nouvel album d'Abd Al Malick. Sait-on jamais.



mercredi 23 novembre 2011

Awesome Tapes From Africa

Aujourd'hui saluons l'initiative d'un bloggeur/DJ comme il se doit :
Ce mécréant, cette enflure, cette souillure, ce flibustier, que dis-je ce pirate s'est mis en tête de partager sa passion pour la musique africaine. Tout d'abord en créant un blog dans lequel il exhume des trésors musicaux uniquement publiés sur cassette et sortis sur le continent africain. Il ose même, cette raclure, riper ses cassettes en mp3. Bref :  il permet au pékin moyen un tant soit peu curieux d'accéder à une certaine culture.Vous rendez-vous compte ? Grâce à lui, enfin : à cause de lui, le bas peuple a accès à la culture, au savoir, à des beautés qui, en y réfléchissant bien, ne l'intéressent pas ou ne doivent pas l'intéresser. Manquerait plus qu'on l'éduque le peuple tiens.
Mais bordel de dieu, faites moi coffrer ce dangereux gauchiste.
Heureusement, car il faut une morale, ce DJ vient enfin de rejoindre le grand capital. En créant un label avec lequel il va pouvoir se faire plein de flouze, d'oseille, de pognon sur le dos de ces soit-disant artistes, chanteurs ou je ne sais quoi encore. Mais doit-on qualifier d'artiste un illettré qui souffle dans un tube pour en produire des sons inaudibles ?? Doit-on appeler artiste un dangereux islamiste psalmodiant des paroles incompréhensibles à nos frêles oreilles ? ?? je vous le demande tiens. Mais je m'égare. Toujours est-il que ce gauchiste a créé son label et sorti sous toutes les formes (K7, cd, mp3, vinyle) un enregistrement que je qualifierai humblement de dispensable.
Sincèrement : qui ici en a quelque chose à foutre de Nâ Hawa Doumbia ?? La sortie de la grande cantatrice malienne vol 3 sert à quoi ?? D'un point de vue artistique : à rien. D'un point de vue économique en revanche, ça se discute. Sachant qu'il a du racheter les droits trois fois rien, que la soit-disant artiste n'est au courant de rien, il lui suffit seulement d'en vendre une poignée pour se faire un paquet de pognon inimaginable. Pas con le gars quand on y pense.
Toujours est-il qu'on n'en a pas grand chose à foutre de ce label Awesome Tapes From Africa et que des sorties comme celle-là ne servent à rien.
D'ailleurs je viens d'avoir un mail de Florent P. qui me dit que son nouvel album est fin prêt. Enfin de la vraie musique faite par de vrais musiciens pour de véritables mélomanes.

PS :vous n'êtes pas obligés de croire les propos émis ci-dessus par mon ça. Mon surmoi venant de prendre quelques jours de vacances, mon ça s'est cru obligé de prendre les commandes de ce blog. Il revient tout juste et ne peut que constater les dégâts. J'en suis le premier désolé. L'album deNâ Hawa Doumbia est magnifique et le blog awesome tapes from africa, une mine d'or musicale.En espérant qu'il y ait d'autres sorties derrière.

mardi 22 novembre 2011

Vektor

Allez, Satan, fais pas la gueule. Je te jure, je vais faire une note sur ta musique de prédilection.
Fais pas la gueule je te dis.
Ta note, je vais la pondre, mais pas sur les groupes dont j'ai parlé hier.
Point encore.
Point de note sur Esoteric ou Blut Aus Nord. Non, mais une note sur un groupe qui avait produit un de mes albums de l'année en 2009. Black future. Du technical trash metal pas piqué des hannetons mâtiné de progressive pour un album à faire revenir la moitié de la population parisienne à la vie et faire accéder au trône suprême le sieur Tibéry.
Vektor remet donc les couverts ce 22 novembre avec un outer isolation dans la même veine que leur black future. A savoir un chant hurlé/crié/beuglé sur une musique à faire passer les Pixies énervés pour des joueurs de funeral doom sous tranxene. Un truc très technique en effet, avec très beaucoup de guitares rythmiques  sursaturées jouées très vite, suivies de près par une batterie survitaminée pratiquant le changement de rythme comme une puce le saut en hauteur, suivies d'encore plus près par un guitariste solo qui soloïse à tout va ans pour autant étaler sa technique. Ca headbangue dans tous les coins, ça saute partout, ça crache sa haine ou son amour à Satan (c'est au choix) à chaque cri prononcé par le hurleur en chef mais c'est PU-TAIN D'E-FFI-CACE !!!! La grande qualité de Vektor à mes oreilles et ce qui me tient de cerveau  cramé, reste que sa musique, malgré la complexité apparente de la chose (avec changement de rythmes, d'accords, toute les dix secondes au moins), est d'une lisibilité remarquable. Accrocheuse, mélodique, outer isolation c'est le plaisir immédiat à portée d'oreilles. Vektor se joue de tous les clichés trash/death metal : sur outer isolation le morceau qui donne son titre à l'album, le solo arrive à point nommé,lors du seul moment calme du morceau, cherchant à étaler sa science, stratosphérisant dans les aigus comme un vulgaire Europe ou Scorpions mais se retrouve vite balayé, d'un revers de rythmique lui fermant définitivement son clapet pour mieux repartir à fonds de cale dans un chaos limite indescriptible. Tous ces changements pourraient être fatigants, pénibles à écouter mais non, on se marre, on joue à se faire peur comme si on se retrouvait à bord d'un wagon de train fantôme.Lui même égaré dans une montagne russe.
C'est extrêmement bien foutu, ça joue vite, très vite et au vu de la qualité du truc, ça pourrait bien devenir une nouvelle référence en matière de trash/death metal au même titre que le spectrum of death de Morbid Saint ou le sound of perseverance de Death. Pourtant, Satan sait que je ne suis pas un mordu de trash, ce genre de disque aurait même tendance à me gaver : trop de technique, trop speed, trop caricatural pour moi voir limite comique. Mais là, force est reconnaître que Vektor fait parti des exceptions sus-citées.
Bon alors Satan, heureux ???
Pas tout à fait ??!!!
T'inquiète, je prépare deux notes à ta gloire d'ici peu.

lundi 21 novembre 2011

50 words for snow

C'était armé d'une volonté de fer que je comptais écrire une note sur le dernier Esoteric. Vraiment. Je m'étais préparé, avais sorti le dico à superlatifs, celui des synonymes également, mon clavier s'apprêtait à recevoir mes frappes chirurgicales avec une joie sans égale. Tout était prêt pour la grand-messe noire.
Mais non.
Entre temps une grande prêtresse a décidé de bouleverser l'ordre établi. Elle s'est ramenée comme ça, sans crier gare, c'te garce. Elle m'a pris par surprise, a jeté son dévolu sur ma pomme avec un concept-album. Vous savez, un truc pensé de A à Z sur un thème précis. Avec des paroles qui ont du signifiant selon le thème abordé et une musique généralement plus pensée que les paroles encore. Souvent, de mon point de vue s'entend, le concept-album est synonyme de pensum masturbatoire inutile et vain fait par des musiciens en mal de crédibilité.
Néanmoins il arrive parfois que certains soient réussis. C'est le cas ici avec le 50 words for snow. Le nouveau Kate Bush. Je dois vous avouer  une chose tout de même : c'est à reculons que j'y suis allé. Son director's cut de cette année m'ayant quelque peu refroidi. Mais... c'est Kate Bush. Pas un seul véritable mauvais album au compteur. Un retour remarqué et remarquable il y a six ans après douze ans d'absence avec aerial. Et six années d'absence pour  revenir enfin avec une création originale (director's cut ne compte pas, ré-arrangement de ses anciens titres). Sur la neige.
Comment décrire 50 words for snow,  la beauté de ces sept chansons sans paraître trop con, trop cucul. Je préfère botter en touche, laisser ça à d'autres qui le décriront mieux que moi. Ils parleront mieux que moi de cette sobriété remarquable, de ce piano obsédant, de pureté. De ces voix également, celle de Bush, parfaite et de ses invités (Elton John notamment : d'une gravité, d'une dignité, d'une sobriété que je ne lui connaissais pas). De ces arrangements délicats, de cette pop empreinte d'une douceur jazzy . De ces titres qui prennent tout leur temps pour se développer, s'épanouir. De la liberté qui est sienne et qu'elle embrasse plus que jamais à pleine bouche. De cette analogie que l'on peut faire entre le Scott Walker de tilt et 50 words. Mais aussi, de mon point de vue, celle faite également avec Joanna Newsom. Le succès, critique autant que commercial, de have one on me a permis à certaines artistes de pouvoir s'exprimer librement avec des morceaux de plus de dix minutes. Et, curieusement, si les morceaux de 50 words sont très longs, on en retient surtout le dépouillement, l'abstraction.
Non , je le répète,  je n'en parlerai pas. Pas suffisamment qualifié pour ça.
Je ne dirai à son propos qu'une chose :  je ne puis dire combien de mètre cube de neige Kate Bush s'est mise dans le pif pour pondre un tel album mais je ne peux que l'encourager à recommencer.
Une dernière chose encore : va falloir arrêter de sortir des disques de cet acabit cette année parce que Satan commence un peu à faire la gueule. Lui qui m'a ordonné de pondre des notes démentielles sur le Esoteric, le Blut Aus Nord et le Haemoth commence à fumer. Vous me direz, un peu de neige sur la tronche ça va le calmer. Ça tombe bien, j'ai justement un album qui pourrait  lui convenir.

dimanche 20 novembre 2011

la saloperie du dimanche

La semaine dernière un traître m'a odieusement calomnié. En insinuant que je n'étais pas humain. La raclure. M'en vais te lui en donner de l'humanité moi. En lui faisant amèrement regretter ses paroles blasphématoires et impies. Si pour lui ma maison est un titre frisant l'inhumanité que dire de ce que je vais lui proposer.
Vous connaissiez Herbert Léonard et sa douce subtilité.Ce rimbaud de l'érotisme torride. Sachez que sa petite soeur (j'en sais foutre rien mais disons que c'est pas possible autrement), Anne,  a sorti quelques titres qui  feraient passer Bézu pour un mix improbable entre Gershwin et Dylan. C'est dire le niveau de la chose.
Vous vous demandez comment c'est possible ?  Allez sur la vidéo en-dessous, cliquez sur play et là vous pourrez effectivement dire que je suis inhumain. Un truc pareil vous ferait presque croire en Dieu tellement c'est................................. autre.
Rien que les paroles du refrain vous feront croire que Dieu est un grand malade pervers :
Je suis ta grenouille
Tu es mon crapaud [Coâ coâ coâ !]
Grimp'-moi, grimp'-moi, grimp'-moi sur le dos
On va faire des étincelles
Sur le bord de la margelle
On va faire tout plein d'enfants, comme nos grands-parents



mardi 15 novembre 2011

puissance et gloire

Avant d'attaquer deux notes métalleuses et vous faire chier avec ce genre si décrié, je m'en vais vous faire une note dithyrambique sur un gars passé totalement inaperçu ces derniers temps. Encore une me direz-vous. En même temps, pour les notes vachardes, c'est la boutique d'à côté.
Qui ici connaît Bill Mallonee ? Alors ???? Personne ???On fait moins les malins hein ?!!
Quand j'y repense c'est assez curieux que j'en touche quelques mots parce que lui et moi sommes loin d'avoir des atomes crochus. Très loin même. Ex membre du groupe Vigilantes Of Love (groupe apparemment capable du meilleur comme du pire créé dans les années 90), il officie dans le country/rock/alternative (jusque là ça peut encore aller ) tendance christique. Il met donc toute sa foi dans la musique qu'il créé. Bref : Bill Mallonee fait du rock chrétien. Deux termes qui me semblent antinomiques. Disons que l'image que j'en ai est loin d'être propice aux fantasmes : de jeunes éphèbes bien peignés, désespérément propres sur eux, tirés à quatre épingles, enfourchant leur vélo, prêchant la bonne parole en faisant du porte à porte  et faisant chier leur monde avec leurs guitares acoustiques et leurs chansons de merde lors d'improbables réunions sur la plage. Un cliché certes mais qui a la vie dure chez moi.
Mais je m'égare. Revenons à Bill Mallonee et son nouvel album. The power & the glory.. J'ai lu ça et là que Bill Mallonee était un des secrets les mieux gardés des states. Une sorte de chaînon manquant entre Dylan, Neil Young et Springsteen. Pour tout dire, à l'écoute de the power, j'y rajouterais également le gallois Mike Scott. Auquel les intonations de la voix de Mallonee me fait penser tout du long. Sinon ça donne quoi au juste, ça sonne comment ? Ben c'est pas si simple que ça. Mallonee réussit avec the power... un album très middle of the road. Un pied dans la FM de merde, un autre dans la country/rock, un autre dans l'indie ( c'est fou ce qu'il a comme pieds ce gars). Une musique simple, carrée, efficace, très abordable. De prime abord si on n'y fait pas gaffe, écouté comme ça d'une oreille distraite, c'est agréable mais commun. Presque banal. Voir limite rock FM.Presque à gerber quoi. Mais comme Over The Rhine, autre groupe jouant dans cette catégorie, à la différence près qu'eux s'attaquent au jazz, à la variète, c'est bien plus subtil qu'on ne le croit. Parce qu'en effet, s'il officie dans une sorte de rock FM, ce gars a musicalement l'étoffe d'un Neil Young. Le Neil Young country accompagné de son Crazy Horse, celui des années 70, à la différence que l'électricité chez Mallonee est domptée, apaisée (the shakers & the movers, parfait exemple de ce que pourrait faire Young si l'inspiration était encore à ses côtés) et sert des mélodies limites imparables. On a l'impression sur certains titres qu'il a invité les membres du Crazy Horse à faire les solos : c'est concis, sans fioritures ni verbiages, l'exact dosage entre technique et accessibilité.
Bon alors, on l'a bien compris jusqu'ici : Bill Mallonee c'est aussi bon que Neil Young, ça rappelle Neil Young mais ça n'est pas Neil Young. Mais les deux autres alors, qu'est ce qu'ils viennent foutre là ? De Dylan il a le côté traînant sans avoir l'accent de canard égorgé reconnaissable entre tous, de Springsteen le côté immédiat, énergique, FM sans être putassier. The power & the glory c'est la réunion au sommet de ces trois entités sans temps mort, rien.  Les morceaux s'enchaînent,  sans qu'un seul ne soit  faiblard, on assisterait même à une montée de qualité au fur et à mesure que ceux-ci défilent. Bon il y a ce côté FM qui peut gêner au début de l'écoute mais il s'efface progressivement, il finit par être un détail, tant on est pris par la qualité des compos.
Alors il y aura bien des pisse-vinaigres pour dire que ouais Mallonee c'est du rock FM, c'est sympa mais c'est un peu limite non ? Ben non. C'est pas l'album du siècle mais clairement un disque à côté duquel il serait con de passer, comme les albums d'Over The Rhine. De la variété rock/FM de qualité c'est suffisamment rare pour qu'on s'y attarde malgré tout.

P'tit pimmon

En premier lieu,  Tenhi : faisons une croix dessus, passons à autre chose.
En second lieu, il n'y aura pas de second lieu. On passe directement à autre chose.
Après deux échos satanistes endiablés il était temps, pour mes oreilles ainsi que le peu de neurones restant après ces écoutes démoniaques,  d'aller voir ailleurs. Notamment en Allemagne où officie l'excellent Pimmon. Qui, comme chacun sait ici, n'est pas allemand mais bien australien. Je vous livre un extrait du dossier de presse, extrait du magasine musique mon amour dont vous n'avez rien à foutre et je vous comprends fort bien  :
"Paul Gough alias Pimmon enchante l'électro depuis un peu plus de dix ans, ne sortant que chédeuvres sur chéduevres. Sa science des bips, des blings et des wizzzz ravira l'auditeur exigeant tandis que l'auditeur moyen fuira à toutes jambes devant un tel capharnaüm. Paul Gough est une sorte de Picasso de la musique électronique. Fracassant ses rythmes, tordant les beats..."patati patata....
Bon ok, j'avoue : l'écoute prolongée de métal entraîne de graves lésions. Notamment auprès du nerf auditif et son prolongement direct à savoir l'encéphale qui n'en demandait pas tant. Mais bon, autant le dire tout net : ce n'est pas l'écoute de the oansome orbit qui va arranger les choses, bien au contraire. Non pas qu'il soit inaudible loin de là. Mais il provoque certains dommages irréversibles une fois l'écoute achevée. Dépendance, état de sidération limite catatonique,distorsion de la réalité, décrochage de machoîre avec passage obligé chez le chirurgien, paranoïa, émergence de psychoses latentes, érections capillaires multiples, j'en passe et des meilleurs. Un cas similaire avait été signalé il y a déjà vingt ans. L'auteur de ce coup d'éclat s'était grillé les neurones et n'a jamais été capable de rééditer cet exploit voir même de refaire quoi que ce soit derrière. Kevin Shields si tu me lis, ce qui est peu probable, sache qu'on pense toujours à toi. Et que tu n'es plus seul. Paul Gough en effet vient de te  rejoindre dans la catégorie bâtisseurs de beautés extrêmes. Seule la technique change : Gough ne joue pas de la guitare, seulement du synthé et du PC. Mais le résultat est à peu de chose près aussi sidérant. Gough est une sorte de magicien du son, capable de construire des édifices éclatants sur une matière plus que mouvante, de bâtir un monde parallèle à base de chaos tout en faisant preuve de cohérence. Comme Shields lors de loveless, il parvient à habiter l'espace, se l'approprier entièrement et le reconfigurer à sa manière. Si je devais faire un parallèle avec le cinéma, je dirais que Gough a réussi sur oansome orbit ce que Tarkovski expérimentait et réussissait sur tous ses films : à prendre un matériau commun et en faire quelque chose d'unique. Comme chez Tarkovski la notion de temps n'a plus lieu d'être; il a beau être trituré,étiré, il passe comme un souffle. Comme chez Tarkovski, Gough parvient à extraire la beauté, le mystère d'une matière particulièrement rebutante.
En somme Pimmon sur the oansome orbit, c'est un peu le haut du panier en matière d'expérimentation sonore. A ranger près du bone tree soundtracks vol I de U.R.I, de n'importe quel disque de Troum ou de Coil. Bref,si vous n'êtes pas complétement décérébré, comme je peux l'être parfois, vous aurez compris que the oanesome orbit devrait en toute logique terminer assez bien placé dans ma liste de fin d'année. Et ce n'est rien face au mastodonte qui arrive et que je m'apprête à chroniquer d'ici peu : paragon of dissonance des monumentaux Esoteric (qui, lui, devrait truster l'une des trois premières places du meilleur album 2011, si ce n'est la première). Bon, sur ce je plie les gaules, fais mon deuil du catastrophique myrrhmanthon et vais me refaire une piqûre d'Esoteric pour m'en remettre. Et si ça ne suffit pas je m'enverrais la discographie complète de Pimmon.



dimanche 13 novembre 2011

la saloperie du dimanche

Suite au Myrrhmanthon mis en oeuvre hier et pour lequel personne n'a répondu, je me rends compte que :
-soit vous êtes toutes et tous des crevures que la dette grecque a atteint de plein fouet avec des oursins plein les poches et dans ce cas je ne vous félicite pas.
-soit vous êtes d'une timidité maladive et dans ce cas n'ayez aucune crainte, vos dons seront investis dans un placement sur : la caisse à vinyles en bois.
-soit je n'ai pas d'amis. Comme quoi la virtualité ne fait pas le bonheur.

Pour  laver mon honneur de ce putain d'affront reçu de plein fouet, il faut une saloperie taille XXL. Il faut au moins  ma maison d'Anne Loric. Chanson néo-réaliste revisitant Brel façon Lalanne sur une musique néo-eighties revisitant le répertoire classique de Frédéric François façon Richard Sanderson ( oui vous avez bien lu : Richard Sanderson, l'immortel chanteur de sublimissime reality tiré du non moins indispensable film de toute une génération : la boum). Avec ça, si vous ne comprenez le désarroi dans lequel je viens de tomber je ne peux plus rien pour vous.

PS : vous n'êtes tous qu'une bande de crevures, je vous hais.

vendredi 11 novembre 2011

J'en appelle à votre générosité

Oui, vous, formidables lecteurs de ce formidable blog qui est le mien. J'en appelle à votre générosité.
Pour quoi faire me demanderez-vous ?
Ces crevures de Tenhi sortent fin novembre un nouvel album. Attendu pour ma part depuis la claque prise en 2006 avec maaäet, chef d'oeuvre increvable, saivo sort donc le 25 novembre prochain.
Mais là n'est pas l'objet de ma requête.
Enfin si.
Ou non.
Bon que je vous explique : Tenhi sort donc saivo ainsi que l'intégrale de leurs albums en vinyle dans un coffret en bois de toute beauté. Une édition limitée à 500 exemplaires. Description ci dessous donc :

In tandem with "Saivo", November 25 will also see the release of an opulent wooden box including Tenhi's collected works on vinyl. The 33x33x7 cm sized box is limited to 500 copies only. It is made of heavy birch wood and the top comes ornated with a branded Tenhi logo and "The Collected works". Apart from all Tenhi releases in their vinyl version (see below) the box also features a 160(!)-page and approx. 21x15 cm sized book including selected full-color and black/white graphics of all Tenhi album artworks as well as all lyrics and liner notes. Also included are posters of all Tenhi cover artworks and a numbered and handsigned authentication certificate.

Included vinyl:
- Kauan (LP)
- Väre (LP)
- Maaäet (2LP)
- Airut:Aamujen (LP)
- Folk Aesthetic 1996-2006 (3LP)
- Saivo (2LP)

Ma requête est simple : l'objet, de mon point de vue, me coûterait au moins un bras et deux jambes. Sachant que j'en ai encore besoin, je fais donc appel à votre générosité. Vu le nombre de lecteurs, qui augmente de façon exponentielle chaque jour, je ne demanderai qu'une petite cinquantaine d'euros par personne. Ce qui n'est rien, vous en conviendrez.
Le prix de l'objet ? 150 €.
Pour vos dons, me contacter via les commentaires.
MERCI.



Tenhi - Saivon Kimallus / Siniset Runot from Tyko Saarikko on Vimeo.

Grandaddycool

11 novembre 2011.
Aujourd'hui : hommage capillotracté d'une pertinence rare à tous les chevelus de tous poils tombés pour la France.
Néanmoins l'interrogation existentielle du jour restait : Que faisiez-vous à 11h11 ce 11/11/11 ?

mercredi 9 novembre 2011

SATAN...

Sale temps pour les satanistes en ce moment. Après Fleshpress et son acide mouth strangulation de feignasse ( quatre ans pour accoucher d'une telle daube, ça en frise l'indécence), c'est au tour de Wrest de vouloir faire dans la ligne claire. Wrest, comme chacun sait, est le leader de Leviathan. Leader par ailleurs incontesté puisqu'il en est le seul membre. Il faut savoir que le groupe, enfin Wrest,  en a eu marre de lui-même et a splitté en 2007. En 2011, rendons gloire à Satan. Après moultes tractations occultes Wrest s'est enfin réconcilié avec l'autre partie de son groupe, à savoir lui-même, et a décidé de remettre les couverts.
Manque de bol pour l'auditeur qui espérait un album malsain, crade, flippant, du Leviathan quoi,Wrest, via Spielberg, a découvert Hergé et toute sa filiation. Puis s'est dit : et si j'appliquais ça au métal ? Idée certes sympathique mais quelque peu hors-sujet. En effet true traitor, true whore aurait pu être un excellent album de Leviathan. Il en a les atours, l'énergie, les compos sont présentes mais je ne sais pas ce qui a pris à Wrest de vouloir épurer sa musique, en dégager le côté dark ambient pour se concentrer seulement sur le black metal. Peut-être pourrons-nous supputer que la séparation d'avec lui-même en 2007 fut d'une violence rare et lui a grillé quelques neurones malades. Pour autant il en résulte un bon album de black metal, violent, mélodique parfois  mais un album moyen de Leviathan. Trop carré, trop lisible à mon goût, il réserve certes de belles surprises (ces moments de calme jazzy sur brought up to the bottom) mais le dark ambient pratiqué anciennement par Wrest hissait (si on peut dire) son black metal vers des bas-fonds malsains qui rendaient sa musique unique. True traitor true whore se contente juste d'être ordinaire. Efficace, très efficace même, mais ordinaire

Ce qui n'apparaît pas très évident pour qui ne connaît pas les travaux précédents du sieur. N'importe qui prenant le train en marche se dira que c'est inaudible. Je rétorquerai à cette sentence fallacieuse, dénuée de tout fondement, que true traitor est l'album le plus simple, le plus abordable de Leviathan. Ce qui est un bon début ma foi. Chaque nouvelle écoute (je dis ça pour celui qui serait assez maso pour en entamer plusieurs écoutes) vient en fin de compte contredire la méforme apparente des glorieux satanistes comme je le disais en débutant cette note. Du moins celle de Leviathan.  Parce que pour les corses léthargico-finlandais de Fleshpress, c'est mort.


lundi 7 novembre 2011

acid mouth strangulation

-Bon les gars, c'est pas le tout mais va falloir s'y remettre. Quelqu'un a une idée ?
-euhhhh
-nan sérieux, va falloir trouver quelque chose. Ca fait quatre ans qu'on a rien glandé va falloir qu'on en remette un coup. Il paraît qu'on a des fans.
- Ah bon ?
-Ben ouais. Quelqu'un a une idée ?
-non et toi ?
-non plus.
-on fait quoi alors ?
-ben on branche les guitares,les amplis, la batterie, la basse, le chant et on verra bien hein.
-ouais.
-quelqu'un a une idée ?
euhhhh
-on joue ??
-Paulo,tu enregistres là ? parce qu'on va commencer et on ne sait pas trop ce qui peut en sortir.
-Ok les gars; c'est bon allez-y, c'est parti.

une demi-heure passe.

-bon...ben...on a trois morceaux là. Vous en pensez quoi ?
-euhhhh
-quelqu'un a une idée ?
-Paulo t'en penses quoi ??
-bon les gars j'ai pas que ça à foutre, j'ai des courses à faire, le linge à étendre. A l'occasion faut aussi que je fasse la vaisselle. Donc si vous pouviez vous magner le tronc j'en serais fort aise.
-bon ben......... ça va faire.Quatre ans, trois morceaux, une demi-heure. Faut pas déconner non plus hein. On a tout donné sur pillars, on a même certains fans qui nous disent  qu'on a sorti ce qu'il y a de meilleur en matière de sludge/doom.Donc.....
....on peut se la couler douce en sortant un truc mou du genou, sans aucune tension, caricatural comme on vient de le faire là. Nos fans sont tellement cons qu'ils n'y verront que du feu de toute façon.
-on peut dire ça comme ça.
- Mouais. Paulo, fais écouter les bandes.

L'enregistrement passe. Arrêt au bout de deux minutes.


-Ok, c'est trop dégueulasse au niveau son. Aseptise moi tout ça tu veux bien ?
-mais je fais comment ? Il y a déjà aucune dynamique, pas de profondeur dans ce que vous venez de faire, je peux pas faire pire ???!!!
-mais si, applique toi. C'est trop crade là, lisse moi tout ça au maximum.
-Mon dieu. Ca va être une catastrophe.  En même temps dans cinq minutes j'ai terminé. Donc...

dimanche 6 novembre 2011

la saloperie du dimanche

Vous connaissez Felix Gray via l'immortel duo qu'il avait commis dans les années 80 avec l'immortel Didier Barbelivien : à toutes les filles. Vous vous souvenez également de  l'hymne du très rock'n'roll Mitterand : il faut laisser le temps au temps. Mais connaissiez-vous le reste de l'oeuvre légendaire de ce musicien d'exception ?
Evidemment, si je pose la question c'est que j'en connais la réponse.
Non.
Alors pour vous aider dans votre quête de la spiritualité de droite, je me dois d'être votre Jesus Christozy, vous illuminer lors de votre chemin de croix. Pour ce faire, je vous propose le besta du grand Félix : la gitane.
Ecoutez, admirez. Du rock chrétien UMP comme on en fait plus.

lundi 31 octobre 2011

the place to be...

...c'était hier, aux rockomotives de Vendôme. La reformation de Diabologum.
Bon dieu que j'aurais aimé y être.

dimanche 30 octobre 2011

la saloperie du dimanche

On comprend mieux les pétages de plomb en direct de ce merveilleux auteur/compositeur/interprète/présentateur. A l'écoute de ce chédeuvre aux paroles d'une profondeur inégalable et inégalée (ses cheveux étaient noirs de la couleur de l'espoir), à la musique digne d'un générique de Maritie et Gilbert Carpentier et aux vocaux à faire pâlir de jalousie Daniel Johnston, je ne peux que m'incliner. Je rends les armes. Trop de beauté tue la beauté.

samedi 29 octobre 2011

la coquille du jour

probablement un album de merde, basé sur du vent ou qui annonce la fin d'une constipation passagère:
Plaid.
Je ne vois guère que ça pour expliquer cette coquille (qu'on pourrait élégamment traduire par  : c'est l'heure d'aller chier)

vendredi 28 octobre 2011

silent cut

mais que va devenir ce pauvre Mark Hollis ??? Après cette fin houleuse, remettra-t-il les couverts ? ou se retirera-t-il à jamais lors d'une procession religieuse pendant laquelle la foi est venue le trouver, l'extirpant sans remords d'une vie dissolue ? Toutes ces interrogations trouveront une réponse ici, dans la note qui suit :


Sur une demande pressante, et non parce que l'album est magnifique bien entendu, je me décide à chroniquer le Mark Hollis. Il est vrai que je me suis posé la question quant à cette chronique. Pourquoi chroniquerais-je Hollis et pas Heligoland ou O'Rang ? Les deux autres sont des albums de Friese-Greene pour Heligoland et Harris et Webb pour O'Rang. La réponse est simple: je connais mieux le Hollis qu'O'Rang (dont les deux albums sont à découvrir) et pas du tout Heligoland. Or donc, Hollis a un contrat avec polydor le liant pour deux albums. Le premier, le laughing stock de Talk Talk sorti en 91, il lui en reste un à sortir (logique me direz-vous). Il demande donc à Phill Brown de le produire avec les mêmes libertés que pour le dernier Talk Talk. Sorti en 1998, il aura fallu 7 ans à Mark Hollis pour panser les blessures qu'auront laissé Talk Talk. Un silence de 7 ans et 20 secondes pour débuter cette ode au silence. Pour bien se démarquer de Talk Talk ou peut-être pas, l'album commence donc par un silence de 20 secondes (comme myrrhman) et un rappel au 3ème album:  the colour of spring. Débuter ce disque par ce titre ne peut être qu'une provocation ou alors une façon de dire : Talk Talk c'était moi et personne d'autre. Maintenant que je viens de l'enterrer avec ce morceau, je prends le commandement de l'album et ce sera un album de Mark Hollis que vous écouterez point final. En effet, l'objet en question ne peut être qu'un album de Hollis. Entièrement acoustique, enregistré avec deux micros stéréo, que dire de plus ? Que l'album a beau avoir un format pop : 8 chansons pour 46 mns, il a plus à voir dans l'esprit avec le jazz ou le classique voir le folk que tout ce à quoi a pu être affilié Hollis jusque là. Il creuse dans cet album ses obsessions pour le classique, le jazz, voir l'expérimental ou le free-jazz. Il suffit d'écouter a life (1895-1915) pour s'en rendre compte : le quartet de bois renvoie au classique, la basse quant à elle renvoie au jazz et les percussions, les choeurs à l'expérimental. Ce qui est extraordinaire c'est que tout cohabite sans que l'un ou l'autre des styles ne prenne le dessus, tout ici coule de source, paraît naturel. 41O6SiYLWOL._SS500_.jpgA croire que le silence arrive à lier tous les styles évoqués ci-dessus en une seule entité. Le génie de Hollis est justement de faire du silence le principal instrument de cet album. Plus que tout au monde, il est présent et Hollis lui rend le plus grand hommage qu'un musicien puisse lui faire. Bon, entrer dans cet album n'est pas chose aisée, il faut accepter de se laisser bousculer par ses silences, ses directions parfois contradictoires, cette sorte de statisme, ce parti-pris très personnel de voir la musique. Il faut accepter cette acoustique qui donne l'impression que l'album a été enregistré dans la pièce où on est, comprendre que la musique n'est pas futile mais nécessaire, qu'elle invite ici à la confidence, au recueillement. Mais attention ce disque est tout sauf austère ou aride. Il demande énormément à l'auditeur, de la patience de la véritable écoute mais une fois que l'on réussit à y entrer, il est d'une générosité extraordinaire. Il est certes moins immédiat que ceux de Talk Talk mais  tout aussi foisonnant, riche, et a une personnalité qui lui est propre. Beau, complexe, abordable, sans concessions il s'agit là encore d'un indispensable de la part d'Hollis. Album qui clôt un parcours exemplaire de la part de son auteur et qui va jusqu'au bout de sa logique : The colour of spring commence par 20 secondes de silence, A new jerusalem setermine sur 1' 40" de silence. Depuis......shhhhhh.
Au fait , juste une anecdote : sans Hollis et Talk Talk, Bashung n'aurait jamais fait l'imprudence. Lauging stock et spirit of eden étaient des influences revendiquées par Bashung lors de l'enregistrement dudit album. Rien que pour cela, je vouerai une reconnaissance éternelle à Talk Talk.

ba-da-boum

l'avant-dernier épisode de ce feuilleton arrive à grand pas. Mark Hollis va-t-il gagner contre les méchants ? Talk Talk se sortira-t-il de ce mauvais pas ?  Toutes ces interrogations trouveront une réponse ci-dessous. Alors...chut.....lisez et tremblez :


Comme vous avez pu le remarquer, j'utilise pour pseudo myrrhman. Mais, vous demanderez vous à juste titre, d'où vient ce nom sublime ?  Ce nom, marque de mon bon goût absolu, vient du premier morceau de laughing stock de Talk Talk. Album que je porte très haut dans mon estime, aussi haut que le spirit of eden bien sur. Or donc nous y voilà : il va falloir que je termine ma chronique sur Talk talk avec cet album merveilleux qu'est laughing stock. Comment vais-je pouvoir m'y prendre pour rendre justice à cette pierre angulaire qu'est devenu cet album ?
Je crois que je vais faire comme pour ma précédente note et parler de l'histoire plutôt tragique qui entoure cet album devenu légendaire. Allez, en gros, on prend les mêmes, à savoir Hollis, Phil Brown (producteur), Friese-Greene et Apsden (manager), les mêmes lieux (Wessex, à Londres), 7 mois d'obscurité, on fait mijoter tout ce beau monde ensemble et on obtient des dépressions, des mariages détruits et des abandons et à l'occasion un album unique. La communion entre Friese-Greene et Hollis est à son paroxysme, seuls eux savent exactement le son qu'ils veulent produire, les notes qu'ils jouent, les musiciens extérieurs commencent à les énerver, ne sachant pas exactement ce qu'ils devaient faire. TalkTalk pendant ces sessions ne se résumait plus qu' à Hollis et Friese-Greene jouant quasiment tous les instruments. Voici ce qu'en dit Friese-Greene : "Si vous voulez résumez TT, les premières minutes de Laughing stock expose ce vers quoi nous tendions. Mark et moi commencions à nous impatienter avec les [musiciens] extérieurs, c'était démoralisant. Alors soit on l'écrivait, soit on le jouait nous-même parce qu'on ne pouvait pas se tromper. On a joué sur des tas d'instruments qui ne nous étaient pas familiers, jouant dans la mauvaise clé, commençant au mauvais moment mais à tous les coups, c'était les meilleures prises. Cet album s'est construit sur des choses impossibles à reproduire." L'album laissera des traces indélébiles sur tous les participants : Paul Webb n'a plus joué de basse avant plusieurs années, Phil Brown et Lee Harris ont du suivre une psychothérapie de plus d'un an. Le pire dans cette histoire a été la relation entre Friese-Greene et Hollis: la fusion tout au long de l'enregistrement puisà la fin de celui-ci chacun est parti de son côté en se serrant la main et plus rien, fin de Talk Talk. Les deux ne se sont quasiment plus revus depuis cette poignée de mains. Conscients l'un comme l'autre d'être  parvenus au bout d'un processus créatif de longue haleine, hors du commun, de n'avoir plus rien à faire ensemble par la suite. La fin du groupe au plus haut de sa création.416VZEBA00L._SS500_.jpg
Voici ce que j'en disais sur X-silence il y a 4 ans : Ceux qui connaissent Talk Talk par l'entremise de "It's My Life" ou "Such A Shame" vous diront que c'est de la bouse. Infâme. Ils n'ont pas tort.
Ceux qui les connaissent par "Spirit Of Eden" et "Laughing Stock" vous diront que c'est peut-être l'un des plus grands groupes qui fût en activité au début des années 90. Sublime. Ils ont tout à fait raison.
Comme tous les grands albums, celui-ci ne comporte que 6 titres, fait à peine plus de 40 minutes et se trouve être une véritable pierre angulaire du rock des années 90. Sans "Laughing Stock", pas de Labradford, ni de Bark Psychosis et encore moins de Sigur Ros ou de Mogwaï.
Il s'agit d'un album de six titres, ou plutôt six pièces. Toutes en état d'apesenteur, tantôt mélancoliques, tantôt flippantes voir rageuses.
Etat des lieux donc:
"Myrrhman", 15 secondes de silence, apparition inopinée d'un bruit de batterie et démarrage de la chanson, l'impression d'entrer dans le disque par accident. Fin du morceau comme le début, 15 silencieuses secondes.
"Ascencion Day", l'ascencion la rage aux dents, toutes guitares dehors, bordel construit par couches successives jusqu'au cut final. N'aurait pas dépareillé sur Spiderland.
"After The Flood", ou l'état de grâce permanent pendant 10 minutes, piano d'une délicatesse infinie, batterie sortie tout droit de Can, bande passée à l'envers, bruits étranges, variophone bloqué sur une seule note lors du solo. Au concours de la chanson la plus délicatement barrée, on pourrait la trouver en bonne position.
"Tapehead", ou le négatif de "Ascension Day". La descente sans rappel ni torche au fin fond de la faille de San Andrea. Le flip absolu durant 7 minutes, la claustrophobie mise en musique.
"New Grass", ou le concept de la bulle de savon. La légèreté, l'apesanteur doublée d'une mélancolie tenace soulignée par un côté jazz.
"Runeii" signe la fin de l'album et par là même la fin du groupe. Il s'agit aussi du morceau le plus dépouillé de cet album, une voix une guitare et le silence, envahissant, omniprésent. Mark Hollis termine en murmurant et la guitare fait de même. La grâce absolue et la plus belle fin pour un album devenu une référence incontournable dans l'histoire du rock.
Je le pense toujours et pour moi Talk Talk est synonyme de groupe à part dans le rock. La plupart des groupes mettent tout dans leur premier album : leur génie, leur rage, et déclinent ensuite à force de vouloir ou non reproduire ca qui a fait leur génie. Talk Talk lui a fait l'inverse : un parcours complétement atypique qui les fait aller du sous-groupe de merde qu'ils étaient début 80 à la référence absolue à la fin de leur parcours. Tout ça du à la volonté de deux fous qui ont fait la musique comme eux l'entendaient en se foutant complétement des canons de la mode, en mettant leur obsession au premier plan quitte à ne rien vendre par la suite. Car laughing stock a réussi à faire pire en terme de ventes que spirit of eden, ce qui n'est pas un mince exploit.