Beach Boy avait déjà prévenu dans une de ses notes : le nouveau Mansfield.Tya vient de sortir.
Autant
le dire : j'étais aussi excité à l'idée d'écouter ce nyx que de
m'enfiler un verre de viandox en guise de café au petit-déj'. Leur
précédent effort malgré quelques morceaux remarquables m'en touchait
une sans faire bouger l'autre, déchiré que j'étais entre l'ennui, le
ridicule et la beauté qui se dégageait de seules au bout de 23 secondes .
Ne comprenant donc pas l'engouement de certains @mis pour ce
groupe.C'est donc, fort logiquement, avec une certaine appréhension que
je négociais l'écoute de Nyx, m'attendant à réprimer un bon paquet de
bâillements tout du long.
Il faut au moins reconnaître une vertu à
ce nyx, c'est d'être l'album le plus intrigant, déroutant même de cette
année 2011 dans la catégorie chanson française. Déjà elles sortent un
concept-album. Notion n'ayant plus court en 2011, qu'on aurait plus vu
en cours dans les années 70. En gros le concept est le suivant :
variations autour de nyx, déesse de la nuit liée au sommeil, au
sarcasme, tromperie, discorde, vieillesse entre autre réjouissances. Les
textes tournent donc autour de ces notions et donnent une tonalité très
très sombre aux chansons. Comme tout concept-album, il faut une bonne
part de prétention, une autre très bonne part d'expérimentations et une
autre, plus grande encore, de talent pour faire de cet album un édifice
cohérent. Le tout est de trouver le juste dosage. Vous vous en doutez,
si j'en parle ici, c'est que le dosage est pas loin d'être parfait.
Première évidence à l'écoute de nyx : par moment voir assez souvent, on
dirait du Camille. Mauvais point me direz-vous ? Dans le cas présent
non. Parce qu'être en groupe permet d'éviter le nombrilisme, les écueils
dans lesquels tombe justement Camille (le côté regardez comme je
maîtrise bien ma musique, que j'ai conscience de l'anormalité de
celle-ci, je suis formidable non ?), tout en conservant les mêmes
ambitions démesurées. An island in an island et au loin sont là pour
témoigner qu'on peut faire du Camille et être excellent. Bon point donc.
Le
cadre de l'album est très pop (une quinzaine de morceaux pour une
petite trentaine de minutes) mais alors le contenant est essentiellement
expérimental.Construit comme une pièce de théâtre avec une intro, deux
parties et une conclusion ( lorgnant plus du côté de Lynch que de
Feydeau ), nyx rappelle la grande époque de Saravah quand
Higelin/Areski/Fontaine gravaient sur microsillons leurs délires
musicaux. A la grande différence que leur délire ici n'est pas
anarcho-surréaliste mais aurait tendance à être surréalistico-malsain
(si tant est que ça veuille dire quelque chose). Lynch et son univers
sont omniprésents (la notte, animal et ses vocaux malsains en
introduction) celui de Claire Denis via trouble every day également et
ce à travers la pop baroque et sombre des Tindersticks qui hantent toute
la première partie. La seconde en revanche est beaucoup plus pop. Et
française. Mais pas moins simple et bien plus barrée. Entre une
relecture de Depeche Mode (cavaliers n'aurait pas dépareillé sur
violator), une ambiance B.O sixties (logic coco), un hommage à Björk
(des coups, des coeurs) et un titre que n'aurait pas renié Camille en
plus barré, Mansfield Tya se permet, sur quatre morceaux dans un format
de 2 mns chrono, de distendre la pop, la maltraiter pour mieux la
sublimer (ok, j'envoie mon C.V aux inrocks, si jamais ils cherchent un
remplaçant à Beauvallet, on sait jamais). Enfin vient Cerbère qui clôt
nyx de façon quasi parfaite. Comme dans la mythologie, il empêche
l'auditeur de s'échapper complétement de cet univers. Malsain au
possible, stressant, il conclut l'album sur une note solennelle qui fait
qu'on n'oublie pas de si tôt la demi-heure de folie qu'on vient de
passer en compagnie de Mansfield Tya
Au final Nyx apparaît comme
une entité malade, folle, créée par une sorte de Dr Frankenstein qui
aurait troqué ses outils chirurgicaux pour des instruments et aurait
appliqué à la lettre les préceptes enseignés par ces laborantins fous de
Saravah dans les années 70. Un des disques français les plus marquants
de l'année en tous les cas car le seul à vraiment allier prise de risque
maximale, univers singulier et accessibilité. Pour tout vous dire,
depuis que j'ai pressé play il y a deux jours, je n'ai pas réussi à
écouter quoi que ce soit d'autre.Je sais qu'une fois ma note terminée je
passerai à autre chose mais je reste persuadé que ça ne durera que deux
ou trois jours avant que l'envie ne me reprenne de l'écouter.Et de
replonger.
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