tout de suite, la suite de ce feuilleton passionnant :
Ah oui, c'est vrai : je terminai ma dernière note par un suspens
inouï : ça n'allait pas tarder à tourner à plein régime. Bon dieu,
quelle phrase !! quelle accroche !! Digne de la fin d'un épisode de la
première saison de 24, insoutenable quoi.
Oui donc je parlais de
la collaboration entre Friese-Greene et Hollis et laissais entendre que
le génie entre eux n'allait pas tarder à entrer par la grande porte. Si
le talent de Talk Talk était indéniable ( il en faut je trouve pour
pondre un titre aussi accrocheur que such a shame), on n'aurait
peut-être pas parier un kopeck sur le génie de ce groupe.
Et
pourtant... Quand sort en 86 l'album the colour of spring, il n'est
question que de cela. Voyons le d'abord comme un album de transition :
l'abandon pur et simple de la ritournelle électro pop au profit d'une
véritable instrumentation organique, du commencement d'une recherche,
d'une expérimentation digne d'un Robert Wyatt, d'un largage d'amarre
pour dériver là où bon lui semble en en ayant rien à foutre de ce que
pensent les autres. Transition encore dans la façon d'aborder la pop,
l'écriture des chansons, la production : Le groupe ne pense pas en
single comme l'espérait la maison de disque de l'époque (EMI qui n'a
d'ailleurs jamais rien compris au groupe, n'y voyant qu'une vache à lait
de plus alors qu'ils avaient de l'or en barre sous la main) mais en
terme d'album d'où des morceaux longs (6 morceaux sur les 8 font plus de
5 mns), complexes, faisant appel à certains musiciens de renom comme
Steve Winwood, accentuant le décalage entre leur image de groupe propret
et ce qu'ils sont réellement. Ajoutez à cela le rôle grandissant de Tim
Friese-Greene qui non seulement produit l'album, joue tout ce qui est
orgues, piano, variophone mais co-écrit également tous les morceaux,
devient le véritable alter-ego de Hollis, celui qui le comprend et qui
va influer sur le destin du groupe. Cest aussi le moment où Talk Talk
décide d'arrêter de donner des concerts, où le groupe ne se consacrera
plus qu'au travail studio mettant EMI dans l'embarras : comment faire de
la pub, récupérer du fric sur un groupe qui ne se produit plus sur
scène ? Tout cela donne un album magnifique, débarrassé du superflu,
trouvant le succès accidentellement. Album de transition avant le
naufrage (disons plutôt le suicide) commercial que sera spirit of eden.
Pourtant pour qui connaît cet album, il montre bien, sur plusieurs
morceaux, la direction que prendra le groupe 2 ans plus tard : april 5th
ou chameleon days réduisent l'instrumentation à sa plus simple
expression (voix, orgues, un dobro), tout en ambiance, en grâce fragile.
Si le succès est au rendez-vous avec life's what you make it ou encore
living in another world c'est par le plus pur des hasards car l'écriture
de Hollis/Greene se fout royalement des canons de la pop et ses
inspirations n'ont rien à voir avec l'époque et les groupes qu'il côtoit
comme Frankie Goes To Hollywood, Kajagoogoo, lui se situerait plutôt du
côté des auteurs classiques comme Debussy ou le jazz de Gillespie. La
production de cet album délaisse aussi complétement les canons de
l'époque: pour eux les synthés sont morts, vive les véritables
instruments !! Rien ne pourrait être pire pour eux que de coller au son
de leur époque, Talk Talk ne veut plus être associé aux années 80 et
s'emploie (remarquablement d'ailleurs) à devenir intemporel. En
utilisant d'un côté des intruments classiques comme le piano ou la
guitare acoustique mais en utilisant d'autres instruments plus
surprenants pour leur époque : un mellotron, un variaphone, des choeurs
d'enfant ou le Ambrosia Choir. Avec tous ces handicaps Talk Talk arrive à
vendre plus de 2 millions d'albums à travers le monde et offre à ses
auditeurs un album d'une richesse incroyable tant au niveau mélodique,
que du son. Leur premier chef-d'oeuvre était sorti et deux autres
allaient suivre...
Salaud, tu m'as devancé!
RépondreSupprimerl'avantage Mr AnonymEsther, c'est que je les ai déjà faites les notes. Deux ans, c'est suffisamment long pour que personne ne se souvienne d'elles :)
RépondreSupprimerM'en fous, je vais quand même faire un truc sur le Mark Hollis, et sur le nouveau Tom Waits.
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