C'était armé d'une volonté de fer que je comptais écrire une note sur le dernier Esoteric. Vraiment. Je m'étais préparé, avais sorti le dico à superlatifs, celui des synonymes également, mon clavier s'apprêtait à recevoir mes frappes chirurgicales avec une joie sans égale. Tout était prêt pour la grand-messe noire.
Mais non.
Entre temps une grande prêtresse a décidé de bouleverser l'ordre établi. Elle s'est ramenée comme ça, sans crier gare, c'te garce. Elle m'a pris par surprise, a jeté son dévolu sur ma pomme avec un concept-album. Vous savez, un truc pensé de A à Z sur un thème précis. Avec des paroles qui ont du signifiant selon le thème abordé et une musique généralement plus pensée que les paroles encore. Souvent, de mon point de vue s'entend, le concept-album est synonyme de pensum masturbatoire inutile et vain fait par des musiciens en mal de crédibilité.
Néanmoins il arrive parfois que certains soient réussis. C'est le cas ici avec le 50 words for snow. Le nouveau Kate Bush. Je dois vous avouer une chose tout de même : c'est à reculons que j'y suis allé. Son director's cut de cette année m'ayant quelque peu refroidi. Mais... c'est Kate Bush. Pas un seul véritable mauvais album au compteur. Un retour remarqué et remarquable il y a six ans après douze ans d'absence avec aerial. Et six années d'absence pour revenir enfin avec une création originale (director's cut ne compte pas, ré-arrangement de ses anciens titres). Sur la neige.
Comment décrire 50 words for snow, la beauté de ces sept chansons sans paraître trop con, trop cucul. Je préfère botter en touche, laisser ça à d'autres qui le décriront mieux que moi. Ils parleront mieux que moi de cette sobriété remarquable, de ce piano obsédant, de pureté. De ces voix également, celle de Bush, parfaite et de ses invités (Elton John notamment : d'une gravité, d'une dignité, d'une sobriété que je ne lui connaissais pas). De ces arrangements délicats, de cette pop empreinte d'une douceur jazzy . De ces titres qui prennent tout leur temps pour se développer, s'épanouir. De la liberté qui est sienne et qu'elle embrasse plus que jamais à pleine bouche. De cette analogie que l'on peut faire entre le Scott Walker de tilt et 50 words. Mais aussi, de mon point de vue, celle faite également avec Joanna Newsom. Le succès, critique autant que commercial, de have one on me a permis à certaines artistes de pouvoir s'exprimer librement avec des morceaux de plus de dix minutes. Et, curieusement, si les morceaux de 50 words sont très longs, on en retient surtout le dépouillement, l'abstraction.
Non , je le répète, je n'en parlerai pas. Pas suffisamment qualifié pour ça.
Je ne dirai à son propos qu'une chose : je ne puis dire combien de mètre cube de neige Kate Bush s'est mise dans le pif pour pondre un tel album mais je ne peux que l'encourager à recommencer.
Une dernière chose encore : va falloir arrêter de sortir des disques de cet acabit cette année parce que Satan commence un peu à faire la gueule. Lui qui m'a ordonné de pondre des notes démentielles sur le Esoteric, le Blut Aus Nord et le Haemoth commence à fumer. Vous me direz, un peu de neige sur la tronche ça va le calmer. Ça tombe bien, j'ai justement un album qui pourrait lui convenir.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire