samedi 13 août 2011

good vibrations

Certains albums vous prennent par la main, tout doux, vous (jean) amadouent (sans Mariam), vous cajolent dans le sens du poil dès les premiers morceaux. Vous vous attendez donc à quelque chose d'ordinaire, sympathique tout au plus. Puis au bout d'une dizaine de morceaux vous ne comprenez plus rien à rien. Paumés que vous êtes, déboussolés. Le truc confortable, gentil mais un peu fade des débuts  fait peu à peu place à un monde relativement incommode, instable. Quelque chose que vous n'avez pas, mais alors pas du tout vu venir. C'est le cas du bien (mal ?) nommé bad vibes de Shlohmo.
Henry Laufer alias Shlohmo, pour resituer un peu le gars, est un producteur américain officiant dans l'électro tendance glitch hop (combinaison de glitch et de hip hop, genre popularisé par Prefuse 73). Bad vibes débute par big feelings, tout doux, genre ok de Talvin Singh ou les productions lisses et sans saveurs de Nittin Sawhney, avec sample éthnique tablas indiens, zen attitude quoi. On s'attend donc à un album cool, limite lounge. Tendance confirmée par un places placide entre dub, glitch et club. La suite, très dubstep, pourrait faire croire que James Blake a pris le contrôle de la table de mixage. On retrouve toujours le glitch mais un nouvel élément fait son apparition : le silence. Et, bien entendu, celui-ci va bouffer tout l'album par la suite et le faire dériver vers autre chose. Et ce dès le cinquième morceau. On se retrouve dans des ambiances fantomatiques, étranges, plongés dans une sorte d'éther dans lequel n'importe quel mouvement nous coûte. Une pesanteur s'installe. La légèreté des débuts fait place à une certaine gravité, une mélancolie s'insinue (magnifique morceau électro-acoustique sink), d'autres instruments entrent en jeu, analogiques ce coup-ci (guitares acoustiques, électriques) et bad vibes gagne une profondeur qu'on ne soupçonnait pas. Il lorgne vers les terres d'un Labradford ayant trouvé une nouvelle équation : grands espaces ambient + dubstep  = éclate totale ( I can't see you I'm dead), va vers des contrées ambient flippante à la Ure Thrall à coup de distorsion de guitare électrique (trapped in a burning house), retourne vers un dubstep torturé, glaçant (get out) ou un dub experimental à la Forest Swords. L'album s'achève sur une note légère, apaisée, mélancolique, simple.Un peu comme les premiers morceaux mais lesté par une certaine gravité acquise au fur et à mesure du déroulement de bad vibes.
La grosse qualité de bad vibes, contrairement à pas mal d'albums, est de ne souffrir d'aucun temps mort, au contraire. Là où certains disques accusent le coup en plein milieu, alignant morceaux anecdotiques pour mieux repartir vers la fin, Shlohmo commence doucement et arrive au coeur du sujet juste un peu avant le milieu de l'album. A partir de là, il sort la foreuse et creuse comme un gros malade, asphyxie, étouffe l'auditeur, explore ces abîmes sans fond et ne lui fait reprendre l'air qu'avec les deux derniers morceaux.Pour un disque commençant de façon sympathique voir anecdotique, parvenir à un tel niveau de maîtrise au bout d'une heure n'est pas donné à tout le monde. Vous allez me dire : la Myrrhe tu déconnes, tu t'enflammes encore pour un disque qui ne passera peut-être pas la barrière fatidique des cinq écoutes. Tu viens de nous faire le coup avec Ivo Pelerman, War On Drugs, Barn Owl, Richard Buckner.
M'en tape, je prends un pied monstrueux à l'écoute de cet excellent bad vibes, quoi que vous en pensiez, et c'est bien là le principal. Et pour le reste : je vous emmerde.....et je rentre à ma maison. (on a la conclusion qu'on mérite quand on n'est pas spécialement inspiré )

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