On va la faire courte, simple, précise.
Ivo Perelman sort un nouvel album, the hour of the star.
Super.
Mais bordel c'est qui Ivo Perelman ????!!!
Comme chacun sait, Ivo Perelman est brésilien et saxophoniste pratiquant le free-jazz. Et surtout il vient de sortir, en quartet avec Matthew Shipp au piano, Joe Morris à la basse (ça ce sont des pointures ou je ne m'y connais pas) et Gerald Cleaver à la batterie, un album d'une grande beauté. Pour peu qu'on aime le jazz ou la musique en général. Parce que dans son incommensurable bonté, Ivo Perelman, et son quartet, s'est mis en tête de s'adapter aux crétins patentés et irrécupérables dont je fais parti afin de leur faire partager un peu de savoir et de talent. Vu mon niveau, c'était pas gagné d'avance.
N'empêche.
Tout le talent d'Ivo Perelman dans cet opus est de proposer à l'auditeur un free-jazz intelligent, intelligible, abordable. Souple, véloce tout en étant tendu, partant dans des directions inattendues tout en serrant la bride pour que ça ne se barre pas trop loin non plus. On sent derrière Ivo Perelman le trio entièrement dévoué à sa cause mais avec un objectif commun : rester abordable. Le troisième morceau, eleven, en est l'illustration quasi parfaite. Ivo Perelman s'aventure loin, très loin, soutenu par un trio qui, dès que celui-ci revient quelque peu frôler le plancher des vaches (ce qui n'arrive pas ou peu dans ce morceau par ailleurs), adoucit le propos en calmant le jeu, revenant parfois vers un jazz de forme classique. Là où c'est assez fort, je trouve, c'est que ce retour au classique, n'enlève rien à la puissance, à l'intensité du propos de Perelman, bien au contraire.Il prolonge la tension tout en permettant quelques pauses dans ce morceau monstre de quatorze minutes. Mais Perelman, entre deux furies free, sait aussi très bien jouer du silence. Pour preuve cette conversation entre saxo et piano lors du quatrième morceau, doux et rugueux. Cet équilibre illustre un peu ce qui fait le sel de cet album : un juste dosage entre tradition et modernité, musique savante voire d'avant-garde et musique populaire. Perelman s'adresse donc autant au cerveau qu'au coeur et ce en passant par les tripes. Le challenge était difficile et ce quartet a relevé le défi de façon brillante en faisant en sorte de ne pas laisser l'auditeur sur la touche à force d'expérimentations vaines et inaccessibles. Surtout quand on sait qu'il s'agit d'un album d'impros.
Pour un pauvre bougre comme moi qui n'y connaît pas grand chose à la grammaire jazz, ça relève un peu du miracle. Mais pour en arriver là, il a fallu tout de même qu'il produise un paquet d'albums considérable. En solo, duo, trio, c'est pas moins d'une trentaine d'albums qu'il a sorti depuis 1982. Et bien évidemment, l'ignare que je suis, viens tout juste de le découvrir. Mieux vaut tard que jamais me direz-vous.
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