vendredi 10 juin 2011

Toubab Krewe

Eh l'ami, le rock et ses dérivés te gonfle ? l'ambient te file des boutons ? le métal te file la gerbe. Tu rêves de grands espaces, de divertissement, de soleil, en gros tu voudrais t'évader de ton pays, rencontrer de véritables autochtones. Pas de bol, t'es américain et chez toi les autochtones locaux sont des rednecks bouseux ne jurant que par Bush, Chuck Norris et le christian-country (si tant est que ça existe). Tu sens comme une inadéquation s'installer en toi  quand tu évoques tes idoles lors de fiesta entre potes :  Ali Farka Touré, Baaba Maal, Salif Keita en lieu et place de Dolly Parton, Allisson Kraus ou Loretta Lynn. Tu te sens seul, dépressif, t'as des envies de te pendre. Allez, arrête de faire la gueule et va faire un tour dans les Appalaches en Caroline du nord, du côté d'Asheville. Tu y trouveras un groupe qui fera ton bonheur. Tout simplement. Toubab Krewe.
Auteur d'un album assez remarquable en 2005, que même des maliens ils auraient à peine su faire aussi bien. Un album bourré d'instruments traditionnels inhabituels (kora, camelengoni, soku, djembe et autres percus africaines.) et d'instruments traditionnels communs (guitares, basse, batterie). Un groupe ayant la particularité d'avoir égorgé leur chanteur lors de rites sacrificiels pour se faire accepter auprès de maliens un tantinet dubitatifs sur ces pratiques jugés quelque peu barbares .
Bon trêve de conneries, on est pas là pour dérouler les clichés de merde sur l'Afrique et ses soit-disant us et coutumes, on est là pour élever le niveau de l'auditeur moyen.  Pour ce faire, parlons vite fait bien fait de Toubab Krewe.
  Comme son nom l'indique Toubab Krewe est un groupe américain instrumental composé de cinq péquenots puisant leur inspiration en Afrique. Mais pas que. A l'écoute de leur premier album, éponyme, on devine aisément qu'ils ont du  pas mal écouter le surf-rock de Dick Dale ou Link Wray et s'enfiler le manuel de la musique africaine pour les ignares. Parce que certes le Mali sort vainqueur des influences notoires (Toumani Diabate, Ali Farka Touré entre autres) mais on peut aussi parler du jazz des américains The Pyramids, du reggae de Ras Michael & The Sons Of Neggus ou encore du Mystic Revelation Of Rastafari de Count Ossie et Cedric Im Brooks ou même de Tortoise (bamana nya ou la rencontre d' un post-rock à la  Tortoise et le symmetric orchestra de Toumani Diabate) . Le spectre est large, disparate mais le résultat quant à lui  est étonnamment limpide, simple. L'aridité du post-rock, de la musique indé américaine, s'additionne, se complète, fusionne parfaitement avec les  rythmes syncopés africains, la beauté et la chaleur de la kora. C'est d'une évidence mélodique qui s'impose d'elle même. Pour faire simple, en moins de cinquante minutes TK te propose :
-de visiter l'Amérique à travers les yeux d'un africain et réciproquement.
-une sorte de guide du routard de la musique malienne dont on aurait gardait l'essence, viré le superflu, le côté touristique. Un anti-guide du routard quoi.
Comme quoi tu vois, même si le rock te gonfle, Toubab Krewe te propose de le rendre plus acceptable en l'incluant dans un forfait africain. Tu pourras comme ça te faire de nouveaux amis et éviter de faire le désespoir de tes parents en évitant une malheureuse TS. Et si tes voisins sont des adeptes des réunions cagoules et toges blanches, tu pourras aussi joindre l'utile à l'agréable en leur faisant écouter TK et en leur affirmant que c'est de la musique américaine pur jus. Un bonheur.

6 commentaires:

  1. Sur ce coup-là, je suis un peu déçu. Mais bon, ça mériterait surement une écoute plus attentive.

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  2. oui je te conseille vivement de le réécouter. Peu de groupes, voir aucun, n'ont réussi à mélanger musique purement africaine et indie américaine de cette façon. L'une et l'autre se complètent de façon étonnante.

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  3. Je viens d'écouter l'album dans son entier et c'est effectivement très bon. Tout au plus peut-on parfois regretter l'absence d'une voix charriant le sable sub-saharien pour venir s'élever au dessus de ces mélopées propices aux gargarismes de quelque bluesman africain...

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  4. certes mais quand tu vois la gueule des blanc-becs purement américains pratiquant cette musique tu te dis qu'il valait mieux qu'aucun d'eux ne chante. Par contre pour l'anecdote, ils sont allés faire quelques festivals au Mali grâce à leur album.

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  5. C'est Amadou et Mariam qui les avaient invités?

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