Dans la maison du couple Sting :
-Chérie ???
-Oui mon stingounet d'amour ??
-dis moi, j'ai comme une envie subite de faire une putain de partouze tantrique, ça te dirait pas toi ???
-Oh mais ouiiiiiiiiiiiiiii mon petit dardounet !!!
-Prépare l'encens, met ton déshabillé le plus sensuel (oublie pas de virer tes chaussettes) et rejoins moi dans la suite amour gloire et tantricité le temps que je téléphone à quelques amis.
Après quelques coups de fil passés, Sting finit par rejoindre sa promise dans la suite. Il inspecte la pièce voir si tout est en ordre et se rend compte qu'il y a un problème.
-Chérie, ce silence est assourdissant. Prends un disque de ma collection tantrisme et art de vivre, insère le dans la platine cd achetée à cet effet et appuie sur play je te prie.
Me Sting s'exécute, prend un cd au hasard et appuie sur le bouton.
La musique commence.
-Chérie ?
-oui ?
-C'est quoi cette musique ???
-ben un disque pris au hasard, j'en sais rien moi !!! attends, je regarde. Distant shadows de Anthony Paul Kerby et Thomas Weiss. C'est sorti cette année apparemment. Pourquoi ?
-T'as pas l'impression que ça va le faire moyennement si on garde ça en musique de fond ? Non, parce que là, je t'ai demandé de prendre un disque de ma collection tantrisme et art de vivre, tu aurais pu prendre n'importe quel disque d'Enya ou d'Enigma voir celui de mon pote qui va rappliquer d'ici peu, Mike Oldfield, ça aurait fait amplement l'affaire. Mais là si on garde ça, on est pas prêt d'atteindre le nirvana mais plus de toucher le fond. Alors t'es gentille, tu vas retourner vers la platine et m'arrêter ça tout de suite, compris ? Parce que ce new age de merde, ça va bien cinq minutes mais là j'ai envie de baiser, pas de faire une funeral party, tu comprends ça ??.
Bon je reprends le contrôle de cette note et me permets de dire une chose à Sting : ta gueule.
Il est vrai que si on se fie à la pochette de distant shadows, tout porte à croire qu'on va écouter un disque d'ambient tendance new age de merde avec bruit de mer et petits zoziaux à la clef ou alors un truc vaguement jazz, vaguement ambient à la ECM. Un truc d'élévation spiritueuse quoi. Néanmoins, comme le fait si bien remarquer mon ami Sting, distant shadows est tout sauf ça. La structure, comme dans n'importe quel disque d'ambient, est classique : un long morceau d'une heure découpé en sept parties, variations sur un même thème avançant de façon progressive. La différence avec d'autres trucs new age classique de daube comme on peut en écouter au kilomètre, est qu'on avance vers des paysages fantomatiques, des contrées inconfortables. Comme tous les disques d'ambient me direz-vous. Certes mais là les gars maîtrisent complètement la grammaire ambient et font de ce disque un truc cohérent, beau et flippant sans être chiant pour autant. Disons qu'on navigue dans les eaux troublées et poisseuses d'un Steve Roach ou d'un Mathias Grassow, de l'ambient savante de haute volée (putain on dirait du Beauvallet) qui n'hésite pas à chercher l'inspiration dans la boue, les bas-fonds,dans l'organique pour fasciner au lieu d'emmerder.
Bien évidemment pour apprécier pleinement l'écoute de ce distant shadows, le port du casque est fortement conseillé. Ce qui exclut totalement l'usage de ce disque pour des partouzes tantriques et sans triques sous peine de passer pour des peines à jouir . Ensuite, obligation d'aller au-delà d'une seule écoute : impossible d'apprécier la finesse du travail, la subtilité des variations, la progression des morceaux si on ne se limite qu'à une écoute superficielle. Distant shadows est un disque qui se mérite et se dévoile au fur et à mesure des écoutes. Bref, si on met de côté certains relents new age (sur gathering memories notamment), cet album d'Anthony Paul Kerby et Thomas Weiss est une belle réussite dans son genre. N'en déplaise à ce ronchon de Sting.
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