Qui es-tu Lucy ?
J'en sais foutre rien mais la seule chose qui compte ici c'est que depuis que Maurizio est parti explorer d'autres territoires, qu'il n'y a plus de maître à bord, c'est un peu le foutoir. Certains ont essayé de prendre la relève (Pantha du Prince, Shed), en vain. Aucun n'a su atteindre l'excellence du maître. Bien sur, quelques uns ont tutoyé les sommets (Echospace avec the coldest season notamment) mais aucune relève ne semblait pointer vraiment le bout de son nez.
Jusqu'à Lucy.
Le peu de renseignements glanés ici et là montrent qu'il semble être allemand (évidemment), créateur,tête chercheuse ainsi que pensante d'un label (stroboscopic artefacts). Il a sorti pas mal d'EPs avant de se lancer dans le long format.
Et autant le dire tout net, son wordplay for working bees est ce que j'ai écouté de meilleur en matière de techno, dub, IDM, minimal techno et autres bip blip blinggg électro depuis quelques années. Le gars semble jeune (une petite vingtaine d'années) mais a du s'ingurgiter l'intégrale des travaux de Maurizio (période Rhythm & Sound, Basic Channel), de Plastikman, Carl Graig, Jeff Mills et vouer un culte sans bornes au label Warp. Le résultat est bluffant, d'une maturité dingue.
A la première écoute, sans casque, je dois l'avouer, j'ai pris un panard monumental.Une techno bourrin, des infrabasses énormes, suintant le dub, poisseux comme c'est pas permis. Un truc qui te fait perdre huit litres de flotte au bout d'une heure d'écoute tant tu danses comme un décérébré (prévoir de la place autour de soi, risque de dégâts).
La seconde écoute, au casque, s'avère plus complexe. Toutes les influences citées précédemment s'y révèlent au grand jour et l'album semble plus fin, plus réfléchi qu'il n'y paraît. Wordplay n'est pas seulement un album de techno/minimal techno très efficace mais aussi un album électro à part entière. Lucy arrive à intégrer dans sa techno le meilleur d'Aphex Twin (torul) , la mélancolie d'Autechre (le magnifique ter, échappé d'amber ou du LP 5), une part de dubstep (le fantomatique et flippant tof, autrement plus réussi que n'importe quel titre de Burial), l'excellence de Gas (bein qui évolue de façon assez hallucinante), le tout sans véritable temps morts.
Le genre d'excellence qu'on verrait plus arriver après trois ou quatre bons albums plutôt qu'un premier jet. Wordplay élargit le spectre de la techno et ce de façon considérable. Le mec derrière Lucy a une culture de l'électro immense et tient à nous le faire savoir de brillante façon : que ce soit l'expérimental, le drone, la musique concrète, la techno, le dub, tout ce qu'il touche se transforme indubitablement en or. Le pire là-dedans c'est que si tout est réfléchi, pensé, pesé (rythmes, nappes de synthés, montées acides et tout le toutim indispensable pour faire un bon album de minimal techno), wordplay for working bees est terriblement humain, organique, puise dans le meilleur de chaque genre qu'il visite.
Alors Lucy, je ne sais pas qui tu es au juste mais je m'en tamponne royalement le coquillard. Tu viens de sortir un album qui devrait finir très haut sur mon podium 2011 et probablement m'accompagner un bon bout de temps au-delà.
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