lundi 2 mai 2011

Bonga

Vous ai-je déjà dit que j'aimais la world ???
Non ? Pas encore ?
Ben je fais une bien belle brochette de con à moi tout seul dans ce cas.
Pourtant avec les dernières notes publiées les deux semaines passées, vous auriez pu vous en douter non ?
Pourquoi cette introduction de merde pour une note à venir aussi formidable ?  (ou pas) Parce que j'ai entendu, il y a peu, sur france inter un duo qui m'a quelque peu perforé le fondement. Une réinterprétation pour tout vous dire.Celle du Mona Ki Ngi xiça de Bonga sur l'album Angola 72.
Si j'en parle c'est parce qu'il s'agit d'un des albums m'ayant initié à la world. Pris par le plus pur des hasards dans une médiathèque, simplement parce que la pochette m'intrigait, l'écoute du double album, angola 72 et 74,  fut une sorte de fukujima personnel. Je n'ai jamais vraiment réussi à en mesurer les retombées sur ma propre personne. Je ne connaissais rien de ce disque, ni de l'histoire assez tragique de Bonga que vous pourrez découvrir plus amplement ici mais la magie qui s'en est dégagéeà la première écoute m'a littéralement scotché. L'immédiateté de sa musique, sa simplicité, sa profondeur, cette mélancolie omniprésente ont eu sur moi un effet assez dévastateur. Le genre de musique qui m'a donné envie de découvrir qui était Bonga, le pourquoi de cet album et surtout l'envie de creuser, de découvrir la musique africaine dans sa globalité.
Ok, je connaissais déjà sodade par Césaria Evora, que j'appréciais, mais son interprétation dépasse de loin la version d'Evora. La voix de Bonga à elle seule mérite un chapitre dans l'histoire de la musique africaine; c'est celle d'un survivant revenu de tous les combats, hantée par un passé trop lourd à porter, elle vous malaxe,vous broie les tripes de façon irrémédiable Ce mec arrive à être le porte-voix d'un pays martyrisé. Contrairement à Fela dont la musique incitait à la révolution, Bonga, se fait le baromètre de son pays. Ecouter Bonga, du moins les albums 72 et 74, c'est prendre le pouls d'une nation défaite, prendre conscience des tortures, des atrocités d'un régime totalitaire. Sa musique n'incite pas à prendre les armes, non, elle se veut un constat, tragique, implacable, d'une situation donnée. L'usage des percussions, des guitares acoustiques, la simplicité des arrangements accentuent le côté tragique de cette situation, mettent en valeur la mélancolie de sa musique. Ce qui émane de ses deux disques à la fin de l'écoute, sans qu'on ne connaisse son histoire, c'est le sentiment d'immédiate tragédie. Il ressort d'angola 72 et 74 l'impression d'un terrible gâchis, d'une beauté dévastée. Le grand talent de Bonga à cette époque est d'avoir mis dans sa musique toute ses tripes, sa foi, son désespoir , de les avoir jeté en pâture au public de façon sobre, retenue avec une dignité qui n'a d'égale que son talent. Deux grands disques en somme et la découverte d'un grand chanteur. Tout simplement.
Autrement, sa collaboration avec Lavilliers j'en pense quoi ? Que si elle a le mérite de remettre en lumière se deux magnifiques albums, ça n,'aura pas été si vain que ça. Artistiquement par contre, je ne suis pas sur que ça apporte grand chose à l'histoire de la musique hormis quelques menus euros à tomber dans l'escarcelle de Bonga et Lavilliers. Mais bon, comme dirait feu Gérard Blanc, c'est une autre histoire.

1 commentaire:

  1. C'est clair, les cailloux charriés par la voix de Bonga renvoie Cesaria à ses chères études et c'est tant mieux car pour ce qui est de véhiculer de l'émotion, y a pas photo!

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