mardi 18 janvier 2011

recyclage

Aujourd'hui ,suite à la note du Mmmarsupilami, dont je vous conseille la lecture du blog, excellent, je recycle une note que j'avais édité sur mon premier blog : mes oreilles seront ton guide spirituel (ou pas) à propos du fabuleux (et je pèse mes mots) pillars de Fleshpress. Jour de feignasse certes mais il faut savoir remettre le couvert quand la musique est bonne (Jean Jacques sort de ce corps). de toute façon je ne propose pas de best-of, mon blog en est un à lui seul :

Je vous l'ai déjà dit et vous l'aviez déjà remarqué : j'aime le métal. Je suis tombé dedans il y a une petite dizaine d'années avec le bien nommé "deliverance" d'Opeth, premier groupe à ma connaissance capable de mélanger le métal le plus puissant avec les harmonies délicates des Beach Boys ou des Beatles. Pour moi, le métal est capable du meilleur comme du pire (même si j'ai l'impression que vous concernant, vous lecteurs, il est plutôt capable du pire comme de l'atroce.) Enfin je dis ça pour introduire un des meilleurs albums de métal que j'ai entendu ces dix dernières années, Pillars du groupe finlandais Fleshpress.
Déjà, pour le décrire, un terme me vient immédiatement à l'esprit : MONSTRUEUX.  Commençons donc par une vue d'ensemble: 6 morceaux, oscillant entre 5 et 22 mns, dont trois dépassent les 10 mns au compteur, s'enchaînant les uns à la suite des autres formant une entité, un long trip, une sorte de monolithe noir.


Maintenant, passage en revue des morceaux:
I am your sacrifice : celui-ci commence comme le phantom channel crossing du Labradford blanc, par une sorte de frottement métallique sur fond de houle, arrive ensuite une guitare, lente, très lente égrénant péniblement deux riffs.Mais une chose transparaît : une tension. Tension qui ne retombera jamais, sera l'élément omniprésent de l'album. Arrive au bout de 2'30 la basse puis la batterie. Aussi lentes que la guitare. Tout se met en place, lourd, pesant, une véritable chappe de plomb. Arrive au bout de 5 mns la voix. Qui hurle,vocifère plus qu'elle ne chante contribuant à alourdir encore plus l'ambiance. Le batteur cogne comme un sourd mais à deux à l'heure, les guitaristes continuent de jouer leurs riffs mais de plus en plus lentement. Puis d'un coup, vient le chaos. Tout s'emballe, la batterie accélère le rythme de façon magistrale, les guitares lui répondent, le chanteur hurle, le tout dans un maelstrom incroyable. Le morceau se termine d'un coup, au bout de 11 hallucinantes minutes, dans une atmosphère d'après-chaos.
Pillars : premier morceau sans paroles de l'album, le plus court aussi. IL commence dans une ambiance post-apocalyptique. Une guitare sèche pose des motifs répétitifs sur fond de bruit blanc, de bandes passées à l'envers. Une sorte de musique concrète adaptée au métal. Et toujours cette tension qui ne redescend pas.
Disciples of nothingness : premier véritable morceau de bravoure de pillars. En gros, il commence comme un pied-de-nez : je sais faire du métal et je vous emmerde. Je sais jouer vite, précis, faire des solis de guitare quand il le faut. Mais pour vous faire chier, je vais le faire sur deux minutes pas plus (le morceau en compte 19 quand même). Le reste du temps je vais l'utiliser pour ralentir le plus possible le tempo, pour jouer avec vos nerfs. A partir de la huitième minute, j'introduis une guitare qui va littéralement vriller le morceau, le tendant puis l'étendant au maximum de ses possibilités. Imaginez le solo d'after the flood de Talk Talk, celui où une note est bloquée pendant  une minute. Bien là c'est la même chose à la différence près qu'elle est bloquée non pas 1 mais 5 minutes. Le morceau va ensuite crescendo, de plus en plus lourd,  jusqu'à ce qu'il n'y ait, en fin de compte, pas d'explosion finale alors que tout le préparait justement. Jouant avec nos nerfs de façon remarquable. Le morceau retombe au bout de 19 minutes pour mieux introduire le suivant.
Omega Monolith : bon n'y allons pas par quatre chemins : Le morceau de bravoure de l'album et ce que j'ai entendu de meilleur en métal tous styles confondus. Comment vous décrire la chose ? 22 minutes de montagnes russes, d'explosions, de calmes plats. On commence par du relativement calme, une intro de 3 minutes mettant la machine en route. Arrive la voix et surtout, surtout l'élément décisif du morceau : la basse. Quand elle arrive on se dit: bordel c'est énorme. Et plus le morceau avance plus elle devient omniprésente. Le phagocytant complétement, devenant absolument essentielle, l'emmenant vers des cîmes inconnues jusque là. Le morceau se calme au bout de 5 minutes, ralentissant le rythme au minimum, virant basse et batterie pour ne retenir que la guitare, cassant le rythme ascentionnel du morceau. Mais ce n'est là qu'un répit donné à l'auditeur car la route menant vers l'extase s'ouvre à lui aux alentours des 10 mns. Là, le morceau décolle pour ne plus jamais redescendre et ce durant 11 minutes. Le rythme s'accélère et nous entraîne ailleurs mais un ailleurs absolument inconnu et grandiose. C'est simple on croirait que Can s'est invité et s'est décidé à faire une énorme jam avec Fleshpress. Un long trip sous acides, répétitif, hypnotique comme seul savait le faire le groupe allemand dans les années 70, mais le Can de tago mago ou de mother sky version 20 minutes. Le morceau monte, énorme, Fleshpress joue vite, très vite, se calme au bout de 4 minutes mais le bassiste continue son trip, n'en a cure des autres qui le regardent ahuris. ils calment le jeu mais lui continue, complétement dans son trip, ne captant rien à ce qui se passe autour de lui, ailleurs. Seul le batteur est en mesure de le suivre, accélérant le rythme, jouant de façon tribale, faisant tout pour nous amener dans une transe. Il se calme mais reprend son rythme infernal, suivant le bassiste. Le reste du groupe se dit: à quoi bon, suivons les. Tous unis derrière le bassiste et le batteur, ils continuent leur jam de façon infernale. Jam qui ne redescendra que dans les dernières secondes du morceau nous laissant pantois, ahuris, groggys et surtout hallucinés. Comprenant que vient de se jouer là quelque chose d'essentiel, de fou. Un truc qu'on entendra plus de si tôt.
Grave within : Retour à la terre ferme après les hauteurs astrales d'omega monolith. Morceau lourd, pesant, infrabassien, qui avance rampant pendant 7 minutes pour mieux exploser ensuite. Introduisant un piano sordide, désacordé, confortant cette impression pesante. Le batteur s'est pris trois tubes de lexomil, cognant au ralenti. Le chanteur quant à lui, a les cordes vocales tellement rapées par les précédents morceaux qu'il finit par assurer le minimum syndical. Le bassiste est toujours dans ses hauteurs faisant ce qui lui plaît et le guitariste se repose jusqu'au sursaut final où tous se retrouvent à l'unisson pour livrer un dernier assaut sonique, dévastant tout sur son passage pour ne plus laisser derrière lui que du bruit blanc.
Untitled : long morceau de drone, frisant avec l'ambient il clôt cet album en beauté comme il ll'a commencé sur un bruit de frottement métallique mélangé à des bandes inversées. Ne faisant ainsi jamais redescendre une tension qui fut le maître mot de cet album exceptionnel.
Car exceptionnel il l'est à plus d'un titre : album de doom, sludge, métal, il se permet de jouer avec les limites de ces genres pour mieux en briser les règles, tout faire voler en éclats. Le doom se joue de façon lente ? rien à foutre, j'accélère quand je veux. Le métal est un genre à part entière n'acceptant aucun autre genre ?? rien à foutre, j'expérimente en introduisant le rock barré de Can ou  l'ambient voir  la musique concrète. Le sludge ne se limite qu'aux beuglements et aux guitares électriques ?? je vous emmerde, j'y rajoute un guitare sèche sur fond de bruit blanc.
Quand pillars est sorti en 2007, je me suis pris un choc comme je ne m'étais rarement pris jusque là. Allez on va faire simple : spirit of eden de Talk Talk, pink moon de Nick Drake, histoire de melody nelson de Gainsbourg, my favourite things de Coltrane ou encore iron curtain innocence de Bobb Trimble dernièrement, font parti de mes chocs musicaux.
Deux ans après je ne m'en suis toujours pas remis.

1 commentaire:

  1. les hurlements (d'Léo) ça va 5 minutes.
    la musique à la rigueur, mais les cris comme ceux là, je ne peux vraiment plus.

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