En jazz, je l'avoue sans honte, je suis d'une nullité crasse. Incapable d'expliquer pourquoi j'aime telle ou telle galette. Le love supreme de Coltrane, je le trouve magnifique mais de là à y trouver une spiritualité, un accomplissement créatif, j'en reste dubitatif (j'aimerais assez qu'on m'explique). Je perçois certaines choses mais n'arrive pas à me les expliquer. Et de toutes façons je lui préfère d'un poil de cul d'avance my favorite things, porte d'entrée inégalée (et inégalable) au jazz, qu'il soit free ou classique.
Ce préambule passé, j'avoue aussi apprécier voir même plus que ça encore, le free-jazz. Enfin j'aime le free quand il reste dans des normes audibles ou pas. J'aime le fait qu'il soit déviant, se barre n'importe où sans prévenir, nous laisse sur le carreau dès les premières secondes pour nous rattraper, nous happer dans les dernières .Une illustration peut-être ? l'album electricity d'Humanization 4tet, parfait équilibre entre traditions et modernité, free et classique. Tu apprécies le jazz ? mais aussi les B.O des années 70, la soul, le blues, l'expérimental ? Humanization 4tet te propose tout cela et bien plus encore. Une relecture et un digest de quelques six décennies de jazz : du cool jazz au free en passant par l'avant-garde ou le jazz-rock, auquel se raccrochent pas mal d'autres styles parce que les gars d'Humanization 4tet n'ont pas écouté que ça et que ça transpire au travers de leurs compositions. Leur guitariste Luis lopes par exemple n'a pas été biberonné qu'au jazz, son jeu paraît plus sortir du manuel du rock voir de l'expérimental que du jazz. Pas de solo de merde, pas de démonstration prise de tête du genre je descends mes gammes comme un malade et je vous emmerde, pas du tout. Plutôt un jeu privilégiant l'intinct, sans fioritures, débarrassé de toute technique. Les frères Gonzales à la rythmique (contrebasse et batterie), s'ils ont été forcément influencés par leur père (le grand Dennis), semblent s'affranchir de son influence via le rock (two girls par exemple, osmose parfaite entre jazz et rock, l'impression que Miles Davis s'est invité sur un morceau de Morphine). Seul Rodrigo Amado, tenor sax (ce qui paraît être d'une évidente lapalissade pour quelqu'un pratiquant le sax), échappe (et encore) à ces influences.
La rencontre de ces fortes têtes donne un résultat que je qualifierai tout simplement de brillant. Equilibre quasi parfait entre mélodies et expérimental, free et classique tout en étant très abordable,d'une dynamique peu commune, ce genre de galette devrait limite être remboursé par la sécu. Porte d'entrée idéale pour le monde parfois hermétique du free-jazz au même titre que le zero degree music d'Adam lane Trio, electricity sait s'adapter au néophyte tout en étant d'une intégrité remarquable. Autant le dire, chez moi, l'écoute d'electricity me procure un panard assez monumental. Le dernier disque estampillé jazz à m'avoir fait cet effet était celui de Dennis Gonzales justement, qui avait terminé album de l'année en 2009. Excellent quoi.
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