Ouh laaaaaaaaaaaaaaaaaa.....une bonne tapée ma foi.
Des excellents, des intéressants, des intrigants, des mauvais, des comiques, des soniques, des.... enfin, de tout je vous dis. Des formats longs, très longs voir très très longs (la palme revenant au nouvel album de Dodsengel, black metal éprouvant et limite excellent, 2h30 au compteur), d'autres plus courts (regards vers Ty Segall/White Fence) et enfin, des albums surprenants. Des anomalies, des excroissances bizarres, contre-natures. Des disques d'un autre âge, d'un autre temps. En phase certes avec leur époque mais totalement déconnectés, utilisant les technologies d'aujourd'hui, certaines références relativement récentes pour mieux les exploser.
Pour tout vous dire, c'est le cas du premier album de Daughn Gibson.
Daughn Gibson est un bad guy à l'ancienne, un vrai, et tient à le faire savoir au monde entier. Vous ne le croyez pas ??? jetez un oeil à sa pochette. Photo noir et blanc, beau gosse ténébreux seul devant la glace de l'armoire de toilette à remettre correctement sa chemise, grosse thématique sexuelle sous-jacente, air satisfait du style : "toi je t'ai bien baisé hein ?!!"
Et vous savez quoi ??
Oui, trois fois oui : il nous a bien baisé.
Et dans mon cas, j'en redemande.
Commençons par le commencement :
C'est quoi au juste Daughn Gibson. C'est, comme je le disais plus haut, un bad guy (qui l'affirme, le revendique, le clame haut et fort d'entrée de jeu ) à l'ancienne qui se serait adapté à son époque. Un héritier de Chris Isaak qui se serait enfilé (dans tous les sens du terme ???) l'album de James Blake. Mais pas que(ue). C'est également un gars vouant un culte sans bornes à Paul Quinn ou encore au Jarvis Cocker de freaks. Avec la folie de l'un (Cocker) et surtout la voix de l'autre. Un mec, comme Cocker, capable d'écrire de véritables tubes (tiffany lou, in the beginning) et une voix comme je n'en avais pas entendu depuis Paul Quinn justement. Dans le même registre, voix de velours/grave qui emporte tout sur son passage, vous me direz qu'il y a également Richard Hawley. Certes. Vous n'auriez pas complétement tort. Mais pas tout à fait raison non plus. Hawley reste dans un registre pop/rock, crooner de talent, Gibson va au-delà de ça. Lui fait dans la soul, le blues, le rock, la pop orchestrale de poche, la pop déviante expérimentale barrée (the day you were born, dandelions), l'électro. Il brasse toutes ces influences dans un format pop des plus classiques (10 titres,trente et une minutes, l'album pop parfait) mais l'impression prédominante à all hell, c'est qu'on écoute tout sauf un album pop. Ou alors une relecture barrée du freaks de Pulp, avec moins de moyens financiers encore, par un Paul Quinn pas encore bipôlaire. En tendant bien l'oreille on peut même faire attention à des fragments Scott Walkeriens (notable sur all hell, titre qui clôt l'album ou sur looking back in '99 ) issus du génial tilt.
Mais bon, si Daughn Gibson, de par sa voix incroyable, rappelle inévitablement ces gueules cassées de la musique, pour la plupart de véritables losers, il n'en possède pas moins une personnalité bien trempée. Elle façonne, lie l'édifice plutôt bringuebalant au premier abord qu'est all hell. Fait avec quelques bouts de ficelles, pas mal d'idées et de talent. Gibson recycle pas mal de vieilles idées qu'on aurait pu croire éculées ( le trip hop notamment) mais les brasse avec suffisamment d'intelligence et d'audace pour qu'on ait l'impression de n'avoir jamais (ou rarement) entendu ça ailleurs. Il suffit pour s'en rendre compte de jeter une oreille sur looking back in '99 dans laquelle le trip hop de Perry Blake se teinte de blues sous haute influence Walkerienne ou encore l'évident in the beginning avec son sample de piano et surtout sa basse obsédante qu'on jurerait écrite par Peter Hook de New Order.
Mélodie entêtante, voix impressionnante, in the begininning est le tube intemporel qui pourrait plaire aux nostalgiques des voix de velours (des vieux cons comme moi quoi) comme aux gars passionnés de musique avides de sensations inédites (des vieux cons immatures comme moi quoi). En somme la prochaine hype pourrait bien se passer ici.
Si j'ajoute qu'all hell possède également une classe innée, une mélancolie scotchante, une intemporalité assez bluffante (a young girl's world sonne tellement comme un classique qu'il aurait pu sortir il y a cinquante ans), je crois que vous réussirez à comprendre aisément jusqu'à quel point j'aime me faire baiser de cette façon.
Alors Daughn si la baise a été intense, au point d'avoir arraché sauvagement les boutons de ta chemise, je t'en prie, n'attends pas plusieurs années pour remettre les couverts. Le manque c'est sympa, ça peut être un moteur formidable pour certains mais ça engendre une putain de frustration si énorme que la baise suivante n'en sera que décevante. Alors soit tu t'y remets maintenant soit tu arrêtes là.
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