jeudi 10 mai 2012

Ces rues ne sembleront plus jamais les mêmes

-Dis moi la mire
-Oui ?
- Ton silence à propos du Chromatics m'inquiète.
- Et ???
- Je m'inquiète, c'est tout. Ça fait plusieurs semaines qu'il est sorti, il est excellent voir même plus et....rien de ta part, que dalle, peau de zob, nada. Tu es sur que tu vas bien  ?
- Oui, je sais. Mais comprends-tu, petit con que tu es, qu'en aucun cas je ne m'abaisserai à parler d'un disque dont la plèbe rock critique française et internationale a déjà fait le tour. Regarde ces gueux de Magic, torchon soit disant pop et moderne :  ce fieffé grigou de Thomas Bertel lui attribue la note maximale en écrivant un papier confinant au ridicule. Pitchfork, site dont on connaît l'indépendance d'esprit et le peu de connivence avec les musiciens américains le note à 8.7. Même ce grand journal gauchiste qu'est devenu les inrocks le traite de chef-d'oeuvre.
Vois-tu petit scarabée, je ne tiens pas à me rouler dans cette fange commune bien pensante à propos de ce disque somme toute banal.
- Banal ?? mais t'es con à bouffer du foin aujourd'hui non ??
-Plaît-il ?
- Non mais attends là, je ne vais pas tresser les louanges de chaque morceau présent dans cet album, mais il faut tout de même avouer que la plupart du temps c'est du lourd, voir parfois de l'exceptionnel.
- N'exagérons rien, il peut y avoir quelques bons moments mais rien qui ne vaille la peine qu'on s'y attarde. Ce son estampillé années 80 m'exaspère, cette voix de fausset me hérisse le système pubien dès les premières notes d'into the black, reprise ridicule, façon canada dry, du loner.
- Ça te hérisse le système pubien ? t'as pas trouvé plus con comme expression ??
Et puis c'est pas possible d'être autant de mauvaise foi. As-tu écouté ne serait-ce qu'une fois these streets will never look the same pour affirmer de telles conneries ?? Ce titre est la quintessence de ce qui se fait de mieux en matière d'électro-pop cette année. Une intro sur la brèche, tendue, soutenue par un battement de coeur au bord de l'apoplexie et des guitares discrètes mais vitales. On se demande d'ailleurs comment le groupe va pouvoir s'échapper de cette intro. La réponse est claire dès l'introduction de la voix autotunée : par la grâce de la mélancolie. Ailleurs l'autotune est un artifice absolument atroce, hideux, qui en règle général confirme la médiocrité, le manque d'intérêt d'un morceau. La grâce des Chromatics est de le rendre justement indispensable. En androgynisant la voix de la chanteuse, these streets... acquiert une part de mélancolie, de tristesse qui, partant du système auditif, atteint directement les tripes. Ensuite, après ce KO technique  le groupe n'a plus qu'à dérouler les couplets/refrains/pont de rigueur, accélérer le rythme doucement, continuer sur sa lancée pour achever les dernières réticences que l'auditeur pouvait encore avoir. Ce long morceau rejoint le club très fermé des chansons attrape-coeur, celles qui parviennent à faire danser en chialant, d'une profondeur incroyable. Un cousin de New Order en somme.
Pourtant ô Myrrhe, grand guide parmi les guides, tu ne peux pas passer à côté d'un tel morceau, non ??
- Soit, je consentirai à faire un effort pour te faire plaisir, misérable malandrin.
- Bien maître. Mais savez-vous, ô maître du savoir,que these streets will never look the same n'est pas le seul excellent morceau de kill for love ???!!! dust to dust, lady, kill for love, running from the sun sont aussi de très grandes chansons. Certes kill for love n'est pas un chef-d'oeuvre comme veulent le faire croire une partie de cette soit-disant intelligentsia musicale gauchiste que vous abhorrez tant mais cela reste un grand album. Avec quelques temps morts voulus par le groupe, quelques pauses/respirations flirtant par moment avec l'ambient, parfaitement dosées. Vous savez......
- Oh mais ça suffit manant, je t'ai déjà dit que cet album n'avait que peu d'intérêt pour le salut de mon âme, je n'ai cure de tes conseils.
- Bon allez la mire, je te laisse, ça suffit les flatteries à ton encontre, même Aliboron est mieux fini que toi. Tu oses vraiment tout et on va finir par te reconnaître à ça. Allez, tchao gros con et soigne toi bien parce que là tu en as besoin.

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