samedi 12 février 2011

loser

Ai-je le droit de dire que 2011 risque d'être exceptionnelle musicalement parlant ? Prenons janvier. que doit-on retenir de janvier ? le dernier Wire, red barked tree. Excellent à tout point de vue : concis, mélodique, pop, efficace. Février ? James Blake et Gruff Rhys. Et mars ? Ohhhh le joli mois de mars que je vois poindre là. Un loser magnifique devrait faire un retour fracassant pour le printemps prochain. Un gars complétement allumé, mystique, qui a sorti un seul album (devenu mythique) en dix ans avec son groupe Lift To experience. Le groupe n'a pas officiellement splitté mais chaque membre est parti vaquer à ses occupations. Le leader, celui qui nous intéresse pour le moment, Josh T Pearson, n'a donné de nouvelles que de façon sporadique : en 2006, en signant un single avec les post-rockeux de Dirty Three  et en vendant un cd-r lors de sa tournée : lui et sa guitare en concert. To hull and back.Dévastateur. Point barre.
Josh T Pearson revient par la grande porte en mars. Nouveau label, mute, nouvel album, last of the country gentlemen, mais toujours le même look de cow-boy ahuri un brin pouilleux. Par contre, un enfant de salaud a du lui égarer ses guitares électriques pendant l'enregistrement de l'album. Il y a bien quelque restes sur le premier titre, histoire de solder les comptes avec Lift To Experience, qu'on sache ce qu'on a perdu mais après par contre, elles sont aux abonnées absentes. Mais bon, à l'écoute de la chose, on se dit que c'est pas bien grave car ce qui prime ici, c'est le dénuement. Total. On retrouve encore, par moment,  l'emphase qui caractérisait le chant de Pearson, proche d'un Jeff Buckley, mais autant Lift To Experience était sauvage, bruyant, mystique autant là on se retrouve complétement à poil. Le point commun se retrouve dans l'ambition des morceaux, d'une longueur à effrayer n'importe quel adepte de l'éjaculation précoce (regards vers Loner...). Pour le reste c'est du Lift To Experience en version débranchée. J'aurais presque ajouté l'inverse de Lift mais non. en y réfléchissant bien, c'est bien du Lift mais au lieu d'explorer le rock, le bruit, Pearson décide d'emprunter les chemins de traverse à savoir la country et le folk. Un violon, une guitare, un invité omniprésent, le silence (honeymoon's great en use et abuse), une tension sous-jacente, quelques traces de mélancolie (woman when i've raised in hell) pas mal de fantômes (le Springsteen de nebraska entre autre, un peu de Neil Young, Gary Higgins), un talent certain pour lier tout ça et on obtient l'un des plus beaux albums de country/folk sorti cette année. Vous me direz que nous ne sommes qu'en février, qu'il reste encore dix mois avant la fin 2011, certes. Mais des albums de cette trempe on en croise peu en une décennie. Ambitieux, humble, écorché, exigeant,  last of the country gentlemen est tout ça et pour peu qu'on se donne la peine de rentrer dedans, le plaisir que l'on en retire est accru à chaque nouvelle écoute.
Retour en fanfare donc d'un loser magnifique qui avec un tel album devrait le rester encore un bon bout de temps. Franchement, autant éviter de se faire des illusions : sortir un album folk avec des morceaux de plus de dix minutes sans un seul single pour le porter si ce n'est pas se tirer une balle dans le pied, je ne m'y connais pas. Sacré Josh tiens, on se dit à 2021 pour un nouvel album ?

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