C'était en 1992. Au détour d'un bilan de fin d'année. Chez certains artistes que j'admirais, revenait sans cesse un album auquel j'avais prêté attention mais qui ne m'avait pas captivé plus que ça. Pour tout dire même, je m'y étais même fait chier grave en l'écoutant : léthargique, inerte, production chiche, des morceaux d'une longueur tout bonnement effrayante : ma définition du cauchemar en somme.
En 92 pink moon m'était encore inconnu (pas pour longtemps soit dit en passant), j'admirais Ride, My Bloody Valentine, les La's, Happy Mondays, mon frère venait de me faire découvrir un album qui allait changer ma conception rock et de la musique en général, goo de Sonic Youth.
Bien sur j'avais déjà des albums de chevet, peu certes mais comment peut-on être sur à 18 ans d'un album qu'il forgera une personnalité, qu'il travaillera le moi en profondeur, que sa résonnance irait au-delà de l'adolescence et accompagnerait les mutations d'une vie en constante évolution. Peu d'albums entraient dans cette catégorie à cette époque. Spirit of eden et laughing stock de Talk Talk, novice de Bashung.
En 1993, le 24 mai pour être exact, je traînais nonchalamment dans les couloirs de la FNAC (en lieu et place de la fac) et je vois en plusieurs exemplaires un grand huit délabré sur fond sépia. Une pochette magnifiquement mélancolique prophétisant ce que pourrait être le contenu : le temps de la joie et de l'insouciance est révolu, celui des regrets plus présent que jamais. Dans le coin en bas à droite, de façon sobre, le nom du groupe, Red House Painters.Pas de titre, rien. J'avais bien lu une critique dithyrambique dans les inrocks, associant Nick Drake et American Music Club, de quoi titiller ma curiosité mais je dois avouer que rien ne me préparait à ça. Pourtant l'onde de choc s'est faite en douceur, sobrement. Dès les premières mesures de grace cathedral park en fait. Cette mélancolie émanant de ces accords introductifs, cette voix douce portant en elle toute la souffrance d'un vieillard de 25 ans, ces arpèges sur le refrain ont trouvé chez moi un écho, une résonance inédite, ont mis le doigt sur quelque chose d'intime, une fêlure qui fait que je ne peux écouter ce titre sans avoir les tripes retournées. La beauté nue de Down through, la cruauté de mistress, take me out ou encore le poignant et terrifiant mother me font un effet plus dévastateur encore. Cependant, il est dans cet album un morceau dont je ne me suis jamais remis, qui m'accompagnera, me hantera probablement jusqu'à mon dernier souffle, sur lequel je chiale de bonheur à chaque écoute, ce sont les huit minutes et demi de katy song. Parfaites, intenses, dramatiques, poignantes. La voix de Kozelek y fait merveille : ses mots, sa façon de les prononcer, son chant mis très en avant sur la première partie y est pour beaucoup quant à la magie qui se dégage de ce morceau. Les cinq premières minutes poussent la mélancolie à un climax rarement atteint jusque là dans un disque de folk. Je ne sais pas exactement si c'est l'ambiance neurasthénique, ces motifs répétés ad libitum, cette batterie dépressive ou encore cette progression sur le refrain qui me bouleversent autant mais toujours est-il que vingt ans après sa création katy song me hante, me remue tripes et boyaux.
En 92 pink moon m'était encore inconnu (pas pour longtemps soit dit en passant), j'admirais Ride, My Bloody Valentine, les La's, Happy Mondays, mon frère venait de me faire découvrir un album qui allait changer ma conception rock et de la musique en général, goo de Sonic Youth.
Bien sur j'avais déjà des albums de chevet, peu certes mais comment peut-on être sur à 18 ans d'un album qu'il forgera une personnalité, qu'il travaillera le moi en profondeur, que sa résonnance irait au-delà de l'adolescence et accompagnerait les mutations d'une vie en constante évolution. Peu d'albums entraient dans cette catégorie à cette époque. Spirit of eden et laughing stock de Talk Talk, novice de Bashung.
En 1993, le 24 mai pour être exact, je traînais nonchalamment dans les couloirs de la FNAC (en lieu et place de la fac) et je vois en plusieurs exemplaires un grand huit délabré sur fond sépia. Une pochette magnifiquement mélancolique prophétisant ce que pourrait être le contenu : le temps de la joie et de l'insouciance est révolu, celui des regrets plus présent que jamais. Dans le coin en bas à droite, de façon sobre, le nom du groupe, Red House Painters.Pas de titre, rien. J'avais bien lu une critique dithyrambique dans les inrocks, associant Nick Drake et American Music Club, de quoi titiller ma curiosité mais je dois avouer que rien ne me préparait à ça. Pourtant l'onde de choc s'est faite en douceur, sobrement. Dès les premières mesures de grace cathedral park en fait. Cette mélancolie émanant de ces accords introductifs, cette voix douce portant en elle toute la souffrance d'un vieillard de 25 ans, ces arpèges sur le refrain ont trouvé chez moi un écho, une résonance inédite, ont mis le doigt sur quelque chose d'intime, une fêlure qui fait que je ne peux écouter ce titre sans avoir les tripes retournées. La beauté nue de Down through, la cruauté de mistress, take me out ou encore le poignant et terrifiant mother me font un effet plus dévastateur encore. Cependant, il est dans cet album un morceau dont je ne me suis jamais remis, qui m'accompagnera, me hantera probablement jusqu'à mon dernier souffle, sur lequel je chiale de bonheur à chaque écoute, ce sont les huit minutes et demi de katy song. Parfaites, intenses, dramatiques, poignantes. La voix de Kozelek y fait merveille : ses mots, sa façon de les prononcer, son chant mis très en avant sur la première partie y est pour beaucoup quant à la magie qui se dégage de ce morceau. Les cinq premières minutes poussent la mélancolie à un climax rarement atteint jusque là dans un disque de folk. Je ne sais pas exactement si c'est l'ambiance neurasthénique, ces motifs répétés ad libitum, cette batterie dépressive ou encore cette progression sur le refrain qui me bouleversent autant mais toujours est-il que vingt ans après sa création katy song me hante, me remue tripes et boyaux.
L'approche du premier Red House Painters n'a pas été si simple que cela, certains morceaux ne se sont laissés apprivoiser qu'après un grand nombre d'écoutes ( mother, new jersey, dragonflies, things means a lot pour ne citer qu'eux) , rêches, peu aimables, austères, dépouillées au maximum mais ce qui les rendait accessibles à mes oreilles était le chant déterminé, doux et triste à la fois, de Kozelek, un chant, parfois cinglant, qui arrive à apaiser une musique tourmentée.
En 1993 le premier album de Mark Kozelek n'avait aucun équivalent, pas un seul album, hormis le premier Low, ne lui arrivait à la cheville. Dix huit ans ont passé, beaucoup d'eau ont passé sous les ponts, mais mon amour pour cet album ne s'est en aucun cas altéré, bien au contraire. J'ai écouté des milliers d'albums depuis mais peu reviennent avec une telle régularité sur ma platine. C'est grâce à ce genre de disque, grâce au talent hors norme de kozelek que je suis toujours comme un gamin devant un magasin de bonbons quand sort un disque d'un obscur groupe proto-folk-métalo néo-zélandais de Papouasie Méridionale. Sur ce point je crains ne pouvoir jamais changer. Tant mieux.
Oui pour moi aussi, les Red House Painters, quel monument dans ma vie! Vraiment. A l'époque avec Smog et Song : Ohia...
RépondreSupprimer;-)
très jolie note cher myrrhman!
RépondreSupprimerj'ai à peu près la même relation avec une chanson de Mark Eitzel: jenny
J'ai mis un temps infini à trouver la lumière... Mais alors, depuis, c''est le plein jour dans ma tête.
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