mardi 3 avril 2012

un jour en psychiatrie service addictologie

- Bonjour,
bienvenue en centre d'addictologie, vous venez pour quelle raison ??
- Une désintoxication madame.
- Quel produit ??? alcool, héroïne, cocaïne, cigarette, cannabis, chocolat, onanisme ???
- Non madame. C'est autre chose.
-Ah ???
-Oui, j'ai contracté une addiction à un produit inconnu jusque là  : le Kevin Tihista's Red Terror. C'est une nouvelle forme d'addiction. Essentiellement  musicale, à base de voix, de guitares, principalement. J'avais déjà eu des symptômes similaires il y a quelques années avec un autre objet dans le même style mais là je crois que c'est pire.
- Quel était cet objet, Monsieur....... ????
- Myrrhman madame.
- Oui. Mais quel était cet objet ?
- There's never been a crowd like this que ça s'appelait. L'auteur de ce méfait se faisait appeler Richard Davies. Une bien belle crevure ce Davies, je vous le dis. Des mois voir des années de désintox qu'il m'a fallu pour m'en dépêtrer. Il m'en reste quelques traces d'ailleurs. Je me rappelle avoir eu des symptômes similaires avec un certain John Vanderslice, autre belle pourriture tiens.
- Ahhhhhhhhhh oui en effet, j'ai souvenir d'avoir aidé certains névrosés à s'en débarrasser. Traitement difficile par ailleurs,certains en sont morts. Et là, si je vous comprends bien, vous me dites que c'est pire ?
- Oui. OUi. OUIIIIIIIIIIIIIIIIII.
- Doucement. Ce n'est rien, prenez ceci, ça vous aidera à vous détendre.
- M-m-merci.
- Allez, monsieur, racontez moi tout.
- Bon, je me lance parce qu'il faut crever l'abcès tout de suite, ne pas le laisser suppurer...
par où vais-je commencer ???  Probablement par le choc que vous vous prenez quand cette enflure de Kevin, en guise d'introduction,  scande ceci  :
 No one's going to leave you ever again, 
I will be here with you until the end/ my friend once said....
 Now there's a million reasons why she's leaving/ Number one she hates the fact that I'm breathing
Not to mention all the drugging & tricking/Well to me that's just a typical evening...
vous savez, en vous prenant ça dans la tronche, que vous allez avoir du mal à vous en remettre.Que le chemin en sa compagnie va être long, la désintox très mais alors très difficile. Vous vous dites que le dernier à avoir écrit de telles vacheries aussi brillamment a fini dans vos albums de chevet mais aussi avec un AVC ( à croire que trop de matière grise finit par provoquer de graves lésions) . Plus loin sur bats quand il entame le refrain :
i gave her one good reason to stay here,
 she gave me two better reasons to leave,
on se dit que décidément, ce Kevin, il a tout compris quant aux rapports humains. De l'humour, noir anthracite si possible, il en a à revendre à la pelle.Et le dissémine tout au long d'on this dark street.
En revanche il sait aussi être sérieux, avoir une écriture fine, observatrice et absolument terrible, très proche en cela d'un JohnVanderslice, cette enflure de crevure.
Quand il écrit sur don't let him in :
My mother's crying/Which always make me cry
She said this man is poison/He destroyed all our lives 
ou encore :
He knocked my mother down / Right there in the kitchen
He was on top of her / I dug that knife beneath his chin.
c'est le cellar door ou encore song of the good wife qui apparaît en filigrane soit la finesse d'observation  de Vanderslice plus la cruauté de Knox.
Dans ce cas là, je vous le dis clairement : comment voulez-vous que je m'en sorte ???
- En effet, ça ne va pas être simple. Le cas paraît plus difficile encore que Davies. Pour ça je ne vois guère que.....
- Mais attendez, je n'ai pas fini : je ne vous ai parlé que des paroles, pas de la musique. Parce qu'en plus cette salope de Kevin Tihista est un excellent musicien/mélodiste. Non seulement cette raclure navigue dans les mêmes eaux qu'un Richard Davies ou encore un Elliott Smith concernant l'aisance mélodique mais musicalement on entend dans on this dark street des bribes de Nick Drake période bryter later (micky), de House Of Love (bats), The Beautiful South première époque (teenage werewolf) et tout ce qui constitue le haut du panier en matière de pop. En y prêtant même bien l'oreille on est capable d'y déceler du Prince (N carolina a des faux airs de diamonds & pearls). Je vous le dis : il est pas humain ce type.
- ....
- Et le pire là-dedans c'est qu'il a attendu huit ans avant de pondre un tel truc. Huit années pendant lesquelles il a dégraissé sa musique, acéré sa plume pour aller à l'essentiel. Un album de dix morceaux à obédience acoustiques, mélodiquement imparables. Vous comprenez : quand j'ai vu la pochette, inoffensive comme y a pas, je me suis pas méfié moi... qui se méfierait d'un chien dans la neige ??? Personne vous m'entendez ??? !!!   PERSONNE !!!!!
 j'avais mis des années à me défaire de Davies,  mais là je suis désespéré, aidez-moi, faites quelque chose....
- Bon écoutez monsieur Myrrhman, votre cas constitue effectivement une urgence psychiatrique. Je me renseigne auprès du service du Dr Garou, savoir s'il reste une place disponible. Je crains malheureusement que vos lésions soient irréversibles. Il en a soigné des cognés mais un cas comme le votre sera un véritable défi pour lui. Laissez moi lui parler.....

3 commentaires:

  1. et en plus, d'être sous addiction, tu es dévenu schizophrène ^^ (en mode dialogue à soi-même)
    Je blague ... il est très bien ton billet et cet album, que j'ai découvert hier grace à toi, est magnifique.
    Merci l'ami ;)
    Marie

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  2. je ne suis pas schizophrène, seulement psychotique. Et veuillez vous adresser au grand myrrhman avec plus d'égards Madame, sans cela il pourrait se vexer ^_^.
    Maintenant que j'en ai fini avec Kevin, m'en vais attaquer l'autre sommet de ce mois de mars/avril : le Chromatics. Là ça va être plus raide.

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  3. Han! J'aime beaucoup l'extrait. Merci pour la chronique schizoïde.

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