lundi 16 avril 2012

Je suis (encore) décevant

Autant le dire tout net : je me ramollis.
Kevin Tihista : pop.
Ruby Throat : folk
Julia Holter : pop
Junipers : pop
Bon il y a bien un disque de métal (pas terrible qui plus est) chroniqué ces derniers temps, mais autrement : rien. On nage dans le marasme là. On se fait chier grave.
Ça fait combien de mois que j'ai pas fait de note sur un disque d'ambient bien chiant, de plus de trois heures avec seulement deux morceaux au compteur ??? Combien de temps que j'ai pas fait de note sur un mec, dépressif chronique sous subutex, qui enregistre sa musique tout seul dans son coin avec son PC, ses samplers, sa guitare et qui te sort un truc beau à chialer mais à se pendre tant tu te fais chier si tu n'y es pas préparé  ??? Hein ???
Je faiblis, je vous le dis.

Alors je m'en vais de ce pas me ressaisir.
M'en vais vous faire une note sur un gars qui vient de sortir un triple album d'ambient composé de neuf morceaux et d'une durée approximative de deux heures.
Faisez pas la gueule, l'album est superbe.
Et puis ce n'est pas qu'un disque d'ambient hein. C'est aussi de l'abstract et de du drone.
Chouette programme non ?
Comme tout bon électronicien qui se respecte, Fabio Orsi, malgré des origines italiennes, est berlinois.
 Encore ???!!!! me direz-vous. Ben ouais, il est certains clichés dont on a du mal à se défaire. Celui qui voit qu'un bon album de musiques électroniques vient forcément de Berlin a la peau dure. Et ce n'est pas avec the new year is over que ça va changer. Mais bon, rassurez vous, comme je l'ai écrit plus haut, ce n'est pas de la minimal techno ou du dub façon Maurizio, c'est de l'abstract, du drone. De la musique pas drôle,chiante et répétitive en somme. Pour ceux qui ne veulent pas se donner la peine d'entrer dedans.
Et je l'affirme avec une objectivité rare : il serait tout de même dommage de se priver d'un tel plaisir.
 A l'instar de Troum,  Fabio Orsi réinvente des paysages fascinants en deux coups de cuillères à pots avec guitare et PC de rigueur. Dès the new year is over (yep) on retrouve les paysages lunaires, désertiques, de Yellow6. Une guitare bradycardisante sur le point de claquer, quelques trémolos de survie, un ou deux effets et votre appartement de merde n'existe plus, vos gros cons de voisins n'existent plus, votre vie n'est plus, vous n'êtes plus qu'abstraction et ce pendant onze minutes.
Vous l'êtes un peu moins sur les onze suivantes, très tribales et dronesques, mais Orsi se charge à nouveau de vous paumer littéralement, de ne faire de vous qu'une entité vaporeuse tantôt flippée à coups de dark ambient à la Troum (glüh), tantôt sereine avec une sorte d'ambient maritime à la Aidan Baker ou Current 93 ( le grandiose permanent mark). N'allez pas croire que l'album ne balance qu'entre ces deux pôles, certains morceaux montent de façon progressive et deviennent  tendus voir limite bordéliques (endlisch), d'autres tournent à vide et deviennent chiants au possible à force de surplace (the lonesome era part 2). Pourtant, hormis ce titre peu intéressant,  la force d'Orsi est qu'il sait faire évoluer ses morceaux de façon passionnante. Il y va à son rythme, par couches successives, créant une sorte de mille feuilles ambient qui varie en fonction des idées apportées par Orsi. Sur les trois disques et les neuf morceaux présents il n'y a véritablement qu'un seul échec, qu'une seule fois où Orsi semble ne pas avoir d'idée précise où emmener son morceau. Les dix minutes semblent en faire vingt et confirment que l'ambient/drone peu parfois être un tantinet pénible. Cependant il ne s'agit que d'un seul morceau, placé quasiment à la fin de l'album hein. Le reste est au minimum excellent (le premier disque et deux titres du troisième) voir remarquable (le second et ses deux morceaux ambient d'une vingtaine de minutes chacun).
 The new year is over c'est, pour l'instant, ce qui s'est fait de mieux en matière de drone/ambient cette année, c'est un disque fait avec amour par un mec seul qui ne savait pas quoi foutre de ses instruments. Qui ne sait pas jouer de la guitare de façon conventionnelle mais sait en revanche très bien en sortir les sons adaptés à son mode de fonctionnement. C'est également un gars qui a écouté la discographie de Maeror Tri ou Troum jusqu'à plus soif et a su en tirer l'essence. Bref, comme disait la philosophe italienne des années 80, Enzo Enzo, c'est juste quelqu'un de bien.
Autrement il n'est pas seulement bon musicien cet italo-berlinois, il fait aussi de la photo et s'en sort plutôt bien. Son travail peut se voir ici.

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