lundi 12 mars 2012

the junipers (de rien)

Attention : cette note sera à haute teneur philosophique.
Il devrait y être question d'hédonisme, d'épicure et de plein d'autres gros mots du même style.
Prêt ?? 
On oublie parfois un peu vite le plaisir immédiat. Vous savez : une sensation fugace qui dès la première écoute d'un morceau (ou d'un album ) vous colle la banane, vous attriste, enfin vous fait réagir de façon positive. Ce plaisir, on s'en méfie. De plus en plus quand on avance en âge. S'enthousiasmer comme ça sur la foi d'une écoute, c'est un sport de jeunes cons se dit-on.
Comprenez moi bien : on a tellement connu d'albums qui à la première écoute nous ont déçu ou dont on s'est foutus puis se sont dévoilés au fur et à mesure des écoutes qu'on en est venu à se méfier de tout.
Alors quand on tombe sur un album simple, accrocheur, pop, immédiat, bourré à la gueule de mélodies simples, accrocheuses, pop, immédiates,  on commence par se méfier. On se demande, en vieux concon est, où est l'arnaque. On écoute d'abord d'une oreille méfiante puis on se retrouve submergés par ces guitares claires, simples, accrocheuses, immédiates, ces voix simples, patati, patata, ces choeurs accroche-coeurs (ouhhhh làààà, magnifique non ?!!!!) en pagaille, puis on termine l'écoute avec la banane, des fleurs dans les cheveux, courant nu dans les prés en fleurs accompagnés de sylphides diaphanes sous une lumière hamiltonienne en diable.
 Paint the ground, nouvel album de The Junipers a ce puissant effet : nous faire remémorer notre jeunesse insouciante (ou plutôt fantasmée) pendant laquelle on écoutait tout ce qui avait attrait au flower power, à cette époque de hippies dégénérés où sortaient en moins de temps qu'il n'en faut plus de merveilles pop que de dents  à un nourrisson.
L'album de The Junipers, c'est un peu Gruff Rhys qui rejouerait les Olivia Tremor Control qui rejoueraient les Gorky's Zygotyc Mynci qui rejoueraient les La's qui rejoueraient... ces gars là connaissent donc leur manuel de la pop britannique classique et psyché sur le bout des doigts. Chaque accord joué, chaque harmonie est directement inspirée d'un illustre (gl)aïeul anglais. C'est direct, sans fioriture, sans grande originalité certes mais exécuté avec un putain de talent qui vous transporte quelques décennies en arrière en deux accords.
Mais bon, quand est sorti l'unique album des La's, on s'en est royalement foutu de savoir si Lee Mavers pompait le répertoire des Beatles. Tout ce qui sautait à la gueule c'était le talent de mélodiste de Mavers et sa bande. Pour paint the ground, c'est pas loin d'être la même configuration.
La première fois, quand j'ai lu ça, : The greatest band in the whole wide world have got a new album. That’s right, supreme psychedelicists, The Junipers, are following up their ‘Cut Your Key’ LP with the wonderful, enchanting, downright POSITIVE longplayer, ‘Paint The Ground’., j'avoue m'être bien marré. Après écoute en revanche... si ce n'est clairement pas le meilleur groupe du monde il a pour lui l'évidence des mélodies, un talent qui saute littéralement aux oreilles. L'album n'est qu'une succession de clichés pop mais évite les facilités en faisant preuve d'une concision bienvenue et rejoint la famille pas si nombreuse que ça des grands groupes pop évoqués un peu plus haut.

Tout compte fait je suis décevant :  vous vous attendiez à une note philosophique, vous vous retrouvez avec une note merdique sur un groupe pop quelconque dont on aura oublié le nom dans quelques jours. Mais en attendant après avoir lu cette note et cherché le disque en question, la petite demi-heure que vous aurez passé en sa compagnie vous fera un bien fou. Un plaisir simple, immédiat, instantané. Et vous vous direz que malgré ses réflexions bas-du-front, ce myrrhman, bordel de merde, qu'est ce qu'il a bon goût. Et je vous répondrais, modestement, que vous êtes d'une grande lucidité.


1 commentaire: