C'est déjà fait ???
Vraiment ???!!!!
Bon ben je vous emmerde.
Au moment où je m'apprêtais à écrire une note magnifique, comme d'habitude, sur un disque encore plus magnifique que ma future note, une pensée, un doute est venu effleurer mon esprit : dois-je ?
Oui dois-je ??
Dois-je salir de mon écriture fielleuse, imprécise, un disque dont la beauté immaculée ne pourra être que souillée par ma pensée malséante ?
Oui.
A l'origine, ekstasis de Julia Holter ne m'a pas emballé plus que ça. Loin de là. Pas de répugnance non plus, ni d'indifférence. Seulement sans m'avoir plu, il en est ressorti quelque chose de bien plus intéressant qui ne m'était point arrivé depuis longtemps : j'ai été intrigué. Pas par les mélodies, non. La première écoute m'ayant quelque peu dérouté, je n'ai rien bitté des mélodies. Le seul sentiment qui en est ressorti c'est : bordel de moi-même, c'est moi ou c'est space ??
En y réfléchissant bien, c'était pas moi. L'univers de la galante Julia est tout de même un brin spécial. Si vous cherchiez un point commun entre Lynch, The Knife, Broadcast, Young Marble Giants, Nico et Kate Bush, n'allez pas plus loin. Procurez-vous ekstasis, appuyez sur play et laissez vous embarquer dans un imaginaire d'apparence glacé mais bouillonnant d'idées. Chaque morceau se suffit à lui-même, a une vie qui lui est propre, un univers à part, bourré de références et ne ressemblant à rien de connu, piochant ça et là dans le répertoire évoqué ci-dessus, brassant toute sorte de styles comme l'électro, le free-jazz, le drone, la musique concrète ou encore l'experimental.
Vous me direz qu'au vu la description faite juste avant, ça ne peut que se barrer dans tous les sens. Comment rendre cohérent tous ces styles sans que ça ne tourne au capharnaüm ? La solution choisie par Julia Holter est simple : il suffit de faire rentrer tout ça, avec marteau et burin de rigueur, dans un format pop. Son talent, outre celui de V.R.P de Bouygues pour la pop, est de créer des compositions uniques, d'être une véritable aventurière. N'hésitant pas à prendre des risques, à flirter avec le ridicule (que de réverbérations, d'échos dans ce disque), piocher dans le répertoire des 80's (d'aucuns parleront de Laurie Anderson), sa pop baroque déroute en premier lieu puis finit par fasciner. Fasciner parce qu'elle met à jour une part d'enfance dans ce qu'elle a de plus cauchemardesque : la solitude, le repli sur soi, le développement de l'imaginaire pour faire face à une situation intolérable (Für felix ou moni mon amie s'apparentent à des comptines innocentes, toutes douces mais échappées de l'univers quelque peu perverti de twin peaks).
Pour le coup, après plusieurs écoutes au casque, je peux l'affirmer tranquillement, sans risque de me planter (et là mon jugement n'est pas fait à l'emporte-pièce comme ma précédente note) : jusque là, avec le Tindersticks et le Ruby Throat, il s'agit ni plus ni moins d'un autre indispensable de 2012 (qui s'avère être une année d'une grande richesse en seulement trois mois d'existence).
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