mercredi 21 décembre 2011

the wanting

2011, année de merde, suite.
Hier il s'agissait de Luke Haines. Un oublié parmi tant d'autres. Aujourd'hui dans les grands oubliés qui n'intéressent pas grand monde : Glenn Jones.
Déjà, pas de bol. Le mec s'appelle Glenn Jones. Comme le chanteur soul/R'nB américain qui sévissait dans les années 80. Black, moustache à l'avenant, l'homonyme a certes de l'allure mais rien à voir avec le Glenn Jones qui nous intéresse ici. Le gars en question est blanc, a un bouc et manie la six cordes comme moi les prises de sang. Pour résumer, il s'agit bien d'un virtuose, voir d'un killer.
Mais que fait-il comme musique ce bon Glenn ??? du Santana, Satriani, Malmsteen ???  Mais pas du tout mes bons messieurs, Glenn Jones fait dans l'american primitivism.
L'a.....quoi???
 L'american primitive guitar.
Vous m'en direz tant.
Petit cours à l'égard des ignorants crasses que vous êtes : l'american primitivism est un genre musical associant fingerpicking et country/blues traditionnel, créé et popularisé (pfffffff c'te blague) par Jonh Fahey.
Ahhh.......... j'en vois qui dressent l'oreille à l'évocation de Fahey.
Glenn Jones s'inscrit dans la descendance directe des Fahey, Basho, Kottke ou plus près de nous (mon dieu) : Sir Richard Bishop, James Blackshaw ou encore Jack Rose pour ne prendre que les plus connus.
The wanting, album sorti en septembre dernier, est une ode à la guitare acoustique et au banjo fait par un virtuose respectueux des traditions. Un blues primitif qui ne révolutionne rien, totalement instrumental mais d'une grande beauté.
Jones, qui fit parti du groupe Cul De Sac, rend autant hommage aux défricheurs comme Fahey qu'aux têtes chercheuses style Jim O Rourke période Gastr Del Sol. The wanting est en équilibre instable et permanent entre expérimentation et accessibilité, virtuosité ( Jones n'est pas un manchot de l'open tuning et tient à le faire savoir) et simplicité.
Le problème (si tant est que c'en soit un) avec cet album c'est qu'il est quasi impossible de sortir  un titre du lot. Je dis bien quasi. The wanting rend un précieux hommage au primitivism sur les dix premiers morceaux, de façon épurée, sans vraiment prendre  trop de risques. On sent peser sur Glenn Jones l'héritage de John  Fahey et consorts, dont il n'arrive pas totalement à se défaire. Puis arrive le onzième et ultime titre. Dix sept minutes intenses, hypnotiques, expérimentales, un dialogue assez hallucinant entre percussions ferroviaires et guitares en mode derviche tourneur, le tout commençant de façon fort traditionnelle, simple, pour mieux perdre l'auditeur en route, the orca grande cement factory at victorville conclut l'album de façon magistrale. L'ajout du batteur permet à Jones de prendre véritablement des risques, de se débarrasser enfin de ses influences trop encombrantes et de divaguer au gré de sa folie. Achevant the wanting sur une drôle d'impression : celle d'avoir écouté deux albums. L'un très beau, relativement sage, respectueux de ses ainés, des traditions,  l'autre complétement barré, en roue libre mais superbe. Reste à voir quelle direction prendra Glenn Jones sur le prochain. En attendant l'album mérite tout de même bien meilleure audience que le relatif anonymat dans lequel il est plongé depuis sa sortie en septembre dernier. Monde de merde.

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