samedi 10 septembre 2011

CORRUPTED

Ayé, je suis reviendu.
L'attente n'aura pas été si longue finalement. Enfin si.Que je vous dise : je n'ai toujours pas récupéré mon PC. Mais j'ai remis à neuf un portable qui n'avait plus servi depuis deux ans pour cause de surchauffe intempestive au bout d'une petite dizaine de secondes. Mais on s'en fout de ma vie trépidante, passionnante, revenons à nos moutons, à savoir : what's up doc ?
En cette rentrée fort impressionnante où il ne sort que des galettes estampillées COSR, au hasard le dernier Rapture, le Deus ou encore le monumental DJ Shadow, je m'en vais braquer les projecteurs sur un groupe de déconneurs puissants : Corrupted. Ces Michel Leeb japonais sont naquis en 1995 à Osaka. Ils ont à leur actif cinq albums dont quatre avec des titres..............espagnols (au hasard : paso inferior, el mundo frio) et pratiquent une musique que je qualifierai de légère. En gros : du sludge, du doom, du dark ambient et du drone. Pour compléter le tableau j'ajouterai que c'est un groupe qui sait ce qu'économie de morceau veut dire. Pas plus de trois morceaux par disque et si possible chacun doit faire entre 10 et 71 minutes (avec une bonne moyenne aux alentours de 40 mns). Vous me direz : le tableau dressé ferait peur à n'importe quel auditeur pourvu d'une paire d'oreilles en état de fonctionnement ainsi qu'un cerveau correctement neuroné. Certes. Pourtant, comme faisaient mes amis Johnathan et Jennifer, l'amour du risque vaut parfois qu'on se détruise les conduits auditifs à écouter des japonais irradiés, fous et complétement désespérés. Parce que ces gars n'ont jamais sorti quoi que ce soit de mauvais jusque là. Les quatre albums sortis entre 1995 et 2005 oscillent entre le formidable et le génial, avec deux sommets : le double terrifiant llenadose de gusanos partagé entre une heure d'ambient et trois quart d'heure de sludge/ambient du meilleur effet et le non moins terrifiant el mundo frio.
Cette année ils sortent un nouvel album. Une mini révolution. Celui ci comporte une petite dizaine de morceaux pops, aériens, légers dans lesquels les guitares claires, les arrangements au clavecin prennent une dimension toute nouvelle et ne fait que 28 mns..........................................non, je déconne (ou presque). Là où il y a révolution c'est qu'ils ont abandonné l'espagnol au profit de l'allemand (on déconne comme on peut au japon). Leur nouvel album se nomme donc Garten der Unbewusstheit. En revanche, rien ou presque n'a changé dans leur musique. C'est d'un noir absolu, à peine entrecoupé d'éclaircies pour aérer ce sentiment d'oppression qui nous étreint à chaque minute passé en leur compagnie. Pourtant ça commence tout doux : une guitare claire à la Slint , un accord, une basse, beaucoup de silence et malgré tout une pesanteur renforcée par l'apport de la batterie. En gros les premières minutes rappellent le meilleur de Bohren. C'est hyper statique, tout semble figé, pris dans une putain  de torpeur.qui s'installe, tranquille, et ne semble pas prête de décaniller. C'est là qu'intervient au bout de six-sept minutes Earth. Le groupe américain s'invite et jamme comme un malade avec Bohren. A savoir donc : qui sortira le moins d'accord à la minute et tapera sur ses fûts le plus lentement possible. Heureusement Corrupted reprend le contrôle de tout ce petit monde de gros déconneurs tout d'abord grâce au chanteur et sa voix gutturale puis par un funeral doom vraiment désespéré lent, mélancolique et abordable. Le morceau alterne tension, torpeur, beauté, fascination sans un moment de répit. Le genre de plage que n'est jamais parvenu à approcher (et n'y parviendra jamais de toute façon) toute la clique de GodSpeed en près de vingt années de carrière.Les trente minutes passent comme un souffle : c'est puissant, beau, violent, ça travaille au corps et vous retourne littéralement les tripes quand arrive le second morceau, acoustique, simple, totalement dénudé.Véritable pause aérienne dans un disque claustrophobe. Pause qui se poursuit néanmoins sur le début de la troisième plage et se termine doucement avec l'arrivée de façon graduelle d'une guitare électrique.Tout en douceur d'abord puis elle vous explose sa mélancolie à la gueule sans que vous ne vous y attendiez vraiment.Enfin bon, si un peu quand même. Le morceau se poursuit alors non plus sous le signe de la tension mais sur un mode violemment désespéré. Ces mecs font de la musique pour ne pas se flinguer et tiennent à le faire savoir à leurs auditeurs. Leur funeral doom ferait passer Skepticism pour les petits chanteurs à la croix de bois, le Nick Drake de pink moon pour un trublion. C'est désespérément triste, leur mélancolie semble être un puits sans fond sur laquelle ils apposent des notes, des ambiances pour combler une joie de vivre sans égale. Gekkou no daichi, troisième morceau donc, monte en puissance tout du long pour atteindre un paroxysme, un climax vers la 27ème minute et se termine comme il a commencé : sur des arpèges cristallins. Impressionnant.
Alors certes, c'est pas spécialement gai, certes c'est encore du métal et des morceaux à rallonge mais c'est probablement un album qui finira pour ma part très haut dans la cuvée 2011, pas loin du Cass McCombs. J'en connais certains qui vont sortir les crucifix, crier à l'hérésie mais Corrupted partage avec McCombs une excellence, une puissance rarement atteinte dans leur genre respectif. Après on adhère ou pas mais c'est foutrement bien foutu et Corrupted a un savoir-faire pour rendre les minutes passées en leur compagnie passionnantes, une fois le disque commencé en aucun cas on a envie d'appuyer sur stop, Garten der Unbewusstheit vous happe dès les premières secondes et ne vous relâche qu'au bout d'une heure.
Un grand disque en somme. Et un phare dans cet océan de merdes dont on est abreuvé régulièrement en ces temps difficiles.


2 commentaires:

  1. C'est vrai qu'il est beau ce diks!
    Je me permets de te conseiller un double live de Whitehorse d'il y a quelques années (que tu n'as pas encore écouté, si j'en crois RYM).
    http://rateyourmusic.com/release/album/whitehorse/whitehorse/

    (-Antoine2- sur slsk si tu veux)

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  2. dès que j'aurais récupéré mon PC je saute sur slsk :)

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