Réhab comme faisait l'autre,
l'anorexique cave à vin entrée dans la légende du club des 27 (à
peu de chose près Mike Brant y entrait lui aussi. Mais je m'égare.).
Dans les deux sens d'ailleurs : français comme anglais.
Français parce qu'après avoir
découvert l'album il y a une bonne vingtaine d'années, je commence
tout juste à vraiment l'apprécier. Non pas que je n'aimais pas le
too many days without thinking de Swell, non. Enfin si. Il m'a
seulement fallu une bonne vingtaine d'années pour digérer le choc
reçu avec le 41, m'habituer au post 41. Je sais : je suis un peu
long à la détente. Pour tout dire à la sortie de too many days je
goûtais certains morceaux avec une délectation certaine mais
n'arrivais pas appréhender la totalité de l'album. Je retrouvais ce
que j'adorais de 41 sur what I always wanted ou encore sunshine
everyday mais le reste ne me touchait pas. Au mieux cela m'effleurait
un peu les conduits auditifs sans parvenir à faire sauter les
verrous du bon goût bien installés dans ma boîte crânienne, au
pire ça m'agaçait fortement. Je trouvais que la personnalité hors
du commun de Swell se diluait complétement dans ces guitares un peu
trop musclées à mon goût, la production trop commune limite banale
pour un tel groupe. Avec too many days Swell je ne me rendais pas
compte que Swell se libérait du son qui les caractérisait,
cotonneux, mystérieux, s'ouvrait au monde sans compromission, sans
se renier (ce que je viens de découvrir il y a un ou deux mois). A
l'époque je le trouvais trop rentre-dedans, (I know) the trip était
le genre de chanson à laquelle je n'accrochais pas : trop évidente,
trop simple. Grosse batterie, grosses guitares, voix criarde. Pas
assez subtile pour ma pomme, trop de gros sabots tuent le mystère.
Voilà en gros ce que je reprochais à cet album. Avec le recul bien
évidemment je me marre : je me rends compte que ce n'est pas Swell
qui manquait de subtilité, bien au contraire. Il m'a fallu donc près
de vingt piges pour l'appréhender, le comprendre et l'aide
(involontaire) de ma femme qui l'a mis sur clé USB pour l'écouter
en voiture. Je l'ai redécouvert dans ma bagnole avec un son limite
pourri. Seul, le volume à fond, ça a fini par devenir évident :
s'il est en effet moins bon, moins mystérieux que 41, il n'en reste
pas moins un autre chef-d'oeuvre à mettre sur le compte de Swell. Ce
qui me paraissait fade, limite vulgaire il y a vingt ans passe
maintenant comme une lettre à la poste. La mélancolie de 41 fait
place à une approche plus immédiate de la mélodie, une tension
inédite chez eux également. What I always wanted est un parfait
morceau de transition : tout en tension, sec, nerveux, sur l'os (too
many days donc) mais miné par un mélancolie échappée du 41. Plage
parfaite et un des meilleurs morceaux de Swell toutes périodes
confondues. Sur too many days Swell ne s'encombre plus de l'aura
mystérieuse entourant ses précédents albums. Le son y est plus
brut, on y retrouve encore et toujours ces guitares acoustiques
obsédantes mais les électriques finissent par leur voler la
vedette en se faisant plus hargneuses, plus testostéronées (throw
the wine, at lennie's, make you mine, (i know) the trip), la batterie
plus sèche, frondeuse sans perdre pour autant son toucher subtile
caractéristique au son de Swell. Avec le recul tout ce qui fait le
charme, la beauté de Swell est toujours présent. Seulement
contrairement à Swell, c'est l'auditeur, moi en l'occurence, qui
n'ait pas su percevoir toutes les subtilités intrinsèques à cet
excellent too many days without thinking. J'ajouterai également que
pour mon cas Swell aurait très bien pu renommer son album par too
many days without ears. Parce que vingt ans pour découvrir un album
que je connaissais déjà fallait que je les ai sacrément ensablées
tout de même u alors un taux de connerie sacrément élevé. Que
voulez-vous, le temps ne fait rien à l'affaire comme disait l'autre
Enfin j'en viens au second sens,
anglais donc, de rehab. En effet après l'avoir redécouvert,
j'essaie tant bien que mal de m'en défaire. Je l'écoute plusieurs
fois par semaine et il donne un goût surané, fade à toutes les
nouveautés que je m'envoie dans le cornet en ce moment. Ma femme,
inquiète au plus haut point, a bien essayé de me foutre en cure de
désintox mais à chaque fois c'est le même refrain, chaque fois je
lui réponds : non, non, non.
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