t'étais pas né au début des années 80. Tu en conserves une nostalgie incompréhensible pour le commun des mortels né avant cette fabuleuse décade.
Pour toi les années 80 c'est un son, une ambiance, une musique glaciale, martiale, ce sont les corbeaux noirs. Tes idoles sont Ian Curtis, Robert Smith, Viny Reilly. Comme tu n'as jamais pu les vivre ces putains d'années, tu t'es mis en tête de les recréer. A ta façon. Tu t'es envoyé l'intégrale de Joy Division (unknown pleasures surtout), la trilogie infernale des Cure, quelques Stranglers, un ou deux Durutti Column (surtout pour les pochettes), le premier Suicide. Tu t'es aussi écouté, comme tu es quelqu'un de moderne, la réinterprétation qu'en avait fait Interpol. A l'écoute de ton album on devine ce que tu en as pensé : "c'est de la merde. Mieux vaut rendre hommage aux originaux qu'aux copies carbones". Pas faux. Tu as donc décidé, d'un commun accord avec toi-même, de créer un groupe. Comme tu es quelqu'un de démocrate, tu as choisi les membres du groupe selon leurs compétences. Tu t'es finalement rendu compte que toi seul était compétent. En même temps tu palpes plus en cas de succès. Pas con. Ton blase, tu le choisis en fonction de ton adoration. Celle de Robyn Hitchcock et Ian Mac Culloch par exemple. L'un auteur d'un killing moon légendaire sur ocean rain, l'autre en hommage à son groupe The Soft Boys. Tu formes, avec l'aide inopinée de toi-même et de tes instruments, le groupe The Soft Moon. Tu as de l'inspiration, du talent à revendre. Tu sors donc deux EP dans l'année puis, comme tu fais l'objet d'un buzz énorme, grâce à ton label, tu sors un album. Eponyme. Ce qui te distingue d'autres groupes de ton espèce ? Un jusqu'au-boutisme assez étonnant. Tu n'hésites pas à aller à fond dans une sorte de caricature grand corbeau noir, musique inquiétante, synthés flippants. Tu repompes de façon franchement pas subtile les plans batteries folles du pornography des Cure, les plans gratte de seventeen seconds, tu n'hésites pas à reproduire la production barrée du unknown pleasures de Joy Division.
Et tu sais quoi ??? Sans être un grand album, ni une grosse merde, ça marche pas mal.C'est relativement bien foutu, c'est touchant car assez comique. Comme le sports de Weekend, ça ne révolutionne rien mais ça fait passer 3/4 d'heure sans qu'on ne s'y ennuie. Par contre de là à voir en toi un futur talent unique dans la musique actuelle, il y a un pas que je ne franchirais jamais. Ton album est sympa mais comme pas mal de disque que j'ai pu écouter cette année, il franchira difficilement le cap des dix écoutes. Allez, fais pas la gueule, les années 80, musicalement parlant, c'était vraiment pas terrible. Tu n'as rien loupé.
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