lundi 3 février 2014

TRAAMS au 6par4

Le 31 janvier dernier passait au 6par4, à Laval (capitale de la Mayenne pas Quebec, je précise), le groupe de nerds no-life anglais, du moins au vue de leur affiche de promo, Traams.
Fort d'un bon album sorti l'an dernier, grin, je me suis dit que je devrais peut-être traîner mes guêtres jusqu'à Laval histoire de voir ce que peuvent donner ces ados pré-pubères sur scène. D'autant plus qu'il s'agit là d'une des rares dates du groupe en France et, cerise sur le gâteau, le concert est gratuit.
Passée une première partie plutôt courte et agréable - non pas agréable parce que courte, je vous vois venir, bande de mécréants - ( les Caennais de Ghost Friends, pas mal d'énergie et de bonnes influences- Nirvana et Codeine viennent immédiatement en tête-.), Traams arrive devant un parterre d'à peine quatre-vingt personnes. De quoi se dire que la gratuité d'un concert n'empêche pas le Lavallois d'être une feignasse de la pire espèce préférant se fader les émissions d'Arthur que de se déshydrater en se ruinant les tympans pendant une heure. Excuse d'autant plus débile qu'il suffisait de sortir dehors une dizaine de secondes pour être aussitôt réhydraté. Mais bon...
Le trio commence son concert et là, d'un coup, vous ne comprenez plus grand chose à ce qui vous arrive. Vous étiez venus voir une bande de nerds pour limite se foutre de leur gueule et vous vous retrouvez face à un mur du son, littéralement scotché sur place. Surtout qu'avant de commencer, quand le groupe arrive et empoigne ses instruments, un détail vous saute à la gueule : c'est quoi cette guitare qu'il a le chanteur ??? un modèle spécialement créé pour passe-partout ? Seulement, passé l'intro, vous faites moins le malin. Parce que le trio déploie une énergie terrible, un son énorme et qu'il assure à tous les niveaux. Stu Hopkins chante/hurle en maltraitant sa guitare de poche, Leigh Padley, le bassiste, grande asperge dégingandée, fait preuve d'un flegme typiquement britannique et Adam Stock tape sur ses fûts avec la régularité d'un métronome. Normal qu'ils assurent me direz-vous. Certes, mais sur scène grin prend une toute autre dimension : ce qu'on entrevoit sur certains titres, un côté parfois noise-rock à la Sonic Youth, est ici exacerbé. L'aspect polissé et relativement propre sur lui de grin est totalement évacué au profit d'une musique rêche et hypnotique. Prenez head roll sur l'album, on y entend quoi ? Un groupe qui ne s'est jamais remis de la création de New Order. En concert l'influence de Hook est toujours présente mais vient se greffer dessus l'âpreté de Sonic Youth et surtout la folie d'un Jaki Liebezeit (je reste persuadé qu'Adam Stock devait faire métronome dans une vie antérieure). Grâce à Stock, head roll s'étire, s'allonge considérablement et permet à Stu d'expérimenter et de faire preuve d'une grande maîtrise du boucan. Boucan voir bordel qu'il maîtrise encore mieux sur un klaus final d'anthologie qui se révèle être en concert une sorte de montée wagnérienne d'un quart d'heure, sauvage, hypnotique et laissant le pauvre hère que je suis exsangue, bouche bée. Entre deux, le groupe ne fait signe d'aucunes faiblesses, aucun temps mort (hormis les accordages de guitare ou de basse), aligne les tubes (swimming pool, flowers, le très Pavementien fibbist ) les ko (head roll, klaus et le rappel, que je ne connaissais pas, sorte de Joy Division noisy probablement issu de leur premier EP) et emporte l'adhésion du public haut la main en une heure qui aura passé comme un souffle.
Bref, ce fut un grand concert, impressionnant, et, ce qui ne gâche rien, avec un chanteur très sympa et accessible (à peine le concert terminé le voilà direct au stand pour vendre ses disques, tailler le bout de gras et serrer des paluches aux fans transis).
 En somme, comme disait le dicton populaire dans son infinie sagesse: j'en ai eu pour mon pognon.

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