lundi 6 mai 2013

The One Burned Ma : froid dans le dos

Rrrrrrrrrrrrahhhhhhhh  qu’il n’est pas simple d’être un auditeur passionné de musique. C’est d’autant plus difficile quand vous avez pour ambition (modeste, soit) de vouloir écrire des textes assez «pertinents et impartiaux» sur un sujet aussi vaste que, au hasard,  la bonne musique. La difficulté s’accroît voir se complique  quand le groupe ou le disque qui va «passer à la casserole» est celui d’un @mi de longue date qui après des années de cherchitude a fini par se trouver et publie via bandcamp ce qui se révèle être son meilleur album jusque là : froid dans le dos.
Le musicien en question, c’est Esther aka Loner aka leYul Brynner du 9-3 aka le chauve aka The One Burned Ma. Le patronyme choisi (The One Burned Ma donc, titre d'un album de Volcano The Bear) vous situe tout de suite vers quel style sa musique évoluera : la contine pour enfants et autres variétoche eighties digne de figurer dans mon panthéon saloperiesque dominical.
Pour résumer : ce sera expérimental ou pas.
Froid dans le dos que ça s'appelle, donc.
Autant le dire tout net, ne vous attendez pas à un album fait de douceurs, d'arpèges délicats ou autres niaiseries de ce genre, ici c'est 70 minutes de musique qui vous secoue, vous maltraite les esgourdes, vous fait passer par tous les états. C'est un putain de train fantôme auquel on aurait associé également un grand huit, ça vous happe, vous effraie par moments (interferences I, le bien nommé deux faces et son final apocalyptique en direct live du tambour de la machine à laver). Ca visite les sommets (beaucoup, notamment les excellents tango avarié et sous cutané ), les bas-fonds (le formidable drone/ambient interlude comme du Coil période time machines ou du Nurse With Wound), ça semble parfois s'apaiser, faire entrer un peu de lumière (dans la pénombre) mais le répit est toujours de courte durée. Le morceau suivant est, à chaque fois, plus tendu que l'antépénultième. Le tout s'enchaîne sans temps morts, reste d'une grande cohérence et d'une finesse assez étonnante pour ce genre de projet ( il suffit d'écouter le très bon nous l'avons toujours su pour comprendre ce que je veux entendre par finesse.)
J'émettrais tout de même quelques réserves sur certains morceaux, deux pour être précis : le mélancolique mais un peu lourd à digérer rien à faire dont la rythmique semble sortir tout droit des histoires d'a des Rita et elle dort qui, à mon humble avis, n'avait pas besoin de distordre le rythme (comme pour domaine de l'improbable) pour créer une impression de chaos, le morceau s'en chargeant lui-même sans problème.
Hormis ces semblants de réserves, il faut bien trouver quelque chose à redire, cet album de The One Burned Ma est un numéro d'équilibriste assez extraordinaire : bruitiste, exigeant, aventureux mais aussi relativement abordable. Cela aurait pu être chiant (pensez donc : un album expérimental et instrumental de 70 mns soit l'idée approximative que je peux me faire de la purge), une sorte d'onanisme musical redoutable dans lequel tout aurait été pensé, intellectualisé mais non, ici rien de tout ça. C'est effectivement pensé un minimum (l'équilibre entre le rythme de l'album, l'enchaînement des morceaux) mais tout semble joué également à l'instinct (tiens et si je rajoutais ça là pour voir ce que ça donne, et si je mettais une mélodie sur ce bordel histoire de voir si c'est audible ?) en poussant les instruments dans leurs derniers retranchements. L'image semble facile mais à l'écoute on comprend que tous les instruments utilisés (guitares, pédales, chats, enfant et j'en passe) sont poussés à fond, maltraités pour voir si du chaos peut naître autre chose que du bordel. C'est justement dans cette démarche que réside aussi l'intérêt de froid dans le dos, d'un exercice hautement casse-gueule car facilement inaccessible, The One Burned Ma s'en sort remarquablement, évitant la mise à distance avec l'auditeur et faisant preuve également d'un humour, tordu certes, salutaire (franchement, appeler le morceau le plus bruyant du disque elle dort c'est faire preuve d'un sens de la perversion assez remarquable).
Ajoutez à cela que l'album est disponible en téléchargement sur la plateforme Bandcamp du groupe, qu'il suffit de laisser quelque menu monnaie pour se l'approprier (c'est selon vos moyens) et vous comprendrez le pourquoi du comment de ma note ce jour :vous avez intérêt à ne pas passer à côté de ce disque. Malgré son air mal-aimable, il recèle de nombreuses beautés qui ne demandent qu'à être écoutées.
Album dispo ici .(et laissez lui du pognon, il le mérite)

2 commentaires:

  1. Whaouu... Merci. Je suis d'accord avec tes réserves, notamment sur la redite du procédé. Je l'ai regretté après coup.

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  2. Le tango avarié est un tube en puissance !

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