Le 31 janvier dernier
passait au 6par4, à Laval (capitale de la Mayenne pas Quebec, je
précise), le groupe de nerds no-life anglais, du moins au vue de
leur affiche de promo, Traams.
Fort d'un bon album sorti
l'an dernier, grin, je me suis dit que je devrais peut-être traîner
mes guêtres jusqu'à Laval histoire de voir ce que peuvent donner
ces ados pré-pubères sur scène. D'autant plus qu'il s'agit là
d'une des rares dates du groupe en France et, cerise sur le gâteau,
le concert est gratuit.
Passée une première partie
plutôt courte et agréable - non pas agréable parce que courte, je
vous vois venir, bande de mécréants - ( les Caennais de Ghost
Friends, pas mal d'énergie et de bonnes influences- Nirvana et
Codeine viennent immédiatement en tête-.), Traams arrive devant un
parterre d'à peine quatre-vingt personnes. De quoi se dire que la
gratuité d'un concert n'empêche pas le Lavallois d'être une
feignasse de la pire espèce préférant se fader les émissions
d'Arthur que de se déshydrater en se ruinant les tympans pendant une
heure. Excuse d'autant plus débile qu'il suffisait de sortir dehors
une dizaine de secondes pour être aussitôt réhydraté. Mais bon...
Le trio commence son concert
et là, d'un coup, vous ne comprenez plus grand chose à ce qui vous
arrive. Vous étiez venus voir une bande de nerds pour limite se
foutre de leur gueule et vous vous retrouvez face à un mur du son,
littéralement scotché sur place. Surtout qu'avant de commencer,
quand le groupe arrive et empoigne ses instruments, un détail vous
saute à la gueule : c'est quoi cette guitare qu'il a le chanteur ???
un modèle spécialement créé pour passe-partout ? Seulement, passé
l'intro, vous faites moins le malin. Parce que le trio déploie une
énergie terrible, un son énorme et qu'il assure à tous les
niveaux. Stu Hopkins chante/hurle en maltraitant sa guitare de poche,
Leigh Padley, le bassiste, grande asperge dégingandée, fait preuve
d'un flegme typiquement britannique et Adam Stock tape sur ses fûts
avec la régularité d'un métronome. Normal qu'ils assurent me
direz-vous. Certes, mais sur scène grin prend une toute autre
dimension : ce qu'on entrevoit sur certains titres, un côté parfois
noise-rock à la Sonic Youth, est ici exacerbé. L'aspect polissé et
relativement propre sur lui de grin est totalement évacué au
profit d'une musique rêche et hypnotique. Prenez head roll sur
l'album, on y entend quoi ? Un groupe qui ne s'est jamais remis de la
création de New Order. En concert l'influence de Hook est toujours
présente mais vient se greffer dessus l'âpreté de Sonic Youth et
surtout la folie d'un Jaki Liebezeit (je reste persuadé qu'Adam
Stock devait faire métronome dans une vie antérieure). Grâce à
Stock, head roll s'étire, s'allonge considérablement et permet à
Stu d'expérimenter et de faire preuve d'une grande maîtrise du
boucan. Boucan voir bordel qu'il maîtrise encore mieux sur un klaus
final d'anthologie qui se révèle être en concert une sorte de
montée wagnérienne d'un quart d'heure, sauvage, hypnotique et
laissant le pauvre hère que je suis exsangue, bouche bée. Entre
deux, le groupe ne fait signe d'aucunes faiblesses, aucun temps mort
(hormis les accordages de guitare ou de basse), aligne les tubes
(swimming pool, flowers, le très Pavementien fibbist ) les ko (head
roll, klaus et le rappel, que je ne connaissais pas, sorte de Joy
Division noisy probablement issu de leur premier EP) et emporte
l'adhésion du public haut la main en une heure qui aura passé comme
un souffle.
Bref, ce fut un grand concert, impressionnant, et, ce qui ne
gâche rien, avec un chanteur très sympa et accessible (à peine le concert
terminé le voilà direct au stand pour vendre ses disques, tailler le bout de gras et serrer
des paluches aux fans transis).
En somme, comme disait le dicton populaire dans son infinie sagesse: j'en ai eu pour mon pognon.
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